Ce qui fait la Grèce : T 2 : La cité et les lois

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Titre : it la Grèce : T 2 : La cité et les lois
Auteur(s) : Cornelius Castoriadis
Résumé Court : http://www.amazon.fr/Ce-qui-fait-Gr%C3%A8ce-cit%C3%A9/dp/2020971410/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1363511920&sr=1-1

Quatrième de couverture : "Ce volume, où sont repris douze séminaires donnés en 1983-1984 par Cornelius Castoriadis à l'École des hautes études en sciences sociales, est pour l'essentiel consacré à la naissance, à la nature et au fonctionnement de la démocratie athénienne, et plus particulièrement à ce phénomène singulier que fut la démocratie directe telle que la pratiquèrent les Athéniens. Il montre comment ils surent mettre en question l'idée qu'il puisse y avoir une expertise particulière quant aux affaires de la cité; quelles furent les institutions qu'ils créèrent, et surtout la tragédie, pour imposer des limites à la démocratie; et les fins de cette société, telles qu'elles apparaissent dans l'" Oraison funèbre " prononcée par Périclès chez Thucydide. Avec, en filigrane, une discussion d'auteurs anciens (Sophocle, Hérodote, Platon, Aristote) ou modernes (Rousseau, Arendt). On y verra à quel point reste actuelle la question de la participation de tous aux affaires communes: celle de la démocratie."

Ce qui fait la Grèce, 2 est le deuxième volume de La Création humaine II, publication intégrale des séminaires de Castoriadis à l'EHESS de 1980 à 1995.
Le résumé complet et approfondi du livre

Difficulté (de lecture) : Aisée

Ecriture claire et lipide

Contenu très dense

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Sommaire

1 Résumé



(Il est recommandé de lire le résumé complet du tome 1 afin de mieux saisir la portée de ce deuxième tome : résumé complet du tome 1)

La capacité de porter un jugement sur les choses fondamentales est une création extrêmement récente. La capacité de juger non seulement l’institution de la société mais aussi l’institution de sa propre pensée, la capacité donc de réfléchir de façon critique sur le fondement de son propre jugement, est aussi une création historique.

Définition de la politique qui apparaît déjà en Grèce : activité collective qui essaie de se penser elle-même et se donne comme objet l’institution de la société en tant que telle. La politique doit affronter la relation implicite, la création perpétuelle qui a lieu dans la société ; et l’explicite, l’action lucide et publique de la collectivité.

La politique est l’activité explicite qui vise l’institution globale de la société comme telle, une telle activité ne peut exister, presque par définition, que dans un contexte démocratique ou encore comme processus de création de la démocratie.


1.1 GÉNÉRALITÉS/GRANDES LIGNES historiques et géographiques DE LA DÉMOCRATIE GRECQUE

1.1.1 HISTORIQUE ET GÉOGRAPHIQUE

1.1.1.1 Lieu où il y a eu création significative

Athènes plus le domaine Ionien notamment les îles de la mer Égée et la côte d’Asie Mineure.

1.1.1.2 Cadre historique de la naissance de la démocratie

De manière chronologique c’est de la fin du VIII° siècle av. JC à la fin du V° siècle av. JC (défaite d’Athènes).

Les premiers signes révélant le début de la démocratie se trouvent à Athènes dès le VII° siècle av. JC où certains magistrats sont élus ; puis en 594 av. JC. Avec l’archontat et les réformes de SOLON ; en 570 av. JC à Chios avec une assemblée délibérative concernant les affaires du peuple (boulè démosiè) ; le véritable tournant s’effectue à Athènes en 508 av. JC avec la révolution de Clisthène qui fonde la démocratie et avec comme point culminant, l’introduction d’une véritable règle de droit public démocratique en 462, la réforme d’Ephialte qui abolit les dernières restrictions au pouvoir du démos, le peuple. Athènes restera dès lors une cité effectivement démocratique jusqu’à la victoire de Philippe de Macédoine.

1.1.1.3 Colonisation et émergence de la polis

Les grecs quittent leurs poleis alors en train de se constituer pour aller fonder ailleurs d’autres cités. La première vague est aux environs de l’an 1000 en Asie Mineure et dans les îles la bordant, puis une explosion au VIII° siècle av. JC en Italie, Sicile, Syracuse et en trois quarts de siècle des dizaines et des dizaines de colonies vont être fondées. Les colons instituent des unités politiques souveraines mais sans référence, sans modèle préétabli pour fabriquer leur propre législation. Pas de placage institutionnel et aucune subordination politique des lois des colonies par rapport à la métropole ; ce sont des institutions autonomes, une fondation de cités autonomes.

La colonisation est l’effet de la prospérité dans la métropole et s’insère dans le mouvement de réveil, de développement, d’expansion de l’ensemble de ces sociétés (concernant Sparte et Athènes le mouvement n’a débuté que vers 675 av. JC environ).

