Interview par un journaliste des Inrockuptibles (novembre 2014)

De wiki.gentilsvirus.org
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Chouard incorruptibles.jpg

Sommaire

1 Origine

1.1 Messages du journaliste

1.1.1 Messages Twitter

  • Journaliste 1.jpg
  • Journaliste 2.jpg
  • Journaliste 3.jpg

1.1.2 Mail

Mathieu Dejean (journaliste inrockuptible) :

Bonjour,
Suite à notre conversation sur Twitter[1], voici les quelques questions que j'aimerais vous poser, pour l'article que j'écris pour le site internet des Inrocks, sur les "gentils virus" (ceux qui s'identifient à cette appellation, et ceux qui sont désignés comme tels par leurs contradicteurs).
Mon délai pour rendre mon article est malheureusement assez court. Si vous pouviez me répondre aujourd'hui [= mercredi 19 novembre 2014] ce serait parfait, sinon demain.
D'avance, merci.
Très cordialement,
Mathieu Dejean

1.2 Les questions posées

  1. Qui sont les "Gentils virus", et quel rapport entretenez-vous avec Étienne Chouard ?
  2. D'où vient le terme même de "gentil virus" ?
  3. Sur votre logo, on voit que vous renvoyez au site "le-message.org". Comment est né ce site internet ?
  4. Les interventions d'Etienne Chouard sont souvent relayées par Egalité & Réconciliation, et par des militants de cette organisation. Sont-ils eux aussi des gentils virus ?
  5. En ne militant que pour une idée, la "cause des causes", celle du TAS, qui engage assez peu sur le fond (on peut soutenir le TAS en venant de milieux idéologiques très différents) ne craignez vous pas que les GV forment un ensemble idéologiquement hétéroclite ?

1.3 Discussions

Publication FB sur la page principale des GVs - Annonce de l'interview
Autre publication FB sur la page principale des GVs - Annonce de l'interview
Publication FB sur la page principale des GVs - Annonce de travail de synthèse
Publication FB sur la page principale des GVs - liste des propositions de réponses

2 Travail collaboratif

2.1 Discussion concernant ce travail

Contenu du pad principal de rédaction collaborative de l'interview des Gentils Virus pour les Inrockuptibles
dont voici le sommaire :
   1 Concernant le journaliste
   2 LIENS DES PADS PAR QUESTION (EN VRAC)
   3 LIENS DES PADS DE SYNTHESES
   4 AUTRE MÉTHODE : TRAVAIL SUR DES PROPOSITIONS COMPLÈTES
   5 PRÉPARATION DU VOTE
       5.1 Méthode 1 : vote sur les propositions globales(Méthode finalement retenue)
       5.2 Méthode 2 : vote question par question
       5.3 Discussion sur la méthode et discussion sur l'organisation
   6 Des réponses en vrac
       6.1 Questionnements divers sur le contenu des réponses
       6.2 Questionnement concernant la méthode à prendre pour éviter le chaos des réponses
       6.3 Discussions relatives au but, l'intérêt, l'utilité de cet interview et des motivations du journaliste
       6.4 Vote concernant le fait de répondre ou pas aux questions
       6.5 Questionnement relatif à l'écriture d'un contre article

2.2 Premier jet : travail par question

2.3 Les propositions mises en votation

Proposition 1 - interview des Gentils Virus pour les Inrockuptibles
Proposition 2 - interview des Gentils Virus pour les Inrockuptibles
Proposition 3 - interview des Gentils Virus pour les Inrockuptibles
Proposition 4 - interview des Gentils Virus pour les Inrockuptibles
Proposition 5 - interview des Gentils Virus pour les Inrockuptibles
Proposition 6 - interview des Gentils Virus pour les Inrockuptibles
Proposition 7 - interview des Gentils Virus pour les Inrockuptibles

3 Votation

Publication de votation FB de la page du groupe principal des GVs
Publication concernant le résultat de la votation FB de la page du groupe principal des GVs

4 Texte retenu et transmis au journaliste

Remarque préalable : dans cette interview, « nous » ne désigne jamais que les rédacteurs qui étaient disponibles pour répondre aux questions dans le temps imparti. Nous ne prétendons pas être les porte-paroles des Gentils Virus. C'est d'ailleurs probablement un point commun aux Gentils Virus que de ne pas vouloir déposséder autrui de sa parole en prétendant la « porter » pour le « représenter ».

