Contre les elections
Titre : | Contre les élections |
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Auteur(s) : | David Van Reybrouck |
Résumé Court : | Livre de wikipediafr:David Van Reybrouck (fondateur du G1000)
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Sommaire |
1 Contre les élections - Fiche de lecture
- Origine : Fichier:Contre les élections.pdf
1.1 Chapitre I : SYMPTÔMES
L’idée de la démocratie est acquise par de plus en plus de gens. On compte aujourd’hui 117 démocraties électives (fondées sur le principe de l’élection) sur un total de 195 pays. Pour autant, l’individualisation et le consumérisme auraient laminé la capacité d’implication critique du citoyen au point au point de transformer en tiédeur sa foi en la démocratie.
- Tout système politique doit trouver un équilibre entre deux critères fondamentaux :
- - L’efficacité : mise en œuvre des solutions aux problèmes
- - Légitimité : dans quelle mesure les habitants sont-ils en accord avec ces solutions.
- Les démocraties occidentales sont confrontées à une crise de l’une et l’autre :
- Légitimité :
- o L’abstention grandissante
- o Inconstance des électeurs
- o Perte en effectif des partis politique
- Efficacité :
- o Mise en œuvre des solutions de plus en plus longues
- o Attaque sévère de l’opposition
- o Lenteur e l’action publique
- o Impuissance comme maître mot
Il apparaît un syndrome de fatigue démocratique.
1.2 Chapitre II : DIAGNOSTICS
1.2.1 A. C’est la faute des hommes politiques – diagnostic du populisme
Les populistes sont des entrepreneurs politiques qui s’efforcent de conquérir la plus grosse part de marché possible. Même si les remèdes populistes ne conviennent pas, certains diagnostiques populistes peuvent être valables.
1.2.2 B. C’est la faute de la démocratie : le diagnostic de la technocratie
Si la rapidité est la preuve de l’efficacité, le système politique le plus efficace c’est la dictature. A court terme la réponse technocratique apparaît comme efficace. Mais dès que la gestion cherche à comprimer les dépenses, la confiance aux spécialistes fond comme neige au soleil. La politique ce n’est pas que de la gestion.
1.2.3 C. C’est la faute de la démocratie représentative
Le diagnostic de la démocratie directe : le syndrome de la fatigue démocratique vient de la faiblesse de la démocratie représentative mais ni l’antiparlementarisme ni le neoparlementarisme ne parviendront à renverser la situation parce qu’aucune de ces deux approches n’explore l’idée de la représentation.
1.2.4 D. C’est la faute de la démocratie représentative élective
Un nouveau diagnostic : nous sommes devenus des fondamentalistes des élections comme si l’élection n’était pas qu’une méthode pour contribuer à la démocratie. Or les élections sont nées dans un contexte complètement différent de celui où elles sont utilisées aujourd’hui (schéma n° 1 : les élections à travers les âges). Le parlementarisme était la réponse de la bourgeoisie du 18eme siècle à l’absolutisme de l’ancien régime. Ce système stable a été transformé radicalement à partir des années 1980 par la pensée néolibérale. Par exemple, les chiffres d’audience devinrent les cours de Bourse quotidien de l’opinion publique. La majorité des citoyens jouent un rôle passif, docile et même apathique qui ne consiste qu’à réagie aux signaux qu’on leur envoie. Dans les coulisses de ce petit jeu électoral, la véritable politique prend forme dans le cadre de contacts directs entre les gouvernements élus et les élites qui représentent surtout les intérêts des milieux d’affaires. La fièvre électorale est devenue permanente : l’efficacité souffre de calculs électoraux, la légitimité de la volonté de se mettre en avant. Ce qui entraîne la défaite à long terme de l’intérêt général.
1.3 Chapitre III : PATHOGENESE
1.3.1 A. Une procédure démocratique
Le tirage au sort sous l’Antiquité et la Renaissance : Survol historique sous forme de schéma. Dans la démocratie Athénienne le tirage au sort concernait les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. La combinaison du sort et de l’élection produisait un système jouissant d’une grande légitimité et capable en même temps d’efficacité.
