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− | L’épargne lucrative est un patrimoine que l’on ne consomme pas mais dont on tire un revenu. Les dépôts et les rendements ne seront pas du tout à la même échelle que ceux de l’épargne d’usage, et le revenu de l’épargne sera ponctionné sur le travail d’autrui. | + | '''L’épargne lucrative est un patrimoine que l’on ne consomme pas mais dont on tire un revenu.''' Les dépôts et les rendements ne seront pas du tout à la même échelle que ceux de l’épargne d’usage, et le revenu de l’épargne sera ponctionné sur le travail d’autrui. |
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− | La dette ne se nourrit pas que de l’appropriation privée de la valeur créée par le travail d’autrui, mais aussi de la création monétaire par le crédit bancaire – ce qui fait de la monnaie, expression de la valeur créée par notre travail, une dette. Le capitalisme endette les peuples pour leur fournir de la monnaie. | + | '''La dette ne se nourrit pas que de l’appropriation privée de la valeur créée par le travail d’autrui, mais aussi de la création monétaire par le crédit bancaire – ce qui fait de la monnaie, expression de la valeur créée par notre travail, une dette.''' Le capitalisme endette les peuples pour leur fournir de la monnaie. |
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Version du 6 octobre 2013 à 17:09
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Sommaire |
1 OUVERTURE POSSIBLE
1.1 Le salaire, du pouvoir d’achat au pouvoir économique
Le pouvoir économique est à comprendre à la fois comme maîtrise et comme nouvelle définition de la valeur économique. Il s’agit de maîtriser la valeur économique pour en changer le sens.
Suppression du marché du travail et de la mesure de la valeur par le temps de travail, attribution à tous d’une qualification et d’un salaire à vie, suppression du crédit et de la propriété lucrative par une cotisation «économique et une création monétaire articulée à la qualification : le salaire fonde ces possibles parce qu’il les pratique déjà à grande échelle et avec une remarquable efficacité.
La convention salariale du travail abolit le « nous avons contribué, nous avons droit » et le remplace par « nous avons droit à la qualification personnelle et donc au salaire à vie. »
Un régime de répartition, puisqu’il n’est pas fondé sur l’accumulation d’un capital, peut se créer et distribuer des prestations du jour au lendemain.
C’est ce qui s’est fait en 1947 pour L’AGIRC. Un régime par répartition socialise le salaire au temps t, il ne le transfère pas du temps t-1 en t comme s’il s’agissait d’une prévoyance.
La revendication est : 100 % du meilleur salaire à 60 ans quelle que soit la durée de carrière ou la somme des cotisations ; la pension s’est construite non pas sur « nous avons cotisé, nous avons droit à un revenu différé » ou « nous avons travaillé, nous avons droit à un repos mérité » mais sur le révolutionnaire « nous avons enfin une qualification personnelle et un salaire à vie, nous pouvons maîtriser enfin notre travail ». L’impossibilité d’énoncer cette proposition tient à l’attachement à la représentation de la contrepartie du salaire en travail, et donc de la pension en travail passé.
Les deux dimensions du salaire : la qualification personnelles et la cotisation finançant du salaire.
Le salaire ne relève ni du pouvoir d’achat ni de la contrepartie, ni des besoin des travailleurs ni de la mesure de son temps de travail, il repose sur une autre mesure de la valeur économique, celle de la qualification, et ouvre la perspective de l’affirmation de la capacité de chaque salarié – et du salariat pris comme ensemble d’institutions alternatives à celles du capital – de décider de la valeur économique et de sa mesure.
L’enjeu du salaire c’est la sortie du capitalisme, se passer des capitalistes. Non pas de le contenir, non pas de bouger le curseur de la répartition de la valeur ajoutée en faveur du salaire et au détriment du profit mais de se passer des capitalistes, d’affecter toute la valeur ajoutée au salaire y compris la part qui doit aller à l’investissement. Aucun besoin pour travailler d’employeurs, d’actionnaires, de prêteurs.
