Henri Guillemin - L’ÉTÉ 1914 : Différence entre versions

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« Nous arrivons au dénouement, et c’est le moment d’avoir les yeux… bien ouverts. Alors je vais partir de l’article 231 du Traité de Versailles. L’Allemagne et ses alliés, sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et dommages subis par les gouvernements alliés, en conséquence de la guerre qui leur a été imposée (qui leur a été imposée) par l’Allemagne et ses alliés.<br><br<
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« Nous arrivons au dénouement, et c’est le moment d’avoir les yeux… bien ouverts. Alors je vais partir de l’article 231 du Traité de Versailles. L’Allemagne et ses alliés, sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et dommages subis par les gouvernements alliés, en conséquence de la guerre qui leur a été imposée (qui leur a été imposée) par l’Allemagne et ses alliés.<br><br>
 
Ben ça c’est le dogme hein, c’est ce que vous trouvez dans la plupart des ouvrages. Monsieur Bourgeois par exemple dans son fameux manuel de politique étrangère, M. Bourgeois répète « la guerre a été imposée à la France et à la Russie par l’Allemagne ». Et c’est dans cet état d’esprit que j’ai grandi et que j’ai vécu, et je puis même vous dire que jusqu’à l’année dernière, avant que j’ai commencé cette enquête, j’avais la conviction que l’Allemagne était responsable de cette guerre, étant donné que l’évidence est là voyons, c’est l’Allemagne qui a déclaré la guerre, donc c’est bien elle qui est responsable.<br><br>
 
Ben ça c’est le dogme hein, c’est ce que vous trouvez dans la plupart des ouvrages. Monsieur Bourgeois par exemple dans son fameux manuel de politique étrangère, M. Bourgeois répète « la guerre a été imposée à la France et à la Russie par l’Allemagne ». Et c’est dans cet état d’esprit que j’ai grandi et que j’ai vécu, et je puis même vous dire que jusqu’à l’année dernière, avant que j’ai commencé cette enquête, j’avais la conviction que l’Allemagne était responsable de cette guerre, étant donné que l’évidence est là voyons, c’est l’Allemagne qui a déclaré la guerre, donc c’est bien elle qui est responsable.<br><br>
 
Dans le journal Le Temps, le 2 mai 1919, c’est-à-dire au moment où les plénipotentiaires allemands allaient venir discuter du Traité qui sera le Traité de Versailles, Ernest Lavisse, cet Ernest Lavisse que vous avez vu déjà à deux reprises dans mes exposés, celui qui avait écrit les « Petites histoires pour servir à l’instruction des enfants », celui qui avait écrit une histoire illustrée « Une petite histoire de France illustrée », le même Lavisse, maintenant comblé d’honneur, écrivait ceci : « Vous voilà (il s’adressait aux allemands) vous voilà devant vos juges, pour répondre du plus grand crime de l’Histoire. Vous allez mentir, car le mensonge vous est congénital, mais prenez garde, car mentir est difficile, quand on sait que ceux qui vous écoutent et vous regardent, savent que vous mentez ». <br><br>
 
Dans le journal Le Temps, le 2 mai 1919, c’est-à-dire au moment où les plénipotentiaires allemands allaient venir discuter du Traité qui sera le Traité de Versailles, Ernest Lavisse, cet Ernest Lavisse que vous avez vu déjà à deux reprises dans mes exposés, celui qui avait écrit les « Petites histoires pour servir à l’instruction des enfants », celui qui avait écrit une histoire illustrée « Une petite histoire de France illustrée », le même Lavisse, maintenant comblé d’honneur, écrivait ceci : « Vous voilà (il s’adressait aux allemands) vous voilà devant vos juges, pour répondre du plus grand crime de l’Histoire. Vous allez mentir, car le mensonge vous est congénital, mais prenez garde, car mentir est difficile, quand on sait que ceux qui vous écoutent et vous regardent, savent que vous mentez ». <br><br>

Version du 8 janvier 2016 à 19:00

Retranscription

« Nous arrivons au dénouement, et c’est le moment d’avoir les yeux… bien ouverts. Alors je vais partir de l’article 231 du Traité de Versailles. L’Allemagne et ses alliés, sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et dommages subis par les gouvernements alliés, en conséquence de la guerre qui leur a été imposée (qui leur a été imposée) par l’Allemagne et ses alliés.

