Réflexion relative au livre : "La société des affects" de Frédéric Lordon : Différence entre versions

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Version du 20 novembre 2015 à 08:29

Sommaire


Férédric Lordon, dans son livre La société des affects - pour un structuralisme des passions (résumé du livre en suivant le lien) propose que la science sociale emprunte à la philosophie spinoziste un de ses concepts les plus puissants, le conatus
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"Chaque chose, autant qu’il est en elle, s’efforce de persévérer dans son être". Spinoza, Ethique, III, 6
et l'utilise comme postulat d'une théorie sociale de l'action.

Dans le livre j'ai pu relever certaines affirmations :
  • Le droit naturel n'est autre que l'expression brute du conatus. "Le droit naturel de chaque individu s'étend aussi loin que s'étend sa puissance" (TP, II, 4). Ce droit naturel est le dual même du conatus. Le conatus à l'état brut est un "vouloir pour soi" sans aucun principe de refrènement ni de modération à priori, le droit naturel n'est alors que la capacité effective de satisfaire ses revendications dans un milieu où d'autres peuvent les lui contester. Le conatus comme élan de puissance contient dans le répertoire de ses gestes les plus bruts celui de " prise pour soi", de la capture, de l'appropriation, voire de l'absorption. Le capital de violence portée par les pronations anarchiques désigne l'un des problèmes vitaux du groupe menacé par les divergences des luttes de captation. les constructions civilisationnelles opposées aux tendances spontanément pronatrices des conatus sont des constructions institutionnelles.
  • "C'est la continuation de l’état de nature." (TP, lettres) "La politique, c'est la guerre poursuivie par d'autres moyens."
  • Le monde social n'est que jeu de force. Penser, parler, c'est poser et affirmer, adhérer à ses positions et propulser des adhoesiones ( idées-affects dotées d'une force mobilisatrice). La conversation du monde social est la gigantesque confrontation de ces affirmations.

Spinoza (1632-1677), philosophe du VII° siècle, lui-même affecté par le monde social de son époque, est un contemporain de Hobbes (1588-1679). Tous deux fondent leurs propositions sur le conatus, le concept de la conservation de soi qui s'exprime par l'effort constant de tout homme pour persévérer indéfiniment dans son être, un droit naturel fondé sur le déploiement sans limite de la puissance de chaque individu dans le fameux « état de nature ». Le conatus est l'expression de la puissance d'une chose, ou d'un individu, en tant que celui-ci est conçu comme étant un mode fini, c'est-à-dire une partie de la Nature naturée. L'histoire ou plutôt la civilisation ne peut donc démarrer qu'à condition que cesse la lutte anarchique des conatus ; et la justice qu'à condition que s'épuise la force - la raison du plus fort. Nous avons donc d'un côté la violence, la passion, la nuit, et la sauvagerie ; de l'autre, la raison, la justice, l'ordre et la lumière et la nécessité pour l'homme de passer de l'un à l'autre.

Je tiens aussi à rappeler ce qu'exprime Spinoza dans lettre I. à Jelles, Traité politique, Lettres :
"Vous me demandez qu'elle différence il y a entre Hobbes et moi quant à la politique : cette différence consiste en ce que je maintiens toujours le droit naturel et que je n'accorde dans une cité quelconque de droit au souverain sur les sujets que dans la mesure où, par la puissance, il l'emporte sur eux."
Frédéric Lordon précise ensuite (Troisième partie - Institutions - La légitimité n'existe pas - Jusqu'où va le pouvoir de l'institution de faire vivre ses sujets sous ses rapports ?) : Là où Hobbes pense la constitution de l'Etat sur le mode d'un abandon irréversible au souverain des droits naturels des sujets; Spinoza considère qu'en entrant dans les rapports institutionnels les hommes renoncent certes au plein exercice de leur droit naturel, mais ne s'en dessaisissent point.

Aujourd’hui, suite aux divers progrès de la recherche et des connaissances il semble peut-être possible de moduler ces affirmations et affiner le regard que nous portons sur l'"état de nature" de l'Homme base du concept principal émis par Spinoza et ce qu'il définit comme contenu à ce qu'il nomme la "Nature naturée" et qui est pour lui constituée de l'infinité des modes (modifications de la substance) produits nécessairement par Dieu en lui-même (Éthique I, scolie Prop. 29).