1/ Qui sont les "Gentils Virus", et quel rapport entretenez-vous avec Étienne Chouard ?

Les Gentils Virus sont un collectif de personnes en accord avec l'idée que notre système politique actuel n'est pas une démocratie, que de nombreux problèmes de notre société sont la conséquence de l'impuissance politique des citoyens et que ce n'est donc pas aux élus d'écrire la Constitution, mais aux citoyens. Une large diversité de points de vue s'exprime au sein du mouvement, comme par exemple sur les modalités de composition de l'assemblée constituante, que beaucoup souhaitent tirer au sort, ou sur les moyens de parvenir à sa convocation. Les Gentils Virus agissent aussi localement (associations, éducation populaire, conseils municipaux), et sont présents non seulement dans chaque région de France, mais aussi en Belgique, en Suisse, au Maghreb, et jusqu'au Québec !
Plusieurs auteurs traitant de la démocratie accompagnent les réflexions des Gentils Virus : Étienne Chouard bien sûr, mais aussi Francis Dupuis-Déri, Yves Sintomer, David Van Reybrouck, etc.

Concernant Étienne, il intervient peu dans les groupes des GV et n'a pas un rôle prédominant. Il reste une référence mais notre réflexion va au-delà de la conviction d'une seule personne. Comme n'importe qui d'autre, ses prises de position peuvent être débattues.

2/ D'où vient le terme même de "Gentil Virus" ?

L'expression a d'abord été formulée en 2011 par Étienne Chouard. Elle exprime la nécessité de rendre contagieuse l'idée qu'une assemblée constituante doit être tirée au sort parmi la population. L'adjectif « gentil » vise simplement à écarter la connotation péjorative du seul terme « virus ». Le choix du nom a été approuvé par un vote.

3/ Sur votre logo, on voit que vous renvoyez au site "le-message.org". Comment est né ce site internet ?

Ce site, antérieur aux GV, a été créé par un internaute en novembre 2011. L'auteur a synthétisé et structuré le travail d'Étienne. Le logo auquel vous faites référence date de mai 2012, date de création du groupe. Depuis, les GV ont participé à d'autres créations de sites web : gentilsvirus.org, wiki.gentilsvirus.org, lavraiedemocratie.fr, article3.fr, ggouv.fr, lescitoyensconstituants.com, etc.

4/ Les interventions d'Étienne Chouard sont souvent relayées par Égalité & Réconciliation, et par des militants de cette organisation. Sont-ils eux aussi des Gentils Virus ?

Posez-leur la question. Les Gentils Virus n'interdisent à personne de diffuser leur message, ils n'ont pas la responsabilité du contenu politique que d'autres publient sur leur site. En tous cas, à notre connaissance, Égalité & Réconciliation n'évoque pas les GV.

5/ En ne militant que pour une idée, la "cause des causes", celle du TAS, qui engage assez peu sur le fond (on peut soutenir le TAS en venant de milieux idéologiques très différents) ne craignez-vous pas que les GV forment un ensemble idéologiquement hétéroclite ?

Bien au contraire ! Nous ne craignons ni de débattre, ni d'être en désaccord. Le mouvement est d'ailleurs composé de personnes aux opinions très diverses, à l'image du peuple, et c'est justement là sa force et sa légitimité. C'est un véritable laboratoire populaire d'expériences démocratiques.
La "cause des causes" d'un grand nombre de nos problèmes est, pour les GV, le renoncement des citoyens à écrire leur Constitution, leur contrat social. C'est dans la Constitution que sont définies les règles du pouvoir, et ce sont ceux qui sont au pouvoir qui, en définitive, les écrivent. C'est un conflit d'intérêt flagrant.
Le tirage au sort (TAS) est un outil pertinent lorsqu' il est associé à de nombreux contrôles dans certains contextes. Le TAS a pour objectif d'éviter les conflits d'intérêts. Il permet de faire émerger l'intérêt général, mais on peut également évoquer l'existence d'autres moyens comme la tenue d'assemblées populaires, ou encore l'écriture collaborative via des plateformes en ligne, ce que nous faisons actuellement, où des dizaines de personnes différentes ont contribué à l'écriture de cette interview.