Ben ça c’est le dogme hein, c’est ce que vous trouvez dans la plupart des ouvrages. Monsieur Bourgeois par exemple dans son fameux manuel de politique étrangère, M. Bourgeois répète « la guerre a été imposée à la France et à la Russie par l’Allemagne ». Et c’est dans cet état d’esprit que j’ai grandi et que j’ai vécu, et je puis même vous dire que jusqu’à l’année dernière, avant que j’ai commencé cette enquête, j’avais la conviction que l’Allemagne était responsable de cette guerre, étant donné que l’évidence est là voyons, c’est l’Allemagne qui a déclaré la guerre, donc c’est bien elle qui est responsable.

Dans le journal Le Temps, le 2 mai 1919, c’est-à-dire au moment où les plénipotentiaires allemands allaient venir discuter du Traité qui sera le Traité de Versailles, Ernest Lavisse, cet Ernest Lavisse que vous avez vu déjà à deux reprises dans mes exposés, celui qui avait écrit les « Petites histoires pour servir à l’instruction des enfants », celui qui avait écrit une histoire illustrée « Une petite histoire de France illustrée », le même Lavisse, maintenant comblé d’honneur, écrivait ceci : « Vous voilà (il s’adressait aux allemands) vous voilà devant vos juges, pour répondre du plus grand crime de l’Histoire. Vous allez mentir, car le mensonge vous est congénital, mais prenez garde, car mentir est difficile, quand on sait que ceux qui vous écoutent et vous regardent, savent que vous mentez ».

Ils allaient mentir en disant ‘C’est pas nous seuls qui sommes responsables’. Or croyez-vous que les allemands soient seuls à mentir ? Ben quand j’ai commencé mon enquête, je me suis aperçu que de très graves mensonges avaient été commis dans les milieux officiels, français et ailleurs. Vous savez peut-être ce que c’est que le Livre Jaune ? Le Livre Jaune c’est un résumé, c’est un recueil, de dépêches diplomatiques, qui a été préparé par le Quai d’Orsay par les Affaires Etrangères françaises et qui a été publié en décembre 1914, quelques mois après le début de la guerre, pour montrer, sur les faits en fait sur les pièces mêmes, à quel point la France avait joué un jeu noble et droit défendant la paix. Eh bien on s’est aperçu, c’est pas moi qui l’ai découvert, pas mal de gens se sont aperçus, que ces fameux documents officiels, dont ma crédulité, à laquelle ou auxquels ma crédulité attachait le plus de prix, je me disais ce sont des pièces irréfutables, eh ben c’est un livre que l’on ne peut pas considérer comme sérieux, étant donné que ces documents-là sont déjà censurés, sont filtrés, et que certains mêmes, vous m’entendez bien ?, sont inventés. En particulier il y a une certaine dépêche 118 très importante sur laquelle j’appellerai votre attention qui est une dépêche fictive, qui n’a jamais existé. Et comme d’autre part le gouvernement russe avait lui aussi publié un livre qui n’est pas un Livre Jaune mais qui est un livre officiel, un livre publié par les Affaires Etrangères russes pour expliquer leur non responsabilité dans la guerre, on s’est aperçu, lorsque les archives russes ont été intégralement publiées, que sur 60 pièces 29 avaient été supprimées et que 19 avaient été falsifiées. Alors vous voyez à quel point il faut regarder les choses de près.

