Liens entre élection et aristocratie

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Le but de cette page est de recenser les documents qui supportent ou non l'idée que l'élection et la représentation sont intrinsèquement aristocratiques.

Sommaire

1 La notion de représentation politique n'est pas aristocratique en elle même

Il n'existe pas de définition univoque de ce qu'est la représentation politique, cependant la plupart des définitions n'incluent pas de notion de "meilleurs" ou d'excellence des élus. Sous cette perspective, le lien entre l'élection de représentants et aristocratie ne semble pas clair:

  • "La représentation désigne étymologiquement l'« Action de replacer devant les yeux de quelqu'un ». La représentation apparaît d'abord comme une présentification : il s'agit de rendre quelque chose d'absent présent." (http://fr.wikipedia.org/wiki/Représentation)
  • "En politique, le principe de représentation est également lié à la notion légale de mandat. Le mandat est un contrat par lequel une personne, le mandant, donne à une autre personne, le mandataire, le pouvoir de faire un ou des actes juridiques en son nom et pour son compte."


  • "Political representation is the activity of making citizens' voices, opinions, and perspectives “present” in the public policy making processes. Political representation occurs when political actors speak, advocate, symbolize, and act on the behalf of others in the political arena." (Dovi, Suzanne, "Political Representation", The Stanford Encyclopedia of Philosophy (Winter 2011 Edition), Edward N. Zalta (ed.), http://plato.stanford.edu/archives/win2011/entries/political-representation/)
  • "La représentation politique est l'activité qui consiste a rendre "présentes" les voix, les opinion et les perspectives des citoyens dans le débat politique. La représentation politique a lieu quand des acteurs politiques parlent, argumentent et agissent au nom d'autres personnes dans l'arène politique." (traduction artisanale)

2 Penseur ou acteurs historiques du gouvernement représentatif

Thomas Jefferson - The Natural Aristocracy

- Il y a une aristocratie naturelle: certains hommes sont plus talentueux ou vertueux que les autres. Cette aristocratie naturelle est en opposition avec les aristocraties dites artificielles basées sur la naissance ou la fortune.

- L'élection permet de sélectionner ces aristocrates naturelles.

"The artificial aristocracy is a mischievous ingredient in government, and provision should be made to prevent its ascendency. I think the best remedy is exactly that provided by all our constitutions, to leave to the citizens the free election and separation of the aristoi from the pseudo-aristoi [pseudoaristocrats], of the wheat from the chaff. In general they will elect the really good and wise. In some instances, wealth may corrupt, and birth blind them, but not in sufficient degree to endanger the society."



De l’esprit des lois - Montesquieu

Montesquieu définit l'aristocratie et la démocratie comme suit (https://fr.wikisource.org/wiki/De_l’esprit_des_lois_(éd._Nourse)/Livre_2):

"LORSQUE, dans la république, le peuple en corps a la souveraine puissance, c’est une démocratie. Lorsque la souveraine puissance est entre les mains d’une partie du peuple, cela s'appelle une aristocratie."

Il ne semble dont pas faire la distinction entre aristocratie et oligarchie; la nature de l'aristocratie est ici caractérisée par le petit nombre plutôt que par la noblesse.


Il n'est donc pas clair que le caractère aristocratique de l'élection soit lié a la compétence plutôt qu'un nombre dans ce fameux passage:

"Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie ; le suffrage par choix est de celle de l’aristocratie."

Dans le livre III Montesquieu discute la vertu nécessaire dans le régime aristocratique ("Il faut donc de la vertu dans ce corps, par la nature de la constitution."):

"Du principe de l’aristocratie. - Comme il faut de la vertu dans le gouvernement populaire, il en faut aussi dans l’aristocratique. Il est vrai qu’elle n’y est pas si absolument requise.
Le peuple qui est, à l’égard des nobles, ce que les sujets sont à l’égard du monarque, est contenu par leurs loix. Il a donc moins besoin de la vertu que le peuple de la démocratie. Mais comment les nobles seront-ils contenus ? Ceux qui doivent faire exécuter les loix contre leurs collègues, sentiront d’abord qu’ils agissent contre eux-mêmes. Il faut donc de la vertu dans ce corps, par la nature de la constitution.
Le gouvernement aristocratique a, par lui-même, une certaine force que la démocratie n’a pas. Les nobles y forment un corps qui, par sa prérogative & pour son intérêt particulier, réprime le peuple : il suffit qu’il y ait des loix, pour qu’à cet égard elles soient exécutées.
Mais, autant, il est aisé à ce corps de réprimer les autres, autant est-il difficile qu’il se réprime lui-même ([8]). Telle est la nature de cette constitution, qu’il semble qu’elle mette les mêmes gens sous la puissance des loix, & qu’elle les en retire.
Or, un corps pareil ne peut se réprimer que de deux manières ; ou par une grande vertu, qui fait que les nobles se trouvent en quelque façon égaux à leur peuple, ce qui peut former une grande république ; ou par une vertu moindre, qui est une certaine modération qui rend les nobles au moins égaux à eux-mêmes ; ce qui fait leur conservation. La modération est donc l’ame de ces gouvernemens. J’entends celle qui est fondée sur la vertu ; non pas celle qui vient d’une lâcheté & d’une paresse de l’ame."


