Conseils pour le bon déroulement d'un atelier constituant (par Hydronium)
De wiki.gentilsvirus.org
Source : ggouv.fr Gentils Virus lyonnais
1 Quelques suggestions issues des leçons tirées d'ateliers constituants ayant duré entre 2 et 4 heures
1.1 Se méfier de l'inertie des groupes
- Annoncer le début de l'atelier pour un quart d'heure avant l'heure réelle de commencement.
- Prévoir 15 minutes de propos introductif (10 minutes d'info, 5 minutes de mouvements).
- Passer plein de fois avant la fin du temps imparti pour rappeler aux groupes que c'est bientôt l'heure de passer à la mise en commun.
- Prévoir 20 minutes de mise en commun (dépend du nombre de groupes constitués).
- Prévoir 15 minutes de propos conclusif (inclut le temps de collecte des mails pour la lettre d'info).
1.2 Se méfier de la dispersion dans les groupes
- Passer dans chaque groupe et vérifier que celui-ci travaille bien à l'écriture d'un article de constitution sans se perdre dans des débats interminables.
- Vérifier que personne ne monopolise la parole.
- Favoriser les petits groupes pour augmenter le temps de parole individuel : mieux vaut deux groupes de 3 personnes plutôt qu'un groupe de 6 personnes.
- Inciter les groupes à écrire des phrases, qui par ailleurs doivent être très claires, en leur disant qu'ils ne pourront pas présenter leur travail eux-mêmes et que ce sont les organisateurs de l'atelier qui liront leur papier (anonymement) lors de la mise en commun.
1.3 Se méfier de l'instabilité des groupes
- Repérer les personnes qui doivent partir avant la fin pour leur donner les tracts et leur proposer de s'inscrire aux lettres d'infos pour recevoir le compte-rendu.
- Repérer les personnes qui arrivent pendant l'atelier pour leur expliquer ce que nous sommes en train de faire et leur proposer selon le moment de rejoindre un groupe, d'assister au bilan ou de s'inscrire à la lettre d'info pour connaître les prochaines dates d'ateliers constituants.
1.4 Pour le propos introductif
- Expliquer ce qu'un atelier constituant n'est pas : ni une conférence, ni un temps de débat tous ensemble, mais un travail en petit groupes pour s'exercer à écrire des articles de constitution « qui comptent pour du beurre » avec bilan collectif vers le milieu du temps imparti. Si une personne refuse de travailler en petit groupe ou d'écrire des articles et tient à avoir un débat avec l'assemblée entière sur un sujet de son choix (par exemple, la critique du régime actuel), la mettre à l'écart pour ne pas retarder le lancement de l'atelier et les travaux en petits groupes.
- Demander aux gens s'ils savent ce qu'est une constitution. Insister sur le fait que c'est un texte de droit qui s'impose à tous les autres et auquel obéissent police, armée et administration. Insister sur son rôle de limitation des pouvoirs plutôt que son rôle d'organisation des pouvoirs (les pouvoirs n'ont pas besoin d'une constitution pour s'organiser). Métaphore du contrat d'assurance : on y prévoit que tout va MAL se passer, et c'est précisément l'intérêt du contrat écrit. Pourquoi n'en irait-il pas de même dans une constitution ? Partons du principe que les dirigeants vont abuser et posons des limites dans la constitution.
- Repérer les bavards et les timides afin d'inciter les premiers à se mettre en groupe avec les seconds.
- Expliquer le but de l'atelier : faire la démonstration que nous sommes capables de réfléchir aux règles du pouvoir.
- Expliquer le thème de l'atelier (commun à tous les groupes) en proposant quelques sous-thèmes précis. Exemple : pour un atelier dont le thème est « l'organisation du pouvoir au niveau communal », les sous-thèmes peuvent être « l'indemnisation des conseillers municipaux », « le mode de désignation des conseillers municipaux », « le nombre d'assemblées municipales dans la commune », « la définition de la commune »...