Pour cela je vais me référencer au livre de Marylène Patou-Mathis, docteur en préhistoire, directrice de recherche au CNRS et vice-présidente du conseil scientifique du Muséum national d'histoire naturelle - "Préhistoire de la violence et de la guerre" - Editions Odile Jacob - 2013 - qui s'appuie sur les recherches scientifiques et donne notamment à la querelle qui opposait Rousseau (le « bon sauvage ») à Hobbes (« l’homme est un loup pour l’homme ») une actualité toute nouvelle ; et dont certains passages ouvrent de nouveaux aspects concernant le contenu possible de ce qui peut constituer la "Nature naturée" - pour reprendre le terme de Spinoza - de l'Homme.
(Discussion sur la guerre : https://www.facebook.com/events/626719974042052/permalink/646671655380217/)

Chapitre 4 - Préhistoire de la violence et de la guerre - L'homme est-il un loup pour l'homme ? , extraits :

  • Selon Hobbes, les Hommes à l'"état de nature", c'est à dire en l'absence de pouvoir politique sont rivaux, parce que égaux : " Dans un instinct de conservation, chacun désire légitimement ce qui est bon pour lui et chacun est seul juge des moyens nécessaires pour y parvenir, bien souvent en entrant en conflit avec l'autre. C'est l'angoisse de la mort violente qui est responsable de l'état de guerre et fait peser sur la vie de tous une menace permanente. cet état, fondamentalement mauvais, ne permet pas la prospérité, le commerce, la science, les arts, la société." - Hobbes T. (1651), Léviathan, t. XIII : Sur l'état de nature. S'inspirant de l'auteur comique latin Plaute (254 -184 av. J.-C.), Hobbes décréta que l'homme était un loup pour l'homme ( "Homo homini lupus") et qu'il n'était pas, contrairement à ce que pensaient le philosophe grec Aristote (384-322 av. J.-C.) et le théologien italien Thomas d'Aquin (1225-1274), un être naturellement politique car mû principalement par la crainte et le désir (conatus) il n'était pas "sociable par nature". Donc, afin de soustraire leurs rapports mutuels à la violence et sortir de cet "état de nature", les Hommes doivent, selon Hobbes, fonder un état artificiel sur les bases de la raison : le contrat social qui mène à l'"état civil".
  • Pour certains chercheurs, la violence serait une sorte de cruauté naturelle - bestiale - due à des pulsions agressives et à un manque d'empathie. Inscrite dans les gènes, elle serait présente chez tous les humains, mais aussi chez les animaux en particulier les prédateurs et les chimpanzés.

Chapitre 4 - Préhistoire de la violence et de la guerre - La violence chez nos proches parents : les chimpanzés, extraits :

  • Pour le primatologue néerlandais Frans De Waal - Primates et philosophes, Editions Le Pommier, 2008 -, certains animaux auraient des comportements moraux - de négociation, d'apaisement, d'aide, de coopération - voire d'empathie.
  • L'équipe de Michael Tomasello du laboratoire d'anthropologie évolutive de l'institut Max-Plank à Leipzig (Allemagne) : pour ces psychologues cognitifs, les chimpanzés n'ont pas de normes sociales partagées sur lesquelles se fonde la morale néanmoins leur façon d'échanger des ressources et des services révèle que la concurrence, mais aussi la coopération (entre individus apparentés mais aussi non apparentés), la réciprocité (aide mutuelle) ou une forme d'égalité (répartition juste des récompenses) existent.
  • Dans son livre - L'entraide. Un facteur d'évolution - 1902, le prince russe anarchiste Piotr Kropotkine (1842-1921) suggère que parmi les facteurs de l'évolution, la socialisation et l'entraide sont plus importantes que la compétition : si chaque individu reçoit une aide du groupe, tout le monde en tire un bénéfice et les chance individuelles de survie s'accroissent.
  • Frans De Waal souligne l'"aversion à l'injustice" de certains singes - Le singe est en nous, Editions Fayard, 2005.

Chapitre 4 - Préhistoire de la violence et de la guerre - Descendons-nous d'un singe tueur ?, extraits :

  • L'hypothèse du "singe tueur" comme ascendant de l'Homme fut proposée par l'anthropologue australien Raymond A.Dart (1883 - 1988) et popularisée par l'américain Robert Ardley (1908 - 1980) dans son livre - Les enfants de Caïn, 1977, Editions Stock Plus - Chasseur donc prédateur, l'homme préhistorique aurait été agressif par nature. On peut se demander si la chasse n'était pas une métaphore de la guerre. Cependant les études ethnographiques menées chez des peuples chasseurs-cueilleurs, dont celles de Clastres P. montrent que la mise à mort de l'animal exclut toute agressivité du chasseur. Au contraire, elle socialiserait cette nécessaire violence sur le mode de l'échange cosmologique entre l'Homme et la Nature, en particulier dans les sociétés chamaniques ou animistes, où il y a consubstantialité entre l'Homme et l'animal. - Descola P., 1999, Les natures sont dans la culture, Sciences humaines, hors série 23. En outre, elle contribuerait à la constitution d'un lien social sur le base du partage du gibier. Défendue initialement par quelques anthropologues, très tôt critiquée, l'hypothèse que l'Homme descende de "singes tueurs" est aujourd'hui abandonnée.

Chapitre 4 - Préhistoire de la violence et de la guerre - La violence est-elle inscrite dans nos gènes ? - extraits :

  • Darwin dans son ouvrage de 1871 : pour lui, non seulement l'évolution résulte d'une sélection naturelle mais la lutte pour l'existence n'est pas l'aptitude la plus importante pour caractériser l'évolution de la nature de l'homme. Voir Patrick Tort, Darwin et la science de l'évolution, Editions Gallimard Découvertes, 2000.

