Un si fragile vernis d'humanité – Banalité du mal, banalité du bien : Différence entre versions
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− | Extrait - pages 17 et 18 – Introduction : "L'altruisme n'exige pas la déprise, l'anéantissement, la dépossession de soi, le désintéressement sacrificiel qui s'abandonne à une altérité radicale (Dieu, la loi morale ou autrui). L'abandon, la déprise de soi, est au contraire l'un des chemins qui mènent le plus sûrement l'individu à la soumission, à l'obéissance aveugle et à la servilité. Seul celui qui s'estime et s'assume pleinement comme un soi autonome peut résister aux ordres et à l'autorité établie, prendre sur lui le poids de la douleur et de la détresse d'autrui et, lorsque les circonstances l'exigent, assumer les périls parfois mortels que ses engagements les plus « intimement » impérieux lui font courir. | + | Extrait - pages 17 et 18 – Introduction :<br><br> |
+ | "L'altruisme n'exige pas la déprise, l'anéantissement, la dépossession de soi, le désintéressement sacrificiel qui s'abandonne à une altérité radicale (Dieu, la loi morale ou autrui). L'abandon, la déprise de soi, est au contraire l'un des chemins qui mènent le plus sûrement l'individu à la soumission, à l'obéissance aveugle et à la servilité. Seul celui qui s'estime et s'assume pleinement comme un soi autonome peut résister aux ordres et à l'autorité établie, prendre sur lui le poids de la douleur et de la détresse d'autrui et, lorsque les circonstances l'exigent, assumer les périls parfois mortels que ses engagements les plus « intimement » impérieux lui font courir. | ||
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A la définition de l'altruisme comme désintéressement sacrificiel qui exige l'oubli, l'abnégation de soi en faveur d'autrui – définition que la tradition morale et religieuse a presque unanimement consacrée -, les résultats des recherches entreprises sur ce sujet nous invite à substituer à celle-ci : l'altruisme comme relation bienveillante envers autrui qui résulte de la présence à soi, de la « fidélité à soi », de l'obligation, éprouvée au plus intime de soi, d'accorder ses actes avec ses convictions (philosophiques, éthiques ou religieuses) en même temps qu'avec ses sentiments (d'empathie ou de compassion), parfois même, plus simplement encore, d'agir en accord avec l'image de soi indépendamment de tout regard ou jugement d'autrui, de tout désir social de reconnaissance. L'altruisme comme relation cohérente entre les formes de sympathie éprouvées et les principes éthiques, parfois religieux, de l'obligation de secours, une cohérence qui se traduit par des actes effectifs (et allant bien au-delà de la simple intention), comme respect de soi reposant sur cette cohérence maintenue par l'image de soi, tels sont les aspects principaux de la nouvelle définition que nous voudrions avancer. | A la définition de l'altruisme comme désintéressement sacrificiel qui exige l'oubli, l'abnégation de soi en faveur d'autrui – définition que la tradition morale et religieuse a presque unanimement consacrée -, les résultats des recherches entreprises sur ce sujet nous invite à substituer à celle-ci : l'altruisme comme relation bienveillante envers autrui qui résulte de la présence à soi, de la « fidélité à soi », de l'obligation, éprouvée au plus intime de soi, d'accorder ses actes avec ses convictions (philosophiques, éthiques ou religieuses) en même temps qu'avec ses sentiments (d'empathie ou de compassion), parfois même, plus simplement encore, d'agir en accord avec l'image de soi indépendamment de tout regard ou jugement d'autrui, de tout désir social de reconnaissance. L'altruisme comme relation cohérente entre les formes de sympathie éprouvées et les principes éthiques, parfois religieux, de l'obligation de secours, une cohérence qui se traduit par des actes effectifs (et allant bien au-delà de la simple intention), comme respect de soi reposant sur cette cohérence maintenue par l'image de soi, tels sont les aspects principaux de la nouvelle définition que nous voudrions avancer. |
Version du 3 février 2016 à 17:09
Titre : | Un si fragile vernis d'humanité – Banalité du mal, banalité du bien |
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Auteur(s) : | Michel Terestchenko |
Résumé Court : |
Extrait - pages 17 et 18 – Introduction : Voir aussi : Article du 15 mars 2014 - Contrepoints Par Johan Rivalland |
Difficulté (de lecture) : | Aisée |
Pages liées : | Spécial:Pages_liées/Un si fragile vernis d'humanité – Banalité du mal, banalité du bien |
EXTRAITS :
- Chapitre 2 : Et pourtant le sens moral existe bien - L'Apparence de la vertu -
La possibilité de l'approbation morale, et donc du jugement moral, résulte de la confiance que l'on peut accorder à la phénoménalité de l'intention, en laquelle s'accordent l'être et le paraître, les mobiles de l'action désintéressée se révélant au grand jour dans certaines actions manifestement altruistes, balayant d'avance tout soupçon. Il appartient à la vertu de se donner et de s'exposer dans son évidence aux regards de tous. Inversement, "les actions qui sont, en fait, excessivement utiles, apparaîtront dépourvues de beauté morale si nous savons qu'elles ne procèdent d'aucune intention bienfaisante envers autrui"(*). c'est le mobile de la volonté, égoïste ou non, qui définit le caractère moral ou immoral de l'intention, mais ce mobile, loin d'être inconnaissable, caché dans le secret du cœur, est au contraire pleinement perceptible dans l'action bonne ou mauvaise. Le paraître de la vertu n'en fait donc pas une apparence trompeuse.
(*) : Francis Hutcheson, Essai sur la nature et la conduite des passions et affections avec illustrations sur le sens moral. (1728)
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(D'autres extraits d'importance, transcription en cours... )