Concernant l’organisation dans les colonies, le lieu politique essentiel de la cité, l’agora, était dès l’origine inscrit dans le plan urbain. On peut penser aussi (voir Finley pour la Sicile) que les nouveaux habitants se partageaient en lots égaux les terres de la colonie, avec une exception pour le fondateur, l’apoikistès ou oikistès à qui était accordé une propriété plus grande.

Ce grand mouvement historique de colonisation est le signe et le point de départ d’une nouvelle création imaginaire politique – la polis autonome – la notion d’autonomie, signification politique, est déjà là au milieu du VIII° siècle av. JC quand les premiers colons grecs fondent Naxos et Cumes, presque deux siècles avant les mouvements du dèmos en Grèce propre.

1.1.2 CARACTÉRISTIQUES PARTICULIÈRES

1.1.2.1 Un processus historique

La démocratie grecque n’est à aucun moment un « état de choses » mais bel et bien un processus historique par lequel certaines communautés s’auto-constituent, de façon plus ou moins explicite, comme communautés de citoyens libres. Seul ce processus importe. Il n’est à aucun moment une « constitution » donnée une fois pour toutes.

Une activité politique aussi longtemps qu’elle est féconde est une période de transformation perpétuelle.

1.1.2.2 Un premier mouvement d’autonomie sociale

C’est un premier mouvement d’autonomie sociale en ce sens que la société conteste sa propre institution, et que cette mise en cause de sa propre loi et la transformation de cette loi se font de façon explicite, en fonction d’une activité politique publique dans et par le logos, la discussion, le conflit des opinions, et pas simplement comme violence aveugle. Ce n’est donc pas simplement la démocratie conçue comme règne de la loi, ou liberté des citoyens, ou comme égalité. Cette mise en question de l’institué n’est pas allée jusqu’au bout, n’a pas été totale, d’où les limitations : esclaves, condition des femmes, rapports à d’autres cités ou à d’autres peuples (ce sont des aspects, des implications). La création n’a pas abouti à un régime parfait qui représenterait un modèle perdu.

1.1.2.3 Cercle de création de la démocratie : vigilance et courage

La démocratie est le régime qui exige des citoyens le plus de vigilance et de courage pour être maintenu. Finley dans « Démocratie Antique et démocratie moderne » : malgré les défauts du système social et des idées morales de l’antiquité, la pratique des discatèria (jurys) et de l’Ekklèsia (assemblée) élevait le niveau intellectuel d’un simple citoyen d’Athènes bien au-dessus de ce qu’on a jamais atteint dans une autre agglomération d’hommes, antique ou moderne… Il est appelé, dans ce type d’engagements, à peser les intérêts qui ne sont pas les siens, à consulter en face de prétentions contradictoires une autre règle que ses penchants particuliers, à mettre incessamment en pratique des principes et des maximes dont la raison d’être est le bien public.

Si le gouvernement démocratique présuppose des citoyens vigilants et courageux, cette vigilance et ce courage sont en même temps un résultat du gouvernement démocratique. C’est un cercle de création. Hansen dans « La Démocratie athénienne » (page 364) : C’était bien les institutions politiques qui façonnaient l’homme et la vie démocratique, pas l’inverse.

1.1.2.4 Lien entre démocratie et esclavage

Le développement quantitatif de l’esclavage est plus lié dans l’Athènes du V° siècle av. JC à l’ « impérialisme athénien » qu'à la démocratie athénienne. Lorsque les premiers mouvements démocratiques se constituent et commencent à prendre le dessus, ils le font dans des cités où l’esclavage proprement dit est économiquement et sociologiquement marginal. L’esclavage a eu une importance extrêmement réduite, presque occasionnelle dans les cités où s’est développée la démocratie (non suffisante, non nécessaire). C. Mossé dans l’article « Esclavage » de son Dictionnaire de la civilisation grecque (Bruxelles, Complexe, 1998) : « On a avancé parfois que c’est précisément cet esclavage qui a permettait le fonctionnement de la démocratie, en libérant les citoyens des tâches pratiques. Mais c’est là une vue de l’esprit. D’abord parce que tous les Athéniens n’avaient pas une activité politique constante. Ensuite, parce que le plus grand nombre d’entre eux étaient obligés de travailler pour vivre. Les citoyens athéniens n’étaient pas tous des oisifs vivant du travail de leurs esclaves. La majorité d’entre eux, paysans, artisans, petits commerçants, pêcheurs, vivaient de leur travail, et c’est bien pourquoi on les distinguait mal des esclaves travaillant à leurs côtés. » (p 209). En Attique, il y avait un petit nombre de citoyens riches, une majorité d’Athéniens libres mais pauvres, et des esclaves.