Chapitre 4 - Préhistoire de la violence et de la guerre - La "sauvagerie intérieure ", une construction mentale imaginaire ?, extraits :

  • Selon l'épistémologue et anthropologue Raymond Corbey la prétendue "sauvagerie intérieure" serait "une construction mentale imaginaire influencée par les idéologies du XIX° siècle comme le racisme et l'eugénisme". En effet, la violence n'est pas une fatalité, elle ne procède ni d'une pulsion agressive originelle chez l'homme, comme le dit Freud, ni d'une cruauté innée, comme le pensait Nietzsche. Elle n'est pas génétiquement déterminée - Kahn A., L'homme, ce roseau pensant ... Essai sur les racines de la nature humaine, Editions NiL, 2007 - car même si le comportement violent est conditionné par certaines structures cognitives, le milieu familial et le contexte socioculturel jouent un rôle important dans sa genèse.
  • D'après les données archéologiques, les Hommes préhistoriques du paléolithique vivaient sans violence institutionnalisée. L'apparition de celle-ci a des causes historiques et sociales, c'est le produit des sociétés et des cultures qu'elles engendrent. - Descola P. et Izard M. (1991).

Chapitre 5 - Préhistoire de la violence et de la guerre - L'altruisme, catalyseur de l'humanisation ?, extraits :

  • Le neurobiologiste américain Paul D. MacLean (1913 - 2007), auteur de la théorie du "cerveau triunique" selon laquelle l'évolution du cerveau dans le règne animal se retrouve dans la structure du système nerveux central humain avec un étage reptilien, un étage limbique et le néocortex, soutient que l'altruisme aurait une base neurophysiologique, peut-être située dans le néocortex, particulièrement développé chez l'Homme.
  • Certains scientifiques et philosophes, suivant Hobbes pour qui les Hommes aspirent par instinct à ce qui est bon pour eux, considèrent que les êtres humains cherchent à optimiser leur profit par pur égoïsme. Pour eux la sociabilité ne serait donc qu'une conséquence résultant d'une sorte de contrat social que nos ancêtres auraient conclu pour ses avantages et non par empathie pour leurs semblables. Cette assertion est réfutée par la plupart des biologistes évolutionnistes pour qui chez les humains, descendants d'une longue lignée de primates grégaires, la coopération serait un comportement transmis de génération en génération. Ces comportements altruistes sont induits par le sens moral qui pour certains chercheurs serait inné.

Chapitre 5 - Préhistoire de la violence et de la guerre - Le sens moral a-t-il une base biologique ?, extraits :

  • Depuis une vingtaine d'années, cette question est au centre des recherches menées par des chercheurs en neurosciences et des sociobiologistes. Soutenu par des observations chez l'animal, certains d'entre eux suggèrent que le sens moral s'enracine dans des dispositions prosociales innées communes aux hommes et aux grands singes (travaux de F. De Waal).
  • Des observations cliniques viennent étayer cette thèse.
  • Le neurobiologiste portugais Antonio R. Damasio, professeur de neurologie à l'University Of Southern California, a démontré l'existence dans le cerveau de centres de régulation émotionnelle - un humain non malade présenterait une aversion spontanée à faire du mal à autrui et à l'iniquité.
  • Pour la canadienne Patricia S. Churland - Braintrust. What Neuroscience Tells us about Morality, Princeton University Press, 2011 - les comportements altruistes seraient déclenchés par la sécrétion lors de la gestation de l'hormone ocytocine qui en quelque sorte "materniserait" le cerveau animal et humain.
  • L'empathie et le désir mimétique résulteraient pour certains neurologues , de l'activité des neurones miroirs - les neurones miroirs ont été découverts chez les singes en 1995 par une équipe de neurologues de Parme (Italie) dirigée par Giacomo Gallese ; en 2010, sous une version perfectionnée, chez l'humain par l'équipe de Roy Mukamel de l'Université de Los Angeles - Les découvertes ont inféré que ces cellules expliquaient certains phénomènes comme l'apprentissage, l'acquisition du langage, la transmission culturelle et l'empathie - situées dans le cortex prémoteur du cerveau. Chez l'Homme, les neurones miroirs permettraient d'imiter les mouvements, mais également de décrypter les intentions.
  • Pour d'autres, certains signaux de soumission ou de détresse par exemple, émis par l'agressé permettraient de juguler la violence ; ils seraient liés à l' inhibiteur de violence découvert chez l'animal par l' éthologue autrichien Eil-Eibesfeldt I. - Ethologiy, the biology of Behavior, Holt, Rinehart and Winston, 1970.
  • Ce mécanisme cognitif de communication non verbale, présent chez les animaux mais aussi chez l'Homme - d'après les travaux du psychologue anglais Ronda J.R. Blair, A cognitive developmental approach to morality : Investigating the psychopath', cognition, 1995 - participerait au développement du sens moral de l'enfant entre 4 et 7 ans - Jean-Pierre Changeux, Du vrai, du beau, du bien. Une nouvelle approche neuronale, Editions Odile Jacob, poche, 2010 - (neurosciences).
  • Selon le neurobiologiste, J-P Changeux : "Ce dispositif cognitif joint à la faculté d'attribution propre aux humains et au "lien social" pourrait être à l'origine des émotions morales, fondamentales et universelles d'empathie et de sympathie."