5 Références

  1. https://twitter.com/Mathieu2jean/status/534989977772630016

6 CONTENU COMPLET DE L'ARTICLE PARU

Origine : Comment les “Gentils virus” d’Etienne Chouard contaminent le web - Les Inrocks

Article relayé par Arrêt sur images

6.1 Quelques informations à connaître concernant le magazine Les Inrockuptibles

  • Extraits
"Matthieu Pigasse est propriétaire et président du magazine Les Inrockuptibles, et actionnaire du journal Le Monde et du Huffington Post."

"Il est le fils de Jean-Daniel Pigasse, qui a été journaliste à La Manche libre. Son oncle, Jean-Paul Pigasse a été directeur de la rédaction de L'Express1. Son frère, Nicolas Pigasse, est cofondateur du magazine Public et sa sœur, Virginie Pigasse, a travaillé au magazine Globe1."

Source :Wikipedia - Matthieu Pigasse

7 RÉACTION d'Etienne Chouard

Origine : Mur FB d'Etienne Chouard
Encore une calomnie dans un "grand journal"... (Décidément, c'est toutes les semaines en ce moment.)

Là, ce sont les Inrocks qui viennent de m'accuser — mais c'est une calomnie — d'avoir liké un groupe d'affreux... Je n'ai rien liké du tout, on m'a inscrit à ce truc sans me le demander, comme ça m'arrive tout le temps. Il faut savoir que je suis, depuis des années, inscrit d'office (sans l'avoir demandé) à des tas de groupes Facebook (des dizaines et des dizaines)... J'ai renoncé à me désinscrire de tous car c'est littéralement sans arrêt, et puis il y a des militants que j'aime bien qui trouvent des forces à me voir affiché avec eux, alors bon, je ne m'occupe plus trop de ces "groupes" qui n'en sont pas vraiment puisqu'on ne peut pas empêcher l'inscription d'autorité.

Alors là, j'ai découvert que j'appartenais à ce groupe craignos en lisant l'article des Inrocks => je suis donc allé voir "mes groupes" : je suis encore dans 89 groupes (!) (pourtant, j'ai fui des dizaines et des dizaines de fois depuis mon inscription sur FB) et effectivement je suis dans ce groupe (très laid, et avec qui, évidemment, je n'ai rien de commun)... Alors je me suis désinscrit aussitôt, évidemment, une fois de plus. Mais tirer de ces inscriptions arbitraires (sans mon accord et fréquentes comme du spam) la marque — voire la preuve (!) — d'une dérive idéologique malsaine (...), c'est soit débile, soit malveillant.

Un journaliste qui chercherait le vrai devrait s'imaginer qu'un homme seul comme moi à (peut-être un peu) du mal à suivre comme il le faudrait cette activité de fou que je vis depuis des années, et quand quelque chose cloche, il pourrait comparer ce que je dis (sans varier : ultra-démocratique) à ce qu'il a peur que je pense (ultra-anti-démocratique)...

Me reprocher publiquement et centralement un contre-sens aussi total, sur un fait aussi peu significatif (on peut être inscrit à un groupe sans l'avoir voulu, et quand on reçoit comme moi plus de 800 notifications par jour (!) — plus de 5000 par semaine... — , on peut facilement rater celle qui annonce une inscription indésirable, et puis voilà, ensuite la vie de fou continue), me faire un tel reproche (sans même essayer de me parler pour vérifier, d'ailleurs), c'est vraiment moche.

Et, bien sûr, comme dans l'Express, je ne peux pas répondre moi-même (en commentaire sur le site) aux calomnies du journal. C'est vraiment des mœurs lamentables, quand même...

Mais bon, tout se passe comme prévu : pour discréditer la critique antiparlementaire des libertaires (et des démocrates, c'est quasiment pareil), les parlementaires (et leurs sponsors) entretiendront et développeront une CONFUSION avec la critique parlementaire des autoritaires, même si leurs projets sont antinomiques pour la société. C'est bien ce qui se passe.

Évidemment, la critique antiparlementaire de droite se nourrit des arguments de la critique antiparlementaire de gauche (puisque les faits qui servent aux uns peuvent mécaniquement servir aux autres dans leurs démonstrations), ET INVERSEMENT. Ce n'est pas étonnant de voir les deux groupes (aux projets sociaux pourtant diamétralement opposés) recycler les faits et arguments découverts par les autres : ils ont le même adversaire, ils ont donc des tas d'arguments en commun, vraiment en commun.

Mais réduire les deux critiques au même projet politique, comme si elles étaient également dangereuses, c'est juste malhonnête.