Il faut noter que pour Montesquieu la vertu est moins importante dans un régime aristocratique que dans une démocratie ("Il est vrai qu’elle n’y est pas si absolument requise." ci-dessus):

"Du principe de la démocratie. - IL ne faut pas beaucoup de probité, pour qu’un gouvernement monarchique, ou un gouvernement despotique, se maintiennent ou se soutiennent. La force des loix dans l’un, le bras du prince toujours levé dans l’autre, reglent ou contiennent tout. Mais, dans un état populaire, il faut un ressort de plus, qui est la VERTU."

Diderot et d’Alembert, 1751. - L’Encyclopédie, 1re éd.

Dans l'article "REPRÉSENTANT" :

http://fr.wikisource.org/wiki/L’Encyclopédie/Volume_14#REPR.C3.89SENTANT

"Représentans, (Droit politiq. hist. mod.) Les représentans d’une nation sont des citoyens choisis, qui dans un gouvernement tempéré sont chargés par la société de parler en son nom, de stipuler ses intérêts, d’empêcher qu’on ne l’opprime, de concourir à l’administration."

"Dans un état purement démocratique la nation, à proprement parler, n’est point représentée ; le peuple entier se réserve le droit de faire connoître ses volontés dans les assemblées générales, composées de tous les citoyens ; mais dès que le peuple a choisi des magistrats qu’il a rendus dépositaires de son autorité, ces magistrats deviennent ses représentans ; & suivant le plus ou le moins de pouvoir que le peuple s’est réservé, le gouvernement devient ou une aristocratie, ou demeure une démocratie."

L'aristocratie étant définie comme:

"ARISTOCRATIE, s. f. (Politiq.) sorte de gouvernement politique administré par un petit nombre de gens nobles & sages ; d’ἄρης, Mars, ou puissant, ou d’ἄριστος, très-bon, très-fort, & de κράτος, force, puissance, puissance des grands."

http://fr.wikisource.org/wiki/L’Encyclopédie/1re_édition/Volume_1#ARISTOCRATIE



Jean-Jacques Rousseau - Du contrat social, 1762

Ici Rousseau accrédite l'idée que l'élection est un moyen de garantir l'excellence des magistrats: "élection ; moyen par lequel la probité, les lumieres, l’expérience, & toutes les autres raisons de préférence & d’estime publique, sont autant de nouveaux garants qu’on sera sagement gouverné."


"Les premieres sociétés se gouvernerent aristocratiquement. Les chefs des familles délibéroient entre eux des affaires publiques ; Les jeunes gens cédoient sans peine à l’autorité de l’expérience. Delà les noms de Prêtres, d’anciens, de sénat, de Gérontes.. Les sauvages de l’amérique septentrionale se gouvernent encore ainsi de nos jours, & sont très bien gouvernés.

Mais à mésure que l’inégalité d’institution l’emporta sur l’inégalité naturelle, la richesse ou la puissance[1] fut préférée à l’âge, & l’Aristocratie devint élective. Enfin la puissance transmise avec les biens du pere aux enfans, rendant les familles patriciennes, rendit le Gouvernement héréditaire, & l’on vit des Sénateurs de vingt ans.

Il y a donc trois sortes d’Aristocratie ; naturelle, élective, héréditaire. La premiere ne convient qu’à des peuples simples ; la troisieme est le pire de tous les Gouvernemens. La deuxieme est le meilleur : c’est l’Aristocratie proprement dite.

Outre l’avantage de la distinction des deux pouvoirs, elle a celui du choix de ses membres ; car dans le Gouvernement populaire tous les Citoyens naissent magistrats, mais celui-ci les borne à un petit nombre, & ils ne le deviennent que par élection[2] ; moyen par lequel la probité, les lumieres, l’expérience, & toutes les autres raisons de préférence & d’estime publique, sont autant de nouveaux garants qu’on sera sagement gouverné."

http://fr.wikisource.org/wiki/Du_contrat_social/Édition_1762/Livre_III/Chapitre_5



Condorcet - SUR LA FORME DES ÉLECTIONS.

Ici Condorcet tente de concevoir un système d'élections qui garantisse une certaine compétence des élus que le hasard ne peut garantir, cependant ces compétences peuvent être modestes ("des hommes qui possèdent dans un degré peut-être médiocre, mais suffisant, les qualités nécessaires pour remplir les places qui leur sont confiées.") si bien qu'il est difficile de parler d'aristocratie.


"Importance d'une bonne méthode d'élire.