Chapitre 5 - Préhistoire de la violence et de la guerre - L'altruisme, processus de transmission et types, extraits :

  • La sociobiologie (étude systématique des bases biologiques de tous les comportements sociaux et leur évolution) , elle aussi, s'est longuement interrogée sur l'altruisme et ses processus de transmission - Aron S. et Passera L, les sociétés animales, Editions De Boeck, 2000 - Quatre types d'interactions sociales majeures ont été définis au sein de populations animales sur la base de leurs effets en termes sélectifs sans connotation morale : la coopération, le mutualisme, l'égoïsme et l'altruisme. La coopération est une interaction procurant des bénéfices à chacun des individus d'une population, et le mutualisme une interaction à bénéfices mutuels et sans coût entre deux ou plusieurs individus. La coopération et le mutualisme, très répandus dans les populations animales, offrent une protection contre les prédateurs et facilitent l'accès aux sources de nourriture. En termes de reproduction (sélection naturelle), les comportements égoïstes favorisent le donneur au détriment du receveur alors que les individus porteurs des caractères responsables des comportements altruistes ont moins de chance de survie ou de se reproduire - d'après Lenoir A., Cours d'écologie comportementale, université de Tours, 2004. Cependant des études récentes ont mis en évidence que chez les primates, les mâles dominants et agressifs n'étaient pas forcément ceux qui se reproduisaient - Despret V, Quand le loup habitera avec l'agneau, Les Empêcheurs de penser en rond/Synthélabo, 2002.
  • Le comportement altruiste, représentant un coût (qui peut aller jusqu'au sacrifice pour le bien du groupe), diminue la valeur adaptative du donneur et augmente celle du receveur. - Aron s. et Passera L - Pourtant, plusieurs études attestent de l'existence de comportements altruistes chez de nombreux animaux notamment sociaux.
  • L'altruisme peut remplacer les menaces et l'agression - Zahavi Amotz, The cost of honesty [futher remarks on the handicap principle], Journal of theorical Biology 67, 1977.
  • Plusieurs modèles ont été proposés par les biologistes pour expliquer comment génétiquement parlant ces comportements ont été sélectionnés : la "sélection de parentèle" du britannique William D. Hamilton (1936 - 200) - The genetical evolution of social behavior, journal of theoretical Biology, 7, 1964 - et les "réplicateurs" du sociobiologiste Richard Dawkins _ Le gène égoïste, Editions Armand Colin, 1990 - la sélection naturelle qui intervient sur des groupes de gènes, les réplicateurs, qui agissent de manière à assurer leur survie et leur multiplication expliquerait tous les comportements des êtres vivants, même les comportements altruistes en permettant aux gènes qui gouvernent les individus altruistes de se propager même si celle-ci se fait au détriment de l'individu altruiste.
  • L'américain Edward O. Wilson propose une autre théorie, celle de la sélection du groupe : la sélection naturelle agirait sur la communauté et non sur chacun des individus qui la composent. - Sociobiology : The New Synthesis, Havard University, Press, 1975 - Dès lors, des comportements altruistes comme la coopération seraient favorisés.
  • Robert L. Trivers, biologiste américain - The evolution of reciprocal altruism, Q. Rev. Biol., 46, 1971 - concernant et expliquant l'altruisme entre individus non apparentés proposait la théorie de l'"altruisme réciproque faible" ; chaque fois qu'un individu fait un acte altruiste envers un autre, il reçoit en échange, à plus ou moins long terme, une aide réciproque. Les "égoïstes", les tricheurs qui n'appliquent pas la réciprocité sont écartés ; ce sont des relations de confiance qui permettent cet altruisme réciproque faible.
  • Bowles S. et Gintis H. - The origins of human cooperation, in P. Hammerstein (édit), Genetic and Cultural Evolution of Cooperation, MIT Press, 2003 - Boyd R., Gintis H., Bowles S et Richerson PJ - The evolution of altruistic punishment, PNSA, 100, 2003 - proposent la théorie de l'"altruisme réciproque fort" expliquant la coopération entre un nombre infiniment grand d'individus grâce à la punition des comportements non coopératifs, opportunistes et égoïstes. Certains chercheurs ont constaté que les humains développeraient une préférence pour cet altruisme réciproque fort et donc pour la punition altruiste - Ernst EFehr E. et Gächter S - "Altruistic punishment in humans", Nature, 415, 2002.
  • Si, pour Darwin (1871) les qualités morales naissent de l'instinct social, - Darwin C.,The Descent of man, and Selection in relation to sex; John Murray - de nombreuses recherches en neurosciences, en primatologie ou en archéologie ont montré que l'espèce humaine est naturellement faite pour la coopération, l'entraide ou la solidarité, actes résultant d'émotions telles que l'empathie, la compassion, voire le remords. Comme l'atteste l'analyse des vestiges archéologiques, les comportements altruistes existaient chez nos lointains ancêtres.