Étienne

[Edit]

PS : je vois qu'il y en a parmi vous qui arrivent à répondre à l'article des Inrocks ; je ne sais pas comment ils font. Je leur demande à tous, s'il le veulent bien, de rester GENTILS et CALMES. C'est important. Un excès n'en justifie pas un autre.

Si vous pouviez aussi copier/coller (une seule fois) ma réponse ci-dessus, ça me rendrait service. Je ne sais pas s'ils censureront tout ce qui les gêne, comme sur le site de L'Express, mais on peut essayer.

8 RÉPONSE argumentée  :"Le pouvoir au peuple"

9 ARTICLE de réponse de AGENCE INFO LIBRE

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10 ARTICLE de réponse argumentée du CERCLE DES VOLONTAIRES

Header-volontaire.png

11 ARTICLE de réponse d'un militant du Parti de gauche

12 ARTICLES de réponse de Judith Bernard

13 ARTICLE de réponse de Annie Lasorne

14 BRÈVE d'Arrêt sur images relayant l'article des Inrocks

Chouard : les "gentils virus" sont-ils si gentils ? (Les Inrocks) (24/11/2014)

15 ARTICLE de réponse et de soutien de Serge Uleski

16 RÉPONSE D'ETIENNE CHOUARD

  • Origines :
Publication FB sur le mur d'Etienne Chouard
"Pour que les choses soient claires" - Blog du Plan C

POUR QUE LES CHOSES SOIENT CLAIRES
Posté le 28 novembre 2014

De grands médias et des politiciens de métier sont en train d’essayer de faire de moi un « Soralien », ce qui leur permettrait de discréditer d’un coup, sans argument de fond, la proposition ultra-démocratique de processus constituant populaire que je défends depuis dix ans.

Quels sont les faits ?

Depuis la bagarre de 2005 contre l’anticonstitution européenne, je travaille jour et nuit pour donner de la force à une idée originale d’émancipation du peuple par lui-même et pas par une élite : je soutiens l’idée que nous n’avons pas de constitution digne de ce nom et que, si nous voulons nous réapproprier une puissance politique populaire et nous débarrasser du capitalisme, nous devrons apprendre à écrire nous-mêmes notre Constitution, notre contrat social, en organisant nous-mêmes un peu partout des ateliers constituants populaires. Selon moi, ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir, ce n’est pas aux professionnels de la politique d’écrire ou de modifier la Constitution, qu’ils doivent craindre et pas maîtriser.

Depuis dix ans, donc, je lis beaucoup, dans toutes les directions, tout ce qui touche aux pouvoirs, aux abus de pouvoir et aux institutions : histoire, droit, économie, philosophie politique, sociologie, anthropologie, de la bible à nos jours, tout m’intéresse, pourvu que ça me donne des idées et des forces pour organiser la résistance des êtres humains à tous les systèmes de domination. J’essaie de comprendre comment on en est arrivé au monde injuste et violent qui est le nôtre, et comment on pourrait (réellement) améliorer la vie sur terre. Chaque fois que je déniche un livre, une thèse, une idée, un fait, une preuve, un intellectuel, un texte, une vidéo, ou tout document qui me semble utile pour comprendre les abus de pouvoir et y résister, je le signale sur mon site et on en parle ensemble. Depuis dix ans, ce sont ainsi des dizaines de milliers de liens que j’ai exposés à l’intérêt et à la critique de mes lecteurs.

Sur le plan de la méthode, même si je me sens (de plus en plus) sûr de moi quant à ma thèse radicalement démocratique, je suis pourtant toujours à l’affût des arguments de TOUS ceux qui ne pensent PAS comme moi ; c’est comme une hygiène de pensée, je cherche les pensées contraires aux miennes, autant pour les comprendre vraiment (ce qui facilite ensuite les échanges constructifs avec des adversaires que je considère, malgré notre opposition, comme des êtres humains, donc ipso facto légitimes pour défendre leur point de vue, quel qu’il soit), que pour détecter mes éventuelles propres erreurs. Comme tout le monde, je ne progresse que dans la controverse.