Je voudrais également vous citer une phrase de Renouvin. Renouvin c’est l’auteur de ce livre considérable une espèce de Bible qui s’appelle La Grande Guerre, et Renouvin passe encore aujourd’hui pour être l’homme qui connaît le mieux les origines de la guerre. Mais il s’est permis Renouvin d’écrire dans son livre la phrase que je vais vous lire : «Il est difficile d’apercevoir un lien précis entre la politique intérieure et la politique extérieure des Etats». C’est raide tout de même. Quand on pense que ce qui s’était passé en 1870 c’est ce que je vous ai expliqué, à savoir ce qui est reconnu aujourd’hui, que la déclaration de guerre du 19 juillet 1870, était vraiment.. avait vraiment des mobiles de politique intérieure, et quand on pense à ce qui s’était passé en 1792, vous savez bien qu’en 92 ce sont les Girondins qui ont déclaré la guerre à l’Europe. Pourquoi l’avaient-ils fait ? mais ils l’ont dit, de la manière la plus claire !

Monsieur de Narbonne, le duc de Narbonne à la tribune de l’Assemblée législative qui avait dit le 14 décembre 91 «si on ne fait pas la guerre attention, nos finances, nos finances vont être ruinées, le sort des créanciers de l’Etat en dépend !» parce qu’on était sur le bord de la faillite. Le Brissot, autre Girondin, qui avait dit le 30 décembre 1791 : « La guerre est indispensable à nos finances et à la tranquillité intérieure ». Bon, c’est clair hein, on sait aujourd’hui que les Girondins ont fait cette guerre pour avoir de l’argent, pour prendre l’argent des autres. Ben regardons donc s’il ne s’est pas passé quelque chose de semblable en 1914.

Je venais de vous raconter y’a peu de temps que, en décembre 1913, il s’était produit un évènement de politique intérieure extrêmement grave en France, à savoir la réapparition de Caillaux. Y’avait un nouveau ministère, qui s’appelait le ministère Doumergue et Doumergue avait pris aux finances Caillaux et Caillaux c’était l’homme de l’impôt sur le revenu. J’ai ajouté que les élections en 1914 n’étaient pas loin puisque la constitution du ministère Doumergue est de décembre 13 et que les élections vont avoir lieu en mai 14. Caillaux était la bête noire n’est-ce pas c’était l’homme à abattre. Eh ben y ‘aura une chance si je puis dire, c’est que la campagne épouvantable dirigée contre lui par le Figaro, va faire que madame Caillaux va aller tuer, tuer, d’un coup de revolver, le directeur du Figaro qui s’appelait Calmette. Ça se passe en mars 1914. Vous comprenez Caillaux ne peut plus rester lui l’époux d’une femme assassine ne peut plus rester au ministère des Finances on est débarrassés de lui. Une bonne chose de faite, mais on n’est pas débarrassés des élections. Et les élections qui vont avoir lieu deux mois plus tard, en mai 1914, ce seront des élections terrifiantes, laissez-moi vous dire le mot, des élections terrifiantes pour les Conservateurs, pourquoi ? Parce que pour la première fois on va voir les Socialistes dépasser le chiffre de 100, ils sont 101 ou peut-être 102 députés socialistes, et parce que pour la première fois depuis 1779 pour la première fois, le Centre gauche, qui s’appelle maintenant Fédération des Gauches ou Républicains de gauche, n’est plus en mesure de renverser un ministère. Jusqu’à présent, pendant toute la troisième République, le Centre gauche avait été l’axe, c’était lui sous des noms divers qui pouvait faire tomber des ministères qui lui déplaisaient, et maintenant avec la nouvelle Chambre ce jeu-là est fini ! Par conséquent le coup de l’impôt sur le revenu il est réglé, il va passer.