Tout athénien savait qu'à la guerre, s’il n’était pas tué, il pouvait être fait prisonnier et réduit en esclavage. Mais nul ne peut être esclave dans sa propre cité – on peut l’être ailleurs.

Le mouvement démocratique à Athènes consistera à donner des droits politiques aux paysans et aux artisans dans la cité : bien que les activités purement productives étaient souvent considérées par les Athéniens comme sans intérêt, barausique, la vraie liberté humaine supposant de disposer de son temps, de n’être pas contraint à un travail productif.

1.1.2.5 Déclin de la démocratie

A Athènes, à partir de la guerre du Péloponnèse, la capacité oratoire va se dégrader, il y a eu la montée de la flatterie du dèmos, de ses penchants et de ses instincts les plus bas par les rhéteurs (notamment et justement énoncé par Platon). Dans et par la guerre du Péloponnèse, l’échec de la démocratie semblait démontrer que le peuple n’est pas capable de s’autolimiter, de poser et de dire le droit, de se gouverner correctement. Il n’est pas de régime immunisé contre toute dégénérescence.

Malgré cette autodestruction et l’écrasante défaite d’Athènes, la vitalité du dèmos et de l’esprit démocratique est telle qu’Athènes pourra à deux reprises restaurer la démocratie : une première fois en renversant le régime oligarchique des Quatre cents (411 – 410 av. JC), une seconde fois en faisant chuter les Trente tyrans (gouvernement imposé par Sparte) ; elle pourra pendant tout le IV) siècle av. JC jusqu’à 338 av. JC (date de la domination de la Macédoine) connaître une période historique très remarquable avec une floraison intellectuelle, un approfondissement de la démocratie interne et la restauration de la puissance de la cité.

1.2 LA POLITEIA DES ATHENNIENS, L’INSTITUTION POLITIQUE D’ATHENES

1.2.1 DÉMOCRATIE S'OPPOSE à « oligarchie » ou à « aristocratie »

Il y a opposition entre le dèmos et les aristoi (les meilleurs) ou les oligoi, (les peu nombreux).

Les meilleurs sont les familles nobles qui revendiquent un héros pour ancêtre, par la suite cette aristocratie s’élargira aux citoyens les plus riches à partir du VII° siècle av. JC notamment suite au développement de la vie économique. Au VII° siècle av. JC Solon définit par sa réforme les droits politiques des différentes catégories de la population et établit la timocratie : les droits politiques sont fonction de la richesse de chacun. Puis au IV° siècle cette organisation sera progressivement vidée de son contenu pour ce qui touche aux droits mais pas pour les devoirs politiques inhérents à la position économique notamment les obligations telles les « liturgies », obligation pour les riches de fournir la cité sans contrepartie soit un navire ou l’armement d’un navire ou encore le financement de la mise en scène d’une tragédie pendant la fête civique des Dionysies. Dès le milieu du V° siècle av. JC, pour les thètes qui constituent la classe la plus pauvre, les limitations ou incapacités seront réduites à presque rien, il leur restera simplement interdit d’exercer la charge d’archonte, devenue alors purement honorifique.

1.2.2 DIVISIONS CRÉÉES PAR SOLON et les quatre classes :

Les pentakosiomedimnoi : les plus riches, ceux dont le revenu est au moins équivalent à 500 médimnes, ou mesures de blé. (1 médimne = environ 50 litres)

Les hippeis : les chevaliers, ceux qui peuvent entretenir un cheval pour aller faire la guerre.

Les hoplites : les plus nombreux, ce sont les citoyens à qui leur bien ou le produit de leur travail permettent d’avoir des armes pour participer à la guerre comme fantassins.

Les thètes : ceux qui ne gagnent pas assez pour acheter des armes et les entretenir, longtemps exclus de la participation du combat ou ils accompagnent l’armée comme psiloi sans être armés eux-mêmes sauf d’arcs et de frondes. Mais grâce à Thémistocle, avec le développement de la flotte, les thètes fourniront les marins et joueront un rôle crucial dans toute la politique maritime d’Athènes. Ce rôle devient très important au V° siècle av. JC.

A partir du moment où le régime démocratique est établi on a un dèmos au sens large et « démocratie » veut dire pouvoir du peuple, souveraineté de la collectivité.

1.2.3 DÉFINITION DU CITOYEN (selon Aristote, « politique », livre III, 1275a6)

Le citoyen est celui qui a part au jugement au sens judiciaire, krisis, et au pouvoir, arktè, mais aussi celui qui sait également gouverner, arkhein, et être gouverné, arkhesthai.

1.2.4 LIMITES à l’auto-institution démocratique en Grèce

La limite centrale est la définition du corps des citoyens. Dans la polis, sont citoyens les adultes mâles libres. A Athènes, la loi définit comme citoyen celui dont l’un des deux parents est athénien ; puis à l’époque de Périclès, celui dont les deux parents sont athéniens.

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