Chapitre 5 - Préhistoire de la violence et de la guerre - L'altruisme, un comportement ancestral, extraits :

  • En observant des anomalies ou des traumatismes présents sur les ossements des fossiles humains, on constate qu'un handicap n'entraînait pas l'élimination du sujet atteint.
  • Exemple d'un homo heidelbergensis, daté de 500 000 ans, découvert au nord de l'Espagne sur le site d'Atapuerca a montré qu'il souffrait d'une excroissance osseuse vertébrale et d'un glissement de vertèbres ; cet homme de 1,75 mètres et pesant au moins 100 Kg a survécu jusqu'à environ 45 ans grâce aux soins que lui ont prodigués les siens. - Spikins P. , Rutherford et Needham A., From hominity to humanity : Compassion from the earliest archaic to modern humans Time and Mind, 3, 2010 -
  • Exemple d'un Néandertalien à La Chapelle-aux-saints (Corrèze), vieillard arthritique et édenté âgé de 50 à 60 ans.
  • Exemple d'un handicapé de naissance qui n'a pas été éliminé : un Homo Heidelberggensis, daté de 420 000 à 300 000 ans, ayant souffert de synostose crânienne précoce, pathologie entraînant un développement anormal du cerveau et aussi une déformation du crâne, sur le site de la Sima de Los Huesos en Espagne - Carbonell E. et al, les premiers comportements funéraires auraient-ils pris place à Altapuerca, il y a 350 000 ans?, L'anropologie, 107, 2003 -
  • Plusieurs squelettes, en particulier de Néandertaliens, présentent des fracturations, amputations thérapeutiques ou des pathologies handicapantes ; dans la majorité des cas ces blessures étaient cicatrisées ce qui prouve, hors les notions médicales et la pharmacopée, que les Néanderthaliens prenaient soin de leurs blessés et de leurs malades qui malgré leur handicap conservaient une place au sein du groupe.
  • Les premiers Homos sapiens aussi ont fait preuve de compassion. Ainsi, par exemple, une jeune femme adulte, située à Salé (Dar Bel Aroussi, Maroc) et datée de 350 000 - 400 000 ans souffrait d'un torticolis congénital et sans l'aide des membres de sa communauté, cette personne fortement handicapée n'aurait pu survivre. (De nombreux autres cas présentés au sein du livre)

Chapitre 5 - Préhistoire de la violence et de la guerre - Les émotions à la base des comportements moraux, extraits :

  • Nicolas Baumard, chercheur en psychologie et anthropologie, propose la "théorie mutualiste" ; la morale est une adaptation produite par des mécanismes psychologiques innés qui ne sont pas spécifiquement moraux ( comme l’empathie, la culpabilité ou la honte).
  • Pour trois archéologues de l'université de York, Spikins P., Rutherford et Needham A., la compassion (état mental dans lequel nous nous trouvons lorsque nous percevons la détresse d'autrui et que nous désirons y remédier) et le remords ont été des points clés de la réussite évolutive de notre espèce ainsi que la coopération et la solidarité. Ce sont de ces émotions, vieilles de plusieurs millions d'années, que seraient issues les qualités morales. Reposant sur des bases naturelles, elles seraient les produits de l'évolution, donc très antérieures à toutes les religions.
  • Dans les premières sociétés humaines, certains comportements mis en évidence par les données archéologiques - coopération, partage de la nourriture (en particulier du gibier) et des tâches, entraide, inhumation - attestent l'existence d'émotions comme l'empathie et la compassion. Considérées ici d'un point de vue adaptatif et non moral, elles étaient indispensables à la survie du groupe.
  • Selon Axel Kahn, qui soutient l'existence d'un processus évolutif civilisationnel par auto-amplification des capacités cognitives et culturelles, "il est vraisemblable que, durant une longue période, les modifications biologiques nécessaires à la créativité humaine aient évolué en parallèle avec celles permettant l'enrichissement des interactions sociales, condition sine qua non du développement cognitif au contact de la culture créée."
  • D'après les données archéologiques, il apparaît en effet que les innovations ne sont pas seulement une réponse adaptative aux changements environnementaux, mais correspondent également à une évolution socioculturelle. On constate par exemple que, au cours des 20 000 dernières années, alors que la taille corporelle et le volume du cerveau humain se sont réduits de façon régulière, les capacités comportementales individuelles ont, elles, augmentées ; la civilisation en institutionnalisant la solidarité sociale s'opposerait ainsi à la sélection naturelle. - Patrick Tort, Spencer et l'évolutionnisme philosophique, Editions PUF, "Que sais-je ?", 1996.
  • Cette solidarité sociale se rencontrait déjà dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs du Paléolithique. Les conflits intra- et inter-communautaires ne sont apparus qu'au cours du Néolithique. Très tôt, donc, nos ancêtres ont développé des comportements moraux (coopération, entraide, solidarité), vraisemblablement basés sur un altruisme réciproque, parce qu'ils avaient des émotions telles que l'empathie, la compassion, voire le remords. En outre, confrontées à de nombreuses crises tout au long de leur histoire, les diverses sociétés humaines du Paléolithique qui se sont succédées ont su résister sans doute parce qu'elles étaient fondées sur ces émotions plutôt que sur l'individualisme et la compétition.