1.2 Qu’est-ce que travailler ?
Le lien entre salaire et travail n’est pas celui qu’on lui accorde volontiers quand on dit que le salaire est le prix du travail ou que le travail est une activité rémunérée.
L’enjeu su salaire n’est pas dans la hausse du pouvoir d’achat concédé à des mineurs économiques mais dans un possible changement de la valeur économique, décisif pour l’émancipation de travail et des travailleurs ayant conquis leur majorité.
Les luttes syndicales ont abouti à la construction d’institutions salariales qui offrent une forme alternative d’abstraction du travail. Leur affirmation par une action politique clairement assumée et conduite rendra possibles l’éviction des propriétaires lucratifs et une démocratisation de la maîtrise de la valeur à un niveau jusqu’à présent inconnu.
la qualification et sa mesure du travail abstrait, la cotisation sociale finançant le salaire socialisé, les institutions représentatives des salariés comme les syndicats et les comités d’entreprise, le droit du travail, la négociation collective, l’ordre public social. Elles sont les prémisses du salariat, qui se constituera comme alternative au capital si elles se généralisent comme qualification universelle et se substituent aux institutions de la convention capitaliste du travail. Modification de InstitutionSalariale |
La dynamique des sociétés repose sur ce qui est défini et pratiqué comme valeur économique, cela détermine la production des valeurs d’usage.
S’il y a des productions de valeur d’usage qui ne sont pas du travail c’est donc qu’on ne peut définir le travail simplement par l’action intentionnelle sur la nature en vue de la production de valeur d’usage. La production de valeur d’usage est une condition nécessaire du travail mais elle n’est pas suffisante. Modification de DynamiqueSociete |
La valeur d’usage des productions et les types de travail concrets à promouvoir sont déterminés par une question centrale.
La question est : comment est définie la valeur économique ? Qui en décide ? Qui en détient les clés ?
Car ce qui importe c’est la maîtrise de la valeur économique sans laquelle il n’y a aucune maîtrise de la valeur d’usage et du travail concret, et débattre de la définition de la valeur économique et du travail abstrait du capital.
La crise de la définition du travail, aujourd’hui manifeste peut être l’occasion de mettre en débat la valeur économique, le travail abstrait, tels que les définit le capital et de montrer que nous avons à notre disposition des institutions salariales qui définissent la valeur économique et le travail abstrait d’une manière contradictoire à la définition du capitalisme, que nous disposons dans le salaire d’un déjà-là émancipateur du travail.
Expression monétaire du travail abstrait, le salaire nous plonge au cœur du conflit de définition de la valeur économique.
La valeur économique est une affaire de pouvoir
L’attribution d’une valeur économique à une valeur d’usage renvoie aux rapports sociaux fondamentaux de la société, donc au pouvoir. C’est un construit social et pas un phénomène naturel. Le pouvoir appartient à celui qui décide de ce qui, parmi les biens et services produits, a non seulement une valeur d’usage mais aussi une valeur économique et de quel montant, la valeur économique s’évaluant en monnaie. Modification de ValeurEconomiquePouvoir |
Il nous faut dénouer valeur d’usage et valeur économique. Dire que le travail est une activité qui produit de la valeur économique est très différent de dire que le travail est une activité rémunérée.
C’est la majorité sociale qui se joue dans le travail.
La convention capitaliste du travail peut être supprimée et remplacée par une autre convention du travail déjà-là qui est la convention salariale et qu’une action politique déterminée peut conduire à maturité.
Le produit intérieur brut qui mesure la valeur économique, et donc le travail, de l’année inclut bien davantage de travail que le seul travail dans son acceptation capitaliste : le travail des fonctionnaires, par exemple, bien que fait par des non-forces de travail et produisant du non-marchand en dehors de tout marché du travail et de toute propriété lucrative, est considérée comme producteur de valeur économique et à ce titre contribue au PIB. Quand on additionne les cotisations sociales, les salaires directs des fonctionnaires et la part des revenus des travailleurs indépendants qui ne relèvent pas de la convention capitaliste du travail on arrive au tiers du PIB. Modification de ConventionTravailDejaLa |
Si on appelle « activité » la production de valeur d’usage, donc biens et services utiles, il n’y aura « travail » que si cette activité s’inscrit dans un cadre qui ajoute à la production de valeur d’usage de la production de valeur économique. Modification de ActiviteTravail |
Il est important de parler de convention car qu’il soit, selon les sociétés, désigné ou non comme travail, le travail concret est un invariant anthropologique, tout comme l’est la production de valeur économique qui est, dans le capitalisme, mesuré par le travail abstrait.
