Résumé Court :
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Extrait de l'introduction :
Quand la crise financière s'est accentuée à partir de 2007, puis quand elle s'est transformée en une crise économique historique au lendemain de la faillite, le 15 septembre 2008, de la banque américaine Lehman Brothers et, enfin, quand l'Europe a été dévastée par une crise de la dette à rebondissements, à partir de l'automne 2011, les économistes ont parfois été critiqués, mais pas toujours de la même manière.
En France, nul vrai débat, ni réelle polémique. Malgré la violence de la crise et le cortège de souffrances sociales qu'elle a généré, quelques économistes parmi les plus médiatisés, ceux qui courent micros et plateaux de télévision, ont seulement été moqués pour leur manque de discernement ou de clairvoyance. Dans les magazines, on a vu fleurir, ici ou là, le bêtisier de la crise. On en connaît les héros, puisque tous les économistes connus, ou presque, ont été épingles. De l'économiste de la banque Natixis Patrick Artus («La crise est finie») jusqu'à l'économiste de l'École normale supérieure Daniel Cohen («La bonne nouvelle c'est que cela ne durera pas plus longtemps»), en passant par l'entremetteur du capitalisme parisien Alain Minc (la crise est «grotesquement psychologique») ou encore l'économiste Anton Brender («Les paniques bancaires à l'ancienne ont disparu grâce au dispositif d'assurance des dépôts mis en place pour permettre de les éviter»). Dans la foulée, une ribambelle de dirigeants français ont été montrés du doigt, pour avoir tenu les mêmes propos lénifiants ou mensongers, de l'ex-ministre des Finances devenue patronne du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde («Le gros de la crise est derrière nous») jusqu'à son prédécesseur au FMI, Dominique Strauss-Kahn («Les pires nouvelles sont derrière nous»)...
Mais, rien de conséquent ! Cette ineptie n'a pas empêché Christine Lagarde de faire carrière à Washington - ni d'ailleurs, et c'est plus grave, sa possible mise en cause pour complicité de détournement de fonds publics dans l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais. Pas plus que les bêtises proférées par les économistes français les plus connus ne les ont condamnés à une abstinence médiatique, même courte : depuis que la crise a commencé, ce sont toujours les mêmes que l'on entend sur toutes les ondes de radio et dans toutes les émissions de télévision.
Mais, rien de conséquent ! Cette ineptie n'a pas empêché Christine Lagarde de faire carrière à Washington - ni d'ailleurs, et c'est plus grave, sa possible mise en cause pour complicité de détournement de fonds publics dans l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais. Pas plus que les bêtises proférées par les économistes français les plus connus ne les ont condamnés à une abstinence médiatique, même courte : depuis que la crise a commencé, ce sont toujours les mêmes que l'on entend sur toutes les ondes de radio et dans toutes les émissions de télévision.
Aux États-Unis, l'affaire a pris une tournure bien différente. Des économistes parmi les plus connus ont été mis en cause pour leur connivence avec le monde de la finance qui a entraîné la planète tout entière dans la tourmente. Des économistes ont été pointés du doigt pour avoir rédigé des rapports faisandés en faveur de la dérégulation et avoir amassé en retour des tas d'or. Des économistes ont été dénoncés pour avoir, sous couvert d'un discours académique, disculpé les banquiers et assureurs américains de toute responsabilité, alors que ces mêmes banquiers et assureurs les avaient cooptés dans leurs conseils d'administration.
En bref, de nombreux économistes ont été mis en cause pour leur manque d'indépendance, leurs conflits d'intérêts voire même, leur corruption.
Ce procès, c'est l'Américain Charles Ferguson qui l'a probablement le mieux mis en scène à l'automne 2010 dans Inside Job, un documentaire qui décrit par le menu les débuts de la crise aux États-Unis, celle des subprimes, et le rôle accablant joué par certains économistes parmi les plus célèbres, stipendiés à des degrés divers par Wall Street.
Biographie de l'auteur :
Laurent Mauduit est journaliste. Après avoir été chef du service économique de Libération, il a rejoint Le Monde comme responsable de la politique économique et sociale française puis directeur adjoint de la rédaction. Il a quitté le quotidien pour fonder Médiapart avec Edwy Plenel.
- existe en version électronique
- Concernant le livre : entretien avec l'auteur Laurent Mauduit -- Les Imposteurs de l'économie par DECIDEURSTV
- Voir aussi la présentation par E. Chouard : Étienne Chouard:"Les 99% doivent chercher les complots et les dénoncer"
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