1.3.2 B. Une procédure aristocratique : les élections (18e siècle)
Les élections sont apparues comme une solution à une démographie grandissante, à une extension des territoires, mais le tirage au sort n’était pas souhaitable pour les révolutionnaires du 18e. La démocratie était l’équivalent du chaos et de l’extrémisme. Dans ce contexte le terme de république paraissait plus noble que celui de démocratie. Donner le pouvoir au meilleur et au plus sage -> aristocratie. Cf Abbé Sieyès « la France ne doit pas être une démocratie (…) le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants ». Les révolutions ont chassé une aristocratie héréditaire par la remplacer par une aristocratie librement choisie («élective »).
1.3.3 C. La démocratisation des élections (19e et 20e siècle)
Les élections n’ont jamais été conçues comme un instrument démocratique. Grace à l’élargissement progressif du droit de vote, cette procédure aristocratique s’est intégralement démocratisée, sans se défaire de la distinction oligarchique fondamentale.
1.4 Chapitre IV : REMEDES
Histoire contemporaine de ce qui se fait pour revenir vers la démocratie.
1.4.1 A. Le retour en force du tirage au sort avec la démocratie délibérative (fin du 20e) : cf James Fishkin.
Ne pas limiter la participation des citoyens à la possibilité de manifester, de se mettre en grève, de signer des pétitions mais doit s’ancrer dans les mécanismes institutionnels. Le processus de délibération rend les citoyens nettement plus compétents, affine leur jugement et sensibilise à la complexité de la prise de décision. La composition d’un échantillon représentatif est une opération coûteuse. L’autosélection renforce l’efficacité, le tirage au sort la légitimité.
1.4.2 B. Le renouveau démocratique dans la pratique (2004-2013)
Description de 5 processus participatifs (2 au Canada, 1 Pays Bas, 1 en Islande, 1 en Irlande). L’islande à inviter les citoyens à réécrire la Constitution – cet exemple constitue l’exemple le plus réussi de démocratie délibérative. La question de la compétence et de la légitimité des citoyens tirés au sort est discutée.
1.4.3 C. Le renouveau démocratique dans l’avenir
Des assemblés tirées au sort : description des 5 principales propositions mises en place (1 USA, 2 au Royaume-Uni, 1 en France, 1 UE). En résumé, ces propositions concernent :
- a. De grandes entités (pays)
- b. L’expérience du tiré au sort ne doit durer que quelques années et doit être bien rémunérée
- c. Les tirés au sort doivent être formés avec l’appui de spécialiste de la question traitée
- d. Le corps tiré au sort ne doit pas être isolé d’un corps élu mais un complément
- e. Il est toujours question du tirage au sort d’une chambre législative
1.4.4 D. Esquisse d’une démocratie basée sur le tirage au sort
Il faut procéder par étapes, il s’agit bien, à terme, de remplacer la démocratie élective.
- a. Pour élaborer une seule loi
- b. Pour élaborer toute les lois d’un certain domaine public
- c. Améliorer la qualité des délibérations dans le cadre d’une initiative citoyenne ou d’un référendum
- d. Pour remplacer une chambre élue d’un système bicaméral
- e. Prendre en charge tout le processus législatif à la place d’une législature élue
Si l’on traite le citoyen autonome comme du bétail électoral, il se comportera comme tel, mais si on le traite en adulte, il se comportera en adulte. Avec le tirage au sort, le risque de corruption est atténué, la fièvre électorale se dissipe, l’attention pour le bien commun se renforce. Le système bireprésentatif est actuellement le meilleur remède au syndrome de fatigue démocratique dont souffre tant de pays.
1.5 CONCLUSION
Sans une réforme drastique, le système actuel n’en a plus pour longtemps. Quand on voit la montée de l’abstentionnisme, la désertion des militants et le mépris qui frappe les politiciens, quand on voit la difficile gestation des gouvernements, leur manque d’efficacité et la dureté de la « correction » infligée par l’électeur à l’issue de leur mandat, quand on voit la rapidité du succès du populisme, de la technocratie et de l’antiparlementarisme, quand on voit le nombre croissant de citoyens qui aspirent à plus de participation, et la vitesse à laquelle cette aspiration peut se muer en frustration, on se dit : il est moins une. Notre temps est compté.