Le travail est un contrat social qui varie d’une société à une autre, il n’y a pas d’essence du travail transversale à toutes les sociétés.
On ne peut pas définir le travail par la valeur d’usage qu’il produit car selon la société ou l’époque la production de n’importe quelle valeur d’usage est ou n’est pas du travail, toute production de valeur d’usage n’est pas du travail et la part de la production de valeur d’usage qui est menée comme du travail change en permanence. Exemple : l’accompagnement des mourants. Dès lors que nous produisons de la valeur d’usage, les retraités en produisent ni plus ni moins que les autres, ce n’est pas ce que nous faisons, le type de valeur d’usage que nous produisons, qui fait que nous travaillons ou non. Modification de TravailContratSocial |
Pas plus qu’il n’y a de contenu universel du travail concret producteur de valeur d’usage, il n’y a de définition universelle de la valeur économique et du travail abstrait.
L’emploi du privé, le grade des fonctionnaires ou le salaire à vie des retraités ne renvoient pas aux mêmes acteurs s’agissant de la maîtrise de la valeur économique et conduisent à des définitions différentes de cette valeur et donc du travail. Ce conflit de valeur est fondamental. Le travail abstrait dans l’emploi n’est pas celui que l’on trouve dans le grade ou dans le salaire à vie. Il n’y a d’essence ni du travail, ni de la monnaie, ni du salaire, ce sont des constructions sociales toujours en mouvement, marquées par des contradictions des rapports sociaux. |
Pour libérer le travail du carcan capitaliste, nous pouvons nous appuyer sur le salaire à condition de nous défaire de sa lecture en termes de pouvoir d’achat pour mesurer tout ce dont il est porteur en terme de pouvoir sur la valeur économique.
La rémunération exprime certes la subordination des travailleurs à la convention capitaliste du travail mais le salaire s’est affirmé contradictoirement à elle.
Les deux institutions centrales du salaire construites au XX°, qui sont subversives des institutions centrales du capital que sont la propriété lucrative, le marché du travail, la valeur-travail et le crédit, sont la qualification (qualification des postes dans l’emploi privé et surtout celle des personnes dans le grade des fonctionnaires ou dans le salaire à vie des retraités) et la cotisation sociale finançant du salaire socialisé et sont porteuses d’une nouvelle convention tant de la valeur économique que du travail.
1.3 Quel salaire ?
L’enjeu du salaire c’est de changer la convention sociale de la valeur économique. Le salaire est en effet affaire de valeur économique et non pas de la valeur d’usage et toute réflexion sur l’enjeu du salaire doit être une réflexion sur la valeur économique. La valeur économique est l’évaluation monétaire, déterminée par les rapports sociaux, d’une partie des valeurs d’usage. Elle n’a donc rien de naturel. La valeur économique est une convention sociale.
Le salaire est une institution considérable. Il est fort par son poids : 60% du PIB va au salaire). Il est fort par son contenu : pour plus de la moitié, il est fait de cotisations sociales et de salaires de fonctionnaires qui subvertissent la convention capitaliste du travail et sont aussi porteurs d’une alternative au capitalisme.
Le salaire, c'est-à-dire le salaire total, est le salaire net plus les cotisations (salariées et employeurs), le salaire brut plus les cotisations employeurs. Le salaire direct n’est qu’une partie du salaire total ; à la valeur créée dans l’emploi correspondant au salaire direct et au profit s’ajoute la valeur des biens et services non marchands créés par les destinataires des cotisations (qu’il s’agisse des soignants pour l’assurance maladie ou des retraités pour la vieillesse avec les cotisations sociales).