Nous pouvons déjà constater suite aux extraits ci-dessus que pendant de nombreux millénaires, malgré les nombreux changements climatiques (périodes glaciaires et inter-glaciaires), malgré la présence de types d'Hommes variés (Néandertalien et Homo sapiens notamment) des Hommes ont su et pu constituer des sociétés avec notamment une culture très développée - que ce soit dans la production de techniques très poussées concernant les outils pour la chasse, la pêche, la cueillette, les vêtements, les parures, les habitations, les confections des repas ; concernant l'art mobilier concernant l'art pariétal pour Homo sapiens selon les connaissances actuelles (pigments, lampes, échafaudages, dallages, pinceaux, outils de gravure) ou encore concernant les inhumations, etc. - sans pour autant qu'il y ait de violence, de lutte ou de conflit intra et inter-communautaires.

Il semble donc aujourd'hui difficile d'affirmer que le monde social n'est qu'un jeu de force.

Affirmer aujourd'hui que la politique c'est la continuation de l'état de nature et donc la guerre poursuivie par d'autres moyens est me semble-t-il manifestement se méprendre sur l'état de nature puisqu'il apparaît que la coopération, l'entraide, l'équité et la solidarité liées aux émotions telles l'empathie, la compassion, l'altruisme aient été sélectionnées depuis des dizaines - plutôt même des centaines - de milliers d'années au cours de l'évolution et qu'elles viennent composer aussi la "Nature naturée" de l'Homme pour reprendre le terme de Spinoza.

Se baser aujourd'hui sur le conatus tel qu'il est définit par Spinoza semble de même révolu car ce conatus - défini comme élan de puissance contenant dans le répertoire de ses gestes les plus bruts celui de " prise pour soi", de la capture, de l'appropriation, voire de l'absorption - ne correspond plus (il n'a d'ailleurs en réalité jamais correspondu) à la nature de l'Homme ; il se doit donc d'être totalement reformulé par cette nécessaire obligation évolutive des primates grégaires dont l'homme est le descendant qu'est la transmission de génération en génération des comportements de coopération, d'entraide, de solidarité.

Les constructions civilisationnelles n'ont donc pas à s'opposer aux soi-disant tendances spontanément pronatrices des conatus ; là encore nous pouvons nous appuyer sur les civilisations du Paléolithique.

Que peut donc bien vouloir dire désormais le "droit naturel" - ce "droit naturel" de chaque individu s'étendant aussi loin que s'étend sa puissance ; ce "droit naturel" étant le dual même du conatus ; Le conatus à l'état brut n'étant plus un "vouloir pour soi" sans aucun principe de refrènement ni de modération à priori ; le droit naturel n'étant alors plus la capacité effective de satisfaire ses revendications dans un milieu où d'autres peuvent les lui contester - ?
Il est peut-être possible de proposer : si l' "état de nature" de l'homme, la "Nature naturée" de l'homme comprend l'empathie, la compassion, l'altruisme et un sens moral alors le "droit naturel" de chaque individu s'étend aussi loin que s'étend sa puissance dans la persévérance de son être pour autant que s'étende la puissance du groupe humain dans la persévérance de son être. (interdépendance naturelle et constitutive)

Il serait certainement intéressant de s'appuyer sur les différentes sciences et découvertes récentes pour mieux ouvrir les possibilités de la science sociale. Par exemple la théorie de l' "altruisme réciproque faible" qui expliquait l'altruisme entre individus non apparentés et proposé par Robert L. Trivers fut théorisée en science sociale par l'américain Robert Axelrod - The evolution of cooperation, Science, 211, 1981.


Il reste encore la question de l'origine de la guerre et de la violence dans les sociétés humaines et la création d'un pouvoir hiérarchisé. D'après les données archéologiques l'apparition de la guerre institutionnalisée semble corrélée au développement de l'économie de production qui très tôt entraîna un changement radical des structures sociales.