Un jour, il y a trois ans je pense, je suis tombé sur une vidéo de Soral, que je ne connaissais pas, qui m’a intéressé : il y dénonçait le colonialisme raciste du gouvernement israélien et le sionisme comme idéologie de conquête, aux États-Unis mais aussi en France (en s’appuyant sur les livres — bouleversants — d’Israël Shahak, de Shlomo Sand, de Gilad Atzmon et d’autres que nous devrions tous lire, je pense). Pour moi qui travaille sur les abus de pouvoir, il est naturel d’être intéressé par toute étude d’un projet de domination, quel qu’il soit. En regardant un peu son site, j’ai vu qu’il étudiait, condamnait et résistait (comme moi), entre autres, à l’Union européenne, au capitalisme, à l’impérialisme, au colonialisme, au racisme, aux communautarismes, aux multinationales, aux complexes militaro-industriels et aux grandes banques d’affaires, à la prise de contrôle des grands médias par les banques et par les marchands d’armes, au libre-échange et au sabotage monétaire, aux innombrables et scandaleuses trahisons des élites, à toutes les guerres, à toutes les réductions des libertés publiques justifiées par la « lutte contre le terrorisme », etc. Bref, tous ces fronts de résistance étant, à mon avis, des fronts de gauche, et même de gauche radicale et vraie, j’ai ajouté naturellement un lien sur ma page d’accueil vers le site de Soral. Un lien, parmi des milliers — je ne savais pas encore que cela allait faire de moi, en quelques années, un homme à abattre.

Je n’ai pas fait l’exégèse de l’auteur et du site signalés : j’ai juste cité le lien déniché, comptant comme d’habitude sur l’intelligence des gens — que je considère comme des adultes — pour distinguer ce qui y est pertinent de ce qui ne l’est pas, ce qui est bon de ce qui est mauvais. Et puis, je suis passé à autre chose, évidemment ; ma vie est une course permanente d’une idée à l’autre.

À partir de ce moment, j’ai reçu des accusations violentes et des injonctions — souvent anonymes — à retirer ce lien, jugé diabolique. Or, j’ai horreur qu’on m’impose ce que je dois penser ou dire ; je veux bien changer d’avis (j’aime découvrir que je me trompe et progresser en changeant d’opinion), mais il ne suffit pas d’affirmer que je me trompe, même en criant que je suis un fasciste (sic), il faut me le prouver. Et si on veut me forcer à retirer un lien, il y a toutes les chances pour que je m’obstine (bêtement, je sais).

Autre fait qui m’est reproché : depuis 2011, les militants d’E&R relaient souvent mes textes et vidéos sur leur site (documents qui ne parlent que de démocratie, de constitution d’origine populaire, et de gestion commune du bien commun), signe d’intérêt de militants « de droite » pour la vraie démocratie que — en toute logique — je ne prends pas comme une preuve évidente de « fascisme »… Lorsque je constate qu’un parti ou un journal ou une radio ou un site quel qu’il soit relaie ma prose radicale d’émancipation par l’auto-institution de la société, je ne peux y voir que des raisons d’être satisfait : mon message est universel, il n’est pas réservé à une famille politique ; plus on sèmera des graines de démocratie auto-instituée, un peu partout, sans exclusive aucune, mieux ce sera.

Justement, j’ai observé une évolution qui me semble importante : les jeunes gens qui suivent et soutiennent Soral, et qui étaient assez radicalement antidémocrates quand ils m’ont connu, étaient en fait « anti-fausse-démocratie », mais ils ne le savaient pas encore : ils pensaient (comme tout le monde) que l’alternative politique était 1) capitalisme-libéralisme-« démocratie » (complètement pourri, mafieux, esclavagiste, des millions de morts, à vomir) ou 2) communisme-socialisme-« démocratie populaire » (complètement pourri, un capitalisme d’État, avec police de la pensée, des camps de travail en Sibérie, des millions de morts, à vomir) ou 3) fascisme-« non-démocratie » (violent aussi, mais sans corruption — choix terrifiant, selon moi, évidemment)… Et puis, voilà qu’ils découvrent, en lisant les livres que je signale (Manin, Hansen, Rousseau, Sintomer, Castoriadis, Guillemin…) un régime alternatif, une quatrième voie, une organisation politique dont personne ne nous a jamais parlé sérieusement à l’école ou dans les journaux : la vraie démocratie, sans guillemets, avec une vraie constitution et des vrais contrôles, que nous écririons nous-mêmes, directement parce que entraînés, pour être sûrs de ne pas nous faire tromper à nouveau… Eh bien, je suis sûr (je l’ai ressenti souvent, nettement) que nombre de ces jeunes militants (de droite dure au début par dépit de la corruption généralisée et faute d’alternative autre — processus identique à la naissance du nazisme en Allemagne) sont en train de devenir (ou sont déjà devenus) des démocrates réels. Non pas par magie, mais parce que cette alternative démocratique réelle est à la fois crédible et prometteuse, elle fait vibrer tous les hommes de bonne volonté. Alors, je maintiens qu’il est pertinent et nécessaire de parler avec enthousiasme de vraie démocratie à absolument tout le monde, en étant convaincu qu’un être humain, ça peut changer d’avis 1) si on le respecte en tant qu’être humain, et 2) si ce qu’on lui propose est émancipant, libérateur, puissant, prometteur.