Le salaire total d’une personne est du salaire parce que les cotisations financent du salaire et non pas du revenu ou de la prévoyance et ce n’est pas totalement le salaire de cette personne car cette personne n’est pas à l’origine de la valeur économique exprimée par les cotisations liées à son emploi, une valeur qui devrait ainsi lui revenir quand cette personne serait malade ou retraitée sous forme de « salaire différé ».
La cotisation finance non pas du salaire différé mais du « salaire socialisé ». C’est la reconnaissance d’une valeur non marchande produite par les soignants, les retraités, les chômeurs, les personnes en arrêt de maladie, les parents, et incorporée dans le prix des marchandises.
De ce prix est tiré un flux de monnaie qui va payer les soignants, les retraités ou les parents, un flux de monnaie qui retournera aux marchandises puisque les pensions, salaires et allocations ainsi distribuées seront dépensés : ce flux de monnaie dans les deux sens est ainsi une opération blanche et n’est en aucun cas un flux de valeur.
Par ordre d’importance dans l’histoire de la Sécurité sociale française sont la cotisation familiale, la cotisation vieillesse, la cotisation maladie et la cotisation chômage.
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La cotisation s’est construite comme une subversion du marché du travail et une attribution de valeur non marchand.
Depuis les années 1990 et à l’échelle européenne la pression réformatrice est énorme pour « mettre la protection sociale au service de l’emploi » : utiliser le chantage à l’emploi pour geler et réduire les taux de cotisation. Le rapport Cotis (rapport de mission au président de la République, 2009) a bien mis en évidence le gel voire le recul du taux de cotisation en France. La baisse du taux global de cotisation (employeur plus salarié) depuis 1998 ne s’était jamais vue et a comme effet la mise en difficulté de régimes qu’il s’agit donc de « sauver en urgence » par une réduction des droits. L’effet est politique aussi car il permet une légitimation du crédit lucratif avec la lise en place de la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) en 1996 et une délégitimation des institutions du salaire, lisible par exemple dans les priorités revendicatives des syndicats, centrées sur l’emploi au détriment du salaire.
Inverser le mouvement en remettant le salaire au cœur du conflit salarial est fondamental. Cela suppose une appréciation aigüe de l’enjeu du salaire comme levier d’une marginalisation de la convention capitaliste du travail et d’une autre définition de la valeur économique.
1.4 La qualification et sa réforme
La valeur-travail n’est pas la seule forme de travail abstrait et une activité peut être transformée en travail sur la base d’une autre abstraction, la qualification ; le salaire n’étant pas le prix d’une quantité de temps de travail comme le veut la définition capitaliste du travail abstrait mais la reconnaissance d’une qualification.
La qualification a trois supports : le grade de la fonction publique, l’emploi du secteur privé, le diplôme protégé des professions libérales.
Les trois supports sont :
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La fonction publique n’est pas l’emploi à vie mais le salaire à vie car la qualification et donc le salaire est l’attribut du fonctionnaire, et non pas son poste de travail comme dans le privé. La qualification personnelle vaut salaire quelle que soit l’implication, la productivité ou l’assiduité car elle assume la reconnaissance de son titulaire comme source de travail abstrait, comme producteur de valeur économique quoi qu’il en soit de son activité dans son poste de travail.
La qualification de la personne est doublement subversive de la convention capitaliste du travail puisqu’elle s’attaque et à la valeur (ce que fait aussi la qualification du poste dans l’emploi) et au marché du travail (ce que ne fait pas l’emploi). D’une part elle s’est étendue du fait de la croissance des fonctionnaires et des professions libérales dans la population active (plus d’un tiers entre 1980 et 2008, deux fois plus vite que l’emploi total), d’autre part la qualification personnelle a gagné les salaires du privé eux-mêmes, indirectement dans ce qu’on appelle les « marchés internes », et directement chez les retraités dont la pension est proche du salaire d’activité.
La qualification, même affectée au poste de travail dans l’emploi, peut devenir indirectement la qualification de la personne : Banque, sidérurgie, SNCF, EDF échappant en interne à la logique du marché du travail et ayant, pour le personnel permanent, des statuts et des dispositifs conventionnels avec des hiérarchies de qualification et des grilles de salaire correspondantes et respectées par les employeurs. La dynamique de l’emploi a aussi marginalisé le marché du travail en créant des marchés internes de grandes entreprises ou de branche, avec des tarifs, des règles de mobilité, de conditions de travail, des règles de l’embauche et du licenciement, l’emploi se définissant alors comme « poste de travail support de la qualification ». Pour la retraite, lorsqu’un salarié accède à la retraite avec une pension proche de son meilleur salaire, c’est ce qui était jusqu’ici la qualification de ses vingt-cinq meilleures années de poste, cette qualification devient la sienne. Désormais c’est lui qui est qualifié, il a un salaire à vie ; qualifier c’est attribuer un salaire à vie ; un retraité du privé est enfin qualifié en ce cas. Affecter la qualification à la personne et non pas à l’emploi est émancipateur. Modification de QualificationPersonne |
1.5 La cotisation et sa réforme
La cotisation sociale exprime une pratique de la valeur économique contradictoire avec celle du capital. La cotisation est non seulement une ponction sur la valeur ajoutée alternative à la propriété lucrative et à l’emploi, mais encore un ajout de valeur subversive de la valeur-travail. Elle donne un autre sens au travail abstrait, elle crée le chemin de la sortie du marché du travail. Démonstration concrète de l’inutilité de l’accumulation financière et du crédit, elle peut libérer du chantage des prêteurs, comme elle le fait pour les équipements qu’elle finance, ainsi que de la création monétaire comme dette par le crédit.
Cotiser n’est pas la même chose que de payer un impôt, contribuer à un revenu différé, ou affecter à la Sécurité sociale une partie des revenus d’une propriété lucrative. C’est du salaire socialisé, ce que ne sont ni le salaire fondé sur l’emploi, ni l’impôt sur le revenu, ni une taxe sur le profit, ni une prévoyance en vue d’un revenu différé. Cette différence est décisive pour qui n’identifie pas salaire et pouvoir d’achat, mais rapporte le salaire à la maîtrise et au changement de sens de la valeur économique.
La cotisation fait une ponction révolutionnaire sur la valeur ajouté qui est différente à un financement pris sur les profits distribués aux propriétaires lucratifs, au salaire direct lié à l’emploi et à l’impôt. La réussite de la cotisation dans le financement des engagements à long terme des pensions montre qu’il n’y a pas besoin d’accumulation financière pour assurer le futur en général, et financer l’investissement en particulier.
Le prélèvement sur la valeur ajoutée qui va au profit se fait au nom de la propriété lucrative. La propriété d’instruments de production ou d’un portefeuille de titres rend possible la ponction d’une partie de la valeur ajoutée en train d’être produite. La cotisation s’oppose à cette ponction. Contre une croyance en une accumulation des valeurs par les « marchés », la cotisation rappelle qu’on ne peut investir qu’une part de la valeur en train d’être produite et donne la clé de la suppression de la propriété lucrative et du crédit.
Jusqu’à l’invention de la Sécurité sociale, tout accident de santé obligeait à emprunter ou à alimenter la rente des actionnaires des compagnies d’assurances. En ponctionnant la valeur ajoutée au nom du salaire socialisé pour financer la santé ou la vieillesse qui l’étaient jusque là par le prêt ou l’investissement des propriétaires, la cotisation sociale met en évidence l’inutilité de la propriété lucrative et du crédit lucratif. La croyance dans l’épargne comme accumulation de valeur peut dès lors être combattue. Ce qui s’accumule dans l’ « épargne ce n’est pas de la valeur mais des droits sur la valeur qui sera en cours de production au moment où l’épargne sera transformée en monnaie. L’épargne accumule des droits de propriété sur la monnaie, expression de la valeur reconnue au produit du travail de l’année où se finit cette épargne. L’épargne ne peut jamais se substituer au travail, ni s’y ajouter. Nous savons depuis Adam Smith (1776) que la « richesse des nations », c’est leur « travail annuel ». Modification de CotisationPonctionValeurAjoutee |
L’épargne d’usage permet de se constituer une propriété d’usage ; l’épargnant d’usage ne ponctionne aucune valeur produite par le travail d’autrui puisqu’il ne fait que récupérer le pouvoir d’achat de ses dépôts et (éventuellement) sa participation à la croissance du PIB.
On ouvre un compte sur livret en vue de l’achat d’un appartement ou d’une voiture, car il s’agit d’une dépense qui excède le flux courant des revenus mensuels. L’épargnant d’usage accumule des dépotes réguliers pris sur les revenus de son travail et bénéficie d’un taux d’intérêt de 1,2 ou 3 % qui correspond à la hausse des prix et éventuellement à une part de la croissance du PIB à laquelle il a au demeurant participé par son travail. Lorsqu’il demande au banquier de convertir cette épargne en monnaie, il ponctionne sur la monnaie en cours, et donc sur une partie du travail en cours. Ce livret est un cumul de droits sur la valeur produite par le travail au moment de la conversion de l’épargne en monnaie. L’épargne d’usage peut être remplacée par le crédit d’usage dès lors que le taux d’intérêt, égal à la hausse des prix plus, éventuellement, la croissance du PIB, ne représente pour le prêteur aucune ponction sur le travail d’autrui. |
L’épargne lucrative est un patrimoine que l’on ne consomme pas mais dont on tire un revenu. Les dépôts et les rendements ne seront pas du tout à la même échelle que ceux de l’épargne d’usage, et le revenu de l’épargne sera ponctionné sur le travail d’autrui.
Par exemple : le repreneur, l’ "investisseur » que l’on va supplier de bien vouloir reprendre une entreprise en difficulté n’apporte en fait absolument rien. Il arrive avec des titres financiers qu’il devra transformer en monnaie pour payer les fournisseurs, machines et salariés. Cette monnaie provient de la monnaie en cours qui exprime la valeur attribuée au travail en cours ; son portefeuille est un cumul de droits de propriété sur une partie de la valeur en train d’être produite. Comme leur rendement est supérieur aux 1,2 ou 3 % de l’épargne d’usage et excède la croissance du PIB, l’argent récupéré est pris sur le travail d’autrui et ne correspond pas à son propre travail ; la ponction de l’argent qu’il fait aujourd’hui sur le travail d’aujourd’hui correspond à la somme de toutes les ponctions sur le travail d’autrui lui ayant permis la constitution de son portefeuille. La somme vient donc d’être ponctionnée sur le travail d’aujourd’hui et les sommes ayant permis de constituer progressivement le portefeuille était une ponction sur le travail d’autrui. Un prêteur, dès lors qu’il pratique des taux d’intérêt supérieurs aux 1,2 ou 3 % de l’épargne d’usage ne prête jamais que ce qu’il vient de ponctionner, ou va ponctionner sur le travail d’autrui. La croyance dans une accumulation de valeur dans des titres financiers est un des dogmes les moins discutés. Les propriétaires lucratifs des titres ne valant plus rien lors de l’éclatement de la bulle financière ont eu le poids politique d’obtenir qu’une création monétaire par les banques centrales vienne remplacer la fausse monnaie de la bulle. Ils ont aujourd’hui le poids politique d’obtenir que cette création monétaire ne soit pas à son tour création de fausse monnaie par la planche à billets, mais qu’elle corresponde bien à la valeur économique que dix ans d’austérité vont leur permettre de ponctionner. Modification de EpargneLucrative |
La dette ne se nourrit pas que de l’appropriation privée de la valeur créée par le travail d’autrui, mais aussi de la création monétaire par le crédit bancaire – ce qui fait de la monnaie, expression de la valeur créée par notre travail, une dette. Le capitalisme endette les peuples pour leur fournir de la monnaie.