Je vais à nouveau me référencer au livre de Marylène Pathou-Mathis - Préhistoire de la violence et de la guerre - Le changement d'économie et ses conséquences sociales - chapitre 2, extraits :

  • La domestication des plantes et des animaux va ériger des frontières moins fluides qu'auparavant et, étant à la source de surplus (bien stockés) engendrer la notion de propriété privée et par conséquent favoriser les inégalités, terreau de la violence organisée.
    Au Proche-Orient, environ 10 000 ans avant le présent, un climat plus sec et parfois aride entraîne la raréfaction du gibier. Cette diminution des ressources alors que la pression démographique, due à une augmentation de la sédentarité, est forte et contraint les Hommes à innover pour survivre. ils vont domestiquer les plantes, en particulier dans une région de zone de pluie très propice à la culture du sol appelée "Croissant fertile". Pour les archéologues américanistes ( Clastres P., Keeley L. H. et Kuhlken R.), la guerre semble suivre "le chemin de l'agriculture". En effet, l'intensification de la culture a rapidement conduit à une hiérarchisation des sociétés et à la militarisation. La domestication nécessitant de plus en plus de terres cultivables, une concurrence croissante pour leur obtention transforma les conflits entre groupes, relativement inoffensifs auparavant, en de véritables massacres, comme l'atteste la découverte de charniers. Les chevaux sont un autre exemple du lien étroit entre la domestication et la guerre. Domestiqués, d'abord en Ukraine aux environs de 5 000 ans avant le présent, ils servirent très tôt de "machines de guerre".
  • Les données archéologiques et ethnographiques montrent aussi que la sédentarité permet le développement d'un équipement lourd non transportable servant à la production (outils agraires), au stockage (greniers, silos et autres récipients) et à la préparation de la nourriture (poteries).
  • Pour certains archéologues et ethnologues, dont Testart A. - Les chasseurs-cueilleurs ou l'origine des inégalités, Société d'ethnographie, université de Paris-X-Nanterre, 1982 -, le surplus de denrées alimentaires et leur stockage seraient la cause majeure des inégalités  : individualisation de la propriété, réseau d'échanges inter-communautaires moins forts, importance du passé du fait des biens accumulés par rapport au présent, plus grande indépendance d'où une nouvelle perception de la nature et naissance du travail, plus grande hiérarchisation, naissance d'une élite, prestige acquis par le possesseur qui ensuite peut exercer un ascendant sur les autres en devenant donateur ce qui ensuite lui permet de monter dans la hiérarchie sociale.
  • D'après Peter J Richerson - Was agriculture impossible during the pleistocene but mandatory during the holocene ? A climate change hypothesis, American antiquity, 66, 2001 - le réchauffement climatique à la fin du Paléolithique a favorisé l'apparition et la diffusion de l'agriculture qui a permis l'accumulation et le stockage des ressources alimentaires. Ce changement d'économie a entraîné une augmentation de la densité de la population et le développement d'une dynamique guerrière alimentant la formation de groupes plus puissants et l'apparition de castes notamment celle des guerriers.
  • La caste des guerriers serait apparue au Proche-Orient, il y a au moins 4 000 ans, voire 6 500 ans en même temps que celle des esclaves qui était surtout constituée de prisonniers de guerre. - Descola P. et Izard M., Guerre, 1991.
  • Pour l'anthropologue Robert L. Carneiro, la plupart des premiers Etats sont apparus dans des vallées fertiles, enclavées et cernées par des milieux naturels hostiles. La guerre acquiert un aspect économique prépondérant et le contexte géopolitique aurait conduit à la création de communautés plus grandes et l'apparition des hiérarchies sociales et d'un pouvoir centralisé qui auraient généré des conflits au sein des sociétés et entre elles.
  • Émergent les figures du "chef" et du guerrier et les luttent internes pour des raisons de pouvoir se développent lors de la mutation des relations socio-économiques. Les scènes figurées dans l'art rupestre du levant espagnol montrent l'utilisation de stratégies de combat ainsi que la valorisation du guerrier et du chef au VI° millénaire avant le présent en Europe occidentale.
  • Émerge une nouvelle organisation sociale marqué par l'apparition de la coercition sociale s'appuyant désormais sur la répression. Le développement de l'agriculture, de l'élevage et de l'artisanat (métallurgie et tissage) ont amené la division sociale du travail et une centralisation du pouvoir politique. Pour Dubreuil B, 2006 : Ce système sociopolitique est corrélé à une division du travail et une division sexuée du travail.
  • La division sociale du travail a accru l'interdépendance économique et a nécessité l'apparition et le renforcement d'institutions instaurant la répartition des tâches et la circulation des biens. - Durkeim E., De la division du travail social, Editions PUF, Bibliothèque de philosophie contemporaine, 1893 -
  • Le linguiste et philosophe Georges Dumezil (1898 - 1986) montre que les sociétés anciennes se sont très tôt structurées en trois groupes cohérents d'individus (thèse de la répartition trifonctionnelle) : ceux qui exercent les fonctions de commandement et de sacré (souveraineté et religion) ; ceux qui exercent la fonction guerrière (guerre) ; ceux qui exercent la fonction de la fécondité (production) - Dumezil G, Jupiter Mars Quirinus, vol 1 : Essai sur la conception indo-européenne de la société et sur les origine de Rome, Editions Gallimard, 1941 -
  • Todd situe à Summer l'invention du principe patriarcal au cours de la seconde moitié du III° millénaire avant J.C. lié à l’accroissement ou accumulation des biens, à l'apparition de la division sexuée du travail et au changement de divinités.
  • Comme l’attestent les fouilles archéologiques, les sociétés matrilinéaires ont disparu à l'arrivée des guerriers indo-européens ayant une organisation pyramidale et phallocratique- Gimbutas M et Cambell J, Le langage de la déesse, Editions des Femmes, A. Fouque, 1989 - Les changements au cours du Néolithique et notamment lors de l'âge de Bronze se sont produits tant en socio-économie qu'au niveau des structures politiques de la société qu'au niveau culturel.