Et puis, quand on me reproche les médias — soi-disant parfois peu fréquentables— par lesquels sont relayées mes graines de démocratie réelle, je réponds que je ne m’identifie pas au média qui me tend son micro, que je reste moi-même quelle que soit la personne à qui je parle, et surtout que je n’ai guère le choix puisqu’AUCUN grand journal ni aucune grande radio de gauche (que j’aime quand même, hein) — ni Là-bas-si-j’y-suis, ni le Diplo, ni Politis, ni Terre-à-terre, dont je parle pourtant souvent, moi, depuis 2005 —, aucun de ces médias n’a jamais relayé / signalé / commenté mon travail, depuis DIX ans (!)… Comme si la démocratie vraie ne les intéressait pas du tout, ou comme si elle leur faisait peur. Il n’y a QUE les militants de base qui m’invitent à venir débattre sur ces questions : l’idée d’un processus constituant qui deviendrait populaire et d’une procédure authentiquement démocratique comme le tirage au sort, ça n’intéresse pas du tout les chefs, même ceux des médias de gauche…

Parmi les faits qui me sont reprochés, il y a aussi une conférence avec Marion Sigaut (que j’ai trouvée bien intéressante, d’ailleurs), sur la réalité du mouvement des « Lumières ». On s’empaille souvent, Marion et moi : on n’est pas d’accord du tout sur Rousseau, sur Robespierre, sur la Vendée, et sur quelques points historiques importants, mais on arrive bien à se parler, tous les deux, malgré nos désaccords, en essayant de comprendre l’autre, d’apprendre l’un de l’autre, en se respectant, ce qui s’appelle une controverse, processus qui est à la base du progrès de la connaissance. Cet échange intellectuel avec Marion, m’a fait découvrir des faits et documents particulièrement importants sur l’Ancien régime — par exemple, le livre passionnant « Le pain, le peuple et le roi » de Steven Kaplan —, et les intrigues fondatrices des « Philosophes » des « Lumières » (riches et marchandes, tiens tiens), pour faire advenir le « libéralisme », c’est-à-dire la tyrannie-des-marchands-libérés-devenus-législateurs qu’on appelle aujourd’hui le capitalisme.

Pour revenir à Soral, j’ai rapidement compris qu’il n’est pas du tout un démocrate, évidemment : il est autoritaire et il défend une idéologie autoritaire, au strict opposé de ce que je défends moi. Je ne veux pas plus de sa « dictature éclairée » que de n’importe quelle dictature, évidemment.

Mais malgré cela, une partie de son analyse du monde actuel (et non pas ses projets de société) me semble utile, objectivement, pour mon projet à moi, de compréhension des abus de pouvoir et de constituante populaire. Donc, pour ma part, je ne monte pas en épingle ce qui me déplaît chez Soral, je prends ce qui m’intéresse (les infos sur les fronts de gauche et sur la résistance au sionisme) et je laisse le reste, comme l’adulte libre de penser et de parler que je suis.

On reproche à Soral un antisémitisme intense et assumé. Pourtant, quand on lui demande « êtes-vous antisémite ? », Soral répond « NON, dans le vrai sens du mot c’est-à-dire raciste ». Et il souligne aussitôt que le mot « antisémite », avec des guillemets, a progressivement changé de sens pour servir aujourd’hui de bouclier anti-critiques (ce que Mélenchon dénonce lui aussi, amèrement, avec raison et courage, je trouve, en appelant cette calomnie systématique « le rayon paralysant du CRIF ») : dans ce nouveau sens, complètement dévoyé, « antisémite » sert à qualifier tous ceux (même ceux qui ne sont ABSOLUMENT PAS racistes) qui critiquent et condamnent la politique — elle, officiellement raciste et criminelle — du gouvernement israélien (critiques d’un racisme qui sont donc un antiracisme). C’est ce nouveau sens seulement que Soral assumait, en martelant, en substance : « j’en ai marre de ce chantage à « l’antisémitisme » et de ces intimidations permanentes de la part d’ultra-racistes qui osent accuser de racisme des résistants à leur racisme ».