1.5 Pour le travail en petits groupes
- Aux groupes qui se perdent dans des débats interminables et sans rapport avec le thème : leur rappeler que le but de l'atelier n'est pas de se mettre dans la peau d'un vrai citoyen constituant qui aurait des mois devant lui pour réfléchir à tous les aspects devant être traités dans la constitution, et qu'ils doivent seulement écrire une ou deux règles simples dans le temps imparti, du type « Les conseillers municipaux perçoivent une indemnité horaire de 10 euros » (et peu importe si le groupe n'a pas réfléchi à comment les conseillers municipaux sont désignés !).
- Aux groupes qui se sentent paumés/incompétents : leur expliquer que dans une vraie assemblée constituante, ils auraient la possibilité de consulter des experts juridiques qui pourraient leur expliquer ce qui se fait ailleurs dans le monde. En tant qu'organisateur, on peut essayer de remplir ce rôle d'« expert juridique » pour les groupes en manque d'inspiration, en leur parlant de ce que nous savons par exemple sur la démocratie athénienne : fonctionnement de la Boulè, de l'Ecclésia, des stratèges militaires...
- Aux groupes où tout le monde n'arrête pas de se couper la parole : leur proposer de se discipliner avec un bâton de parole (ne peut parler que celui qui a le bâton en main).
1.6 Pour le bilan collectif
- Lire chaque proposition (sans la recopier sur le chevalet - perte de temps !).
- Demander à tout le monde de voter afin de choisir l'une des propositions en vue de l'approfondir. Insister sur le fait qu'une proposition qui n'est pas choisie lors du vote n'est pas une proposition perdue : elle reste à l'esprit des gens qui l'ont rédigée, et cela leur permet d'être efficaces pour formuler des objections lorsqu'ils étudient la proposition d'un autre groupe qui a travaillé sur le même thème. De plus, l'ensemble des propositions peuvent être mises en ligne sur un site Internet (si les organisateurs ont le temps de le faire !).
- Recopier la proposition choisie sur le chevalet de conférence.
- Demander qui a des objections à propos de ce qui est écrit. Donner la parole à un objecteur.
- Demander qui souhaite répondre à l'objecteur. Donner la parole, éventuellement avec un bâton de parole si les gens ont tendance à ne pas s'écouter et à se couper la parole.
- Lorsqu'il semble que le débat a un peu avancé, redemander s'il y a toujours des objections. Continuer à les traiter sous réserve que le temps imparti ne soit pas écoulé.
- Ne pas dépasser une demi-heure de mise en commun (au-delà, c'est barbant). La discussion en assemblée est frustrante pour tout le monde, car le temps de parole individuel est très limité. S'il reste encore beaucoup de temps, ne pas hésiter à reformer des petits groupes en tentant d'unir un maximum de personnes qui se sont révélées être en désaccord lors du débat de mise en commun. Ainsi les objections peuvent-elles être débattues directement dans des petits groupes. Puis refaire une mise en commun.
1.7 Pour le propos conclusif
- Être ferme au moment d'interrompre la mise en commun : encore une fois, le but de l'atelier constituant n'est pas de rédiger une constitution entière ni même un projet d'article qui convient à tout le monde dans la salle. Rédiger un article qui conviendrait à tout le monde pourrait très bien prendre une semaine entière en situation réelle ! Mais dans le cadre de nos ateliers constituants de quelques heures, notre objectif est uniquement de faire la démonstration que nous pouvons tous participer à un débat constituant et réfléchir à des règles constitutionnelles. Peu importe si le résultat est léger et s'il ne convient pas à tout le monde, vraiment !
- Rappeler que nous œuvrons dans des conditions différentes des conditions réelles : nous n'avons pas des mois et des mois devant nous, et par conséquent on ne doit pas s'attendre à un résultat très élaboré en moins d'une heure de travail en petit groupe !
- Pour calmer la frustration de ceux qui auraient aimé débattre davantage, on peut leur proposer de s'inscrire à la lettre d'information et participer aux prochains ateliers.
1.8 Pour l'inscription à la lettre d'information
- Prévoir plusieurs formulaires pour que plusieurs personnes puissent s'inscrire simultanément.
- Annoncer la fréquence d'envoi de la lettre d'information et s'engager à prendre en compte les demandes de désinscription.