Il est impossible de réfléchir sur la constitution , sur la législation, sur l'administration des états, sans voir bientôt, que la plupart des difficultés qui s'opposent à l'établissement d'un ordre simple, constant et paisible, ou seraient anéantis, ou du moins cesseraient de mettre au bonheur public des obstacles effrayants, si une bonne méthode d'élire garantissait que les places seraient données en général à des hommes dignes de les remplir.

Si les choix sont faits au hasard, une nation qui n'obéit qu'à des lois formées par des représentants élus par elle, jouit sans doute d'une constitution libre. On a beaucoup fait pour ses droits, et très-peu pour son bonheur.

Réduite à craindre les erreurs, les passions, la corruption de ses propres représentants, elle est forcée de confier à d'autres hommes, choisis également au hasard, les moyens d'empêcher ces représentants d'abuser de leur pouvoir.

Ce n'est point à la raison , à la vertu, à l'identité d'intérêt des citoyens et de leurs délégués, qu'elle peut alors confier son sort; c'est à la balance des passions opposées, des intérêts contraires, des préjugés qui se combattent.

Dans l'administration, dans la législation, il faut encore chercher les moyens d'enchaîner à leur devoir des hommes que le hasard, sous l'apparence d'un choix libre, a revêtus du pouvoir.

Tel est le motif principal qui a fait compliquer les machines politiques,y mêler les droits héréditaires, l'élection, le sort même, former des classes séparées, et chercher dans l'inégalité des droits, un remède contre la tyrannie, ou plutôt s'exposer à gémir sous plusieurs genres d'oppression , pour n'avoir pas tant à en redouter un seul.

II.

Ce qu'on doit entendre par une bonne méthode d'élire.

Pour rendre inutiles toutes ces institutions vicieuses, pour faire en sorte que des précautions indispensables pour la sûreté des droits des citoyens ne s'opposent pas à la perfection de l'ordre social, il n'est pas nécessaire, sans doute, que les places soient toujours confiées aux hommes les plus dignes, il suffit qu'on puisse s'assurer que la pluralité des choix tombera toujours sur des hommes qui possèdent dans un degré peut-être médiocre, mais suffisant, les qualités nécessaires pour remplir les places qui leur sont confiées.

Ainsi, on doit chercher dans une méthode d'élection la probabilité de choisir souvent le plus digne, et l'assurance de ne faire que très-rarement de mauvais choix."

(http://books.google.ch/books?id=5tQYAQAAIAAJ&pg=PA3&lpg=PA3&ots=_xmXgj2qcu&dq=%22Sur+la+forme+des+%C3%A9lections%22+condorcet&output=text)

3 Articles de presse

HENRY Laurent, POUILLE Philippe-Alexandre L'élection organise une aristocratie 10 mars 2008 Libération

http://www.liberation.fr/tribune/010176032-l-election-organise-une-aristocratie

"Aristote lie clairement démocratie et tirage au sort, alors qu'il associe élection et aristocratie. On retrouve ces associations chez Montesquieu et Rousseau, entre autres, deux mille ans plus tard. A la fin du XVIIIe siècle, certains acteurs des révolutions française et américaine bâtissent un régime de gouvernement original, qu'ils appelleront gouvernement représentatif. L'élection est choisie pour désigner des représentants et, pour les forcer à ne pas trop s'écarter de la volonté des électeurs, elle doit avoir lieu régulièrement. L'élection s'impose au moins pour deux raisons : elle traduit un principe influent du droit romain («ce qui touche tout le monde doit être considéré et approuvé par tous») ; elle permet de sélectionner une aristocratie, ce qui est l'objectif visé. Le peuple est déclaré souverain, bien qu'il ne participe pas au gouvernement. Le gouvernement représentatif est une aristocratie."

4 Dans le discours politique contemporain

Les candidats aux élections sont souvent présentés comme étant "les meilleurs" ou les plus compétents, le talent ou la vertu mise en avant est souvent purement électorale ("le meilleur pour gagner les élections"):

  • "[Sarkozy]est le meilleur candidat possible. Il n'y a pas l'ombre d'un doute. C'est lui qui rassemble le plus largement possible la majorité. Et il pourra faire campagne sur la crédibilité. "

(François FILLON, Le Figaro , 04/03/2011) http://www.lefigaro.fr/politique/2011/03/04/01002-20110304ARTFIG00599-fillon-sarkozy-seul-et-meilleur-candidat-pour-2012.php

  • "Aujourd'hui, je considère en conscience que le meilleur pour nous faire gagner en 2017, c'est François Fillon. Il est le plus à même à la fois de nous rassembler sur de nouvelles idées, un nouveau mode de fonctionnement, et d'assurer l'unité de l'UMP entre libéraux, centristes, gaullistes et Droite populaire. C'est un choix militant, un choix politique que j'ai mûri ces derniers mois, et que chacun d'entre nous devra faire."

(Valérie PÉCRESSE, Le Figaro, 21/06/2012) http://elections.lefigaro.fr/presidentielle-2012/2012/06/20/01039-20120620ARTFIG00781-le-meilleur-pour-nous-faire-gagner-en-2017-c-est-fillon.php

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