Je trouve que ça se défend très bien, si on arrive à tenir le cap de l’humanisme, c’est-à-dire à ne pas devenir soi-même raciste en réaction à un racisme premier : il est essentiel, je pense, de ne pas devenir antisémite en réaction au sionisme : il ne faut surtout pas s’en prendre à tous les juifs au motif que certains sionistes seraient odieux et dangereux.

Or, tout récemment, j’ai découvert dans une publication de Soral des propos terribles et dangereux qui me conduisent à changer d’avis sur la portée du lien que j’ai mis sur mon site.

Dans une vidéo en direct de juin (minute 47:54), Soral dit les mots suivants, que je n’avais jamais entendus de lui avant, et qui me choquent tous profondément :

[Bon, j’ai commencé à transcrire, mais j’ai honte de seulement écrire des trucs pareils… Donc, j’arrête. Je vous laisse lire le lien si ça vous chante.]

Je ne peux évidemment pas valider une parole pareille, froidement raciste, sexiste, autoritaire. Je n’avais jamais vu Soral parler comme ça. C’est un peu comme un désaveu, parce que je l’ai entendu maintes fois jurer qu’il n’était pas antisémite.

Alors, je cède, je reconnais que me suis trompé, en publiant un lien sans mise en garde : il y a un risque d’escalade des racismes. Ce mélange de lutte légitime contre de redoutables projets de domination (résistance qui m’intéresse toujours), avec un sexisme, une homophobie, et maintenant un antisémitisme assumés (qui me hérissent vraiment), ce mélange est toxique. Stop. Et puis, je n’arrive plus à m’occuper de nos ateliers constituants : on nous interpelle sans arrêt sur notre prétendue identification à Soral, et la violence des échanges qui s’en suivent partout me désespère ; j’en ai assez, il faut faire quelque chose pour marquer une différence, une limite : je supprime le lien de mon site vers Soral. Désormais, je ferai moi-même le filtre, en évoquant moi-même les auteurs que je trouve utiles, comme Shlomo Sand, Jacob Cohen, Bernard Lazare, Israël Shahak, Gilad Atzmon, Norman Finkelstein, Gideon Levy, Mearsheimer et Walt, Éric Hazan, etc.

En conclusion, j’insisterai sur l’essentiel : à mon avis, tous ces reproches sont montés en épingle de mauvaise foi par les professionnels de la politique pour entretenir une CONFUSION entre les vrais démocrates et « l’extrême droite » ; confusion qui leur permet de se débarrasser des vrais démocrates à bon compte, sans avoir à argumenter.

Post scriptum: si le système de domination parlementaire arrive finalement à me faire passer pour un diable hirsute, infréquentable et banni, ce n’est pas grave, je ne suis qu’une cellule du corps social et je ne cherche absolument aucun pouvoir personnel (je ne perds donc rien d’essentiel si je suis ostracisé par le système, à part le bonheur de bien servir à quelque chose d’utile, que je ressens en ce moment) : prenez alors le relais vous-mêmes ! Notre cerveau collectif survivra très bien à la disparition d’un neurone, changez de nom, et continuez à défendre vous-mêmes, un peu partout et tout le temps, cette idée importante qui va tout changer, mais seulement si on est très nombreux à s’être bien polarisés sur la même idée, simple et forte : ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir, DONC, il ne faut SURTOUT PAS ÉLIRE l’Assemblée constituante ; si on veut une constitution, il faudra l’écrire nous-mêmes et il faut donc, dès maintenant et tous les jours (!), nous entraîner réellement en organisant et en animant partout des mini-ateliers constituants ultra-contagieux.

« Fais ce que tu dois, et advienne que pourra. »

Étienne Chouard,

28 novembre 2014.

17 DEUXIÈME RÉPONSE D'ETIENNE CHOUARD

  • Origines :
"Pour que les choses soient claires – suite" - Blog du Plan C
Publication FB sur le mur d'Etienne Chouard

18 ARTICLE d'Arrêt sur images

« M6R : Chouard et Soral troublent le mouvement de Mélenchon | "Je reconnais que je me suis trompé" (Chouard) » (29/11/2014)

19 Un peu d'HUMOUR !

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