Il faut dire aussi que des évènements nouveaux se produisent, inaperçus, mais ceux qui savent les connaissent. Dans la répartition des forces françaises, la paysannerie est de moins en moins nombreuse, on n’en est plus qu’à 40 % maintenant, et le nombre des salariés dépasse en 1914 le nombre des non-salariés, j’appelle non-salariés les petits patrons. Eh ben en 1914 il y a 11 millions de salariés et il n’y a plus que 8,5 millions de non-salariés. D’autre part la CGT, Confédération Générale du Travail, dont les progrès avaient été très lents, et qui en 1906 n’étaient encore que 200 000, les voilà maintenant qui sont 600 000. Et il se passe quelque chose de bien plus redoutable, c’est que du côté de cette paysannerie qui semblait comme disait Ferry le roc de granit sur lequel repose la république, la république opportuniste et conservatrice, à l’intérieur même de la paysannerie les idées socialistes se répandent. Au point qu’avec terreur le journal l’Echo de Paris du 2 mai 1914 a écrit ce qui suit : « Le progrès du socialisme dans les campagnes est un fait lourd de sens, effrayant ».

Alors maintenant je vais vous apporter deux citations auxquelles je tiens considérablement. Je ne veux pas en tirer les conclusions excessives mais je veux que vous les entendiez. Alors voici d’abord ce que va écrire un Général, le Général Robillot, dans La Libre Parole qui est un journal d’extrême droite, le 13 décembre 1914 : «La guerre seule » je répète, écoutez-moi bien « la guerre seule pouvait nous sauver. C’est alors que la providence s’est manifestée en imposant à l’Empereur Guillaume II de nous attaquer ». Et je remonte maintenant à 1848. Un texte du Correspondant, le grand journal catholique, la grande revue catholique, de mai 1848. En mai 1848 c’était encore la Révolution vous savez, nous ne sommes pas encore aux journées de juin qui vont faire tenir tranquille le prolétariat et lui ôter au moyen de la mitraille un goût inconsidéré pour les revendications, en mai 1848 y’a encore une grande menace sociale. Alors ce Correspondant de mai 1848, a écrit les mots que voici : «Parmi les moyens propres à dissoudre l’accumulation des prolétaires, que des promesses exaltent et à qui le travail répugne, beaucoup de personnes mettent au premier rang l’avantage qu’on aurait à déverser dans une guerre étrangère le trop-plein de la population industrielle ». Eh bien ce que pensaient beaucoup de personnes en 1848 je suis convaincu que beaucoup de personnes y pensaient également en 1914, étant donné que le 2 juillet 1914 ça y est c’est fait l’impôt sur le revenu est voté. Mais entre le vote d’une loi et l’application d’une loi, il peut intervenir des évènements qui font que la loi n’est pas appliquée. Et justement ces évènements sauveurs comme dit le Général Robillot vont intervenir, et ces évènements c’est l’attentat de Sarajevo. C’est très célèbre cet attentat de Sarajevo qui est du 27 juin 1914. Qu’est-ce qui s’est passé ? Je vous ai rappelé une des dernières fois que la Bosnie Herzégovine avait été annexée par l’Autriche en 1909. Y’avait des irrédentistes, ah ben naturellement, y’avait des gens qui n’acceptaient pas cette domination autrichienne. Y’avait des révolutionnaires, et c’était deux révolutionnaires qui le 27 juin 1914 avaient tué le prince héritier, l’archiduc François-Ferdinand, celui dont on s’attendait à ce qu’il fut bientôt l’empereur d’Autriche, étant donné que le très vieux François-Joseph, qui était monté sur le trône en 1848, était là tout déclinant et au bord de la tombe. Alors évidemment cet assassinat de l’archiduc, enfin du prince héritier, le 28 juin 1914 à Sarajevo, est capable d’être l’étincelle enfin qui va tout faire sauter. Surtout si l’on peut établir que ces révolutionnaires, ces deux gars qui se sont jetés sur l’archiduc, sont des émissaires du gouvernement serbe. Vous savez les inquiétudes sociales dont je vous ai parlé du côté de la France, elles n’étaient pas propres à la France simplement. Les mêmes inquiétudes sociales existaient en Allemagne. Songez donc que la social-démocratie, c’est entendu y’avait une aile droite mais y’avait une puissante aile gauche dans la social-démocratie, elle représentait maintenant 35% de l’électorat allemand. Je vous dis bien que c’est pas la majorité mais 35% c’est quelque chose. Il y avait 4 250 000 adhérents à la social-démocratie allemande. Et vous savez à quel point Guillaume II en était inquiet. Le parti du centre en Allemagne qui est le parti du centre catholique à plusieurs reprises a même dit « mais c’est extrêmement inquiétant de voir le nombre de ces socialistes, étant donné que si nous avons des difficultés intérieures et que nous sommes obligés d’envoyer les soldats pour tirer sur les ouvriers mais comme ce sont des tas d’ouvriers syndiqués qui sont des soldats allemands, qu’est-ce que ça donnera ? » Donc inquiétude sociale considérable en Allemagne. Mêmes inquiétudes sociales en Autriche avec de grandes manifestations pacifistes et ouvrières et révolutionnaires en 1913, et bien entendu en Russie suprême inquiétude. Stolypine, qui était le Président du Conseil, avait été assassiné par des révolutionnaires en 1911, et vous avez vu assez qu’il y avait un clan puissant en Russie, avec Izvolski en particulier, qui pesait sur cette faible volonté du tsar pour lui dire « c’est le moment ».