Il est possible de déduire, d'après ces extraits ci-dessus, que la nouvelle organisation sociale suite au changement d'économie a permis la captation du pouvoir par une élite qui a aussi ensuite pu structurer la société afin de maintenir cette organisation sociale tout en maintenant les avantages aux différents "dominants" selon leur place dans la structure pyramidale mise en place : création d'Etats et de Cités aux structures hiérarchiques fortes.
C'est en effet sous le signe de la force et de la lutte, par la puissance que l'ordre s'était originairement constitué. "Je n'accorde dans une cité quelconque de droit souverain sur les sujets que dans la mesure où, par la puissance, il l'emporte sur eux." Spinoza, Lettre L à Jelles, TP, Lettres -
Il semble donc que ce ne soit pas le capital de violence portée par les pronations anarchiques des individus qui a amené l'obligation des constructions institutionnelles mais bien les constructions institutionnelles qui ont permis le maintien de la captation du pouvoir par certains individus, la dominance des possesseurs, la hiérarchie des castes ainsi que l'expansion de leur tendance pronatrice. Ce sont donc aussi ces instituions prédatrices qui ont porté au renforcement des comportements plus égoïstes et violents au dépens des comportements altruistes ou de compassion ou d'empathie avec la perte de la solidarité, de la coopération et de l'entraide. La violence symbolique paraît déjà à l'origine de toute institution sociale de la période dite "historique" depuis le Néolithique et notamment depuis l'âge de Bronze et la constitution de grandes cités.

Ce "retournement" de perception est d'importance car il évite de maintenir que l'Homme par sa nature première, sa "Nature naturée", a besoin d'être gouverné et qu'il faille domestiquer ses élans de désirs anarchiques afin qu'il puisse entrer dans un régime d'action collective.
Il est donc possible désormais de penser que les Hommes en leur "état de nature", qui comporte aussi inscrites en eux depuis des millénaires des capacités d'altruisme, de compassion et d'empathie, puissent enfin entrer dans un processus d'auto-institution explicite de leurs société leur permettant de décider et d'orienter le contenu de leur vie sociétale et donc de se libérer de ce rapport de force et cette lutte imposés par les pouvoirs et la centralisation des pouvoirs politiques.

Ces quelques derniers millénaires depuis le Néolithique étaient certainement un passage nécessaire pour l'adaptation de l'espèce humaine, son extension démographique, l'acquisition des techniques et des sciences utiles à sa survie néanmoins il apparaît aujourd'hui que la société technicienne associée à la captation du pouvoir néolibéral, qui dans l'imaginaire sociétal de beaucoup répondaient à l'épanouissement et à la pérennité de l'humanité (croyance à la toute puissance de l'Homme et de ses techniques, croyance à son affranchissement des contraintes et contingences du monde commun du vivant par sa maîtrise, croyance à son épanouissement personnel par l'utilisation et la consommation boulimique de tout ce qu'il peut happer), montre et ait atteint ses limites par son impact dévastateur et mortifère sur l'Homme ainsi que sur le milieu naturel dont il dépend.
Peut-être est-il temps de se donner la possibilité de créer un autre imaginaire collectif qui permette l'expression de la coopération, de la solidarité et du partage afin de mieux répondre à notre état réel et naturel d'Hommes en lien et en interdépendance et de construire - en reconfigurant les structures - enfin, ensemble, une société vivifiante ; et, comme le suggère Frans de Waal de "retrouver l'animal empathique qui sommeille en nous"- Frans De Waal, l'âge de l'empathie, les liens qui libèrent, 2010 -

Fiche du livre "Préhistoire de la violence et de la guerre"

Titre : Préhistoire de la violence et de la guerre
Auteur(s) : Marylène Patou-Mathis
Résumé Court : vu sur http://www.hominides.com/html/references/prehistoire-de%20la-violence-et-de-la-guerre-0763.php :


La violence et les guerres sont-elles vraiment originelles ? L'Homme est-il un être profondément (presque génétiquement) violent ? Les hommes préhistoriques étaient-ils déjà dans une logique de guerre, de destruction de l'autre ?

prehistoire-de-la-violence-et-de-la-guerre.jpg

En réponse au livre La société des affects - pour un structuralisme des passions de F. Lordon (livre influencé par Spinoza) un résumé substanciel du livre "Préhistoire de la violence et de la guerre" a été effectué dans la page Réflexion relative au livre : "La société des affects" de Frédéric Lordon

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