« C’est le moment », eh bien c’est l’expression même que va employer Izvolski en adressant ses télégrammes de Paris à Saint-Pétersbourg, en disant « Si l’on veut utilisable la force française, c’est le moment ». Il faut vous dire, que Millerand a fait une imprudence, Millerand ministre de la guerre, de dire à Izvolski : « Nous sommes prêts », il avait employé ce mot-là  « Nous sommes prêts ». Et les russes, qui avaient au fond un grand mépris pour le gouvernement français, les aristocrates russes vous savez qui disaient qu’est-ce que c’est que ces français c’est des Jacobins ? c’est des Franc Maçons ? c’est des incroyants ?, le gouvernement russe disait « la France elle est sur une mauvaise pente, avec la veulerie du radicalisme, avec la baisse démographique », en France il est vrai que la natalité était très basse, « si nous attendons trop la France ne sera plus ce qu’elle est aujourd’hui, mais elle est en 1914 à l’apogée de sa puissance, c’est le moment de l’utiliser». Et même comme il y avait aussi un parti de la paix en Russie, le parti de la paix c’était le parti du Tsar, ce Tsar qui nous fait penser au fond à Napoléon III, dont je vous ai assez dit qu’en 1870 Napoléon III contrairement à sa femme n’était pas enthousiaste de faire la guerre et que c’est le parti de la guerre qui lui a imposé, de même, y’avait un parti de la paix, un faible parti de la paix, auprès du Tsar, qui était là à lui dire ‘mais attention ne nous engageons pas trop’.

Alors on va voir, la presse française, une presse soldée, payée par Izvolski, qui va se mettre dans le coup pour essayer de persuader le Tsar qu’il faut pas être si magnanime, et Stéphane Lausanne, grand journaliste français, va publier dans Le Matin, une série de cinq articles, intitulée « La Plus Grande Russie », où il va commencer par déclarer que la Russie a une réserve de sept millions d’hommes, et il va mettre en scène un général fictif peut-être, un vieux général russe qui lui aurait dit exactement ceci : «Nous autres russes nous sommes toujours sûrs de vaincre par simple inondation » (puisque nous sommes sept millions). Quant aux ressources de la Russie d’après Stéphane Lausanne elles sont inépuisables, et attention à la phrase de la fin « La Russie », disait Stéphane Lausanne, qui est payé par Izvolski, « est un colosse débonnaire, laissant la France parfois un peu étonnée de ne pas voir cette grande Russie parler avec l’autorité que confère la plus formidable des puissances ».

Le travail que fait un Izvolski en Russie est semblable au travail que fait un De Molkte en Allemagne. Car le chef d’Etat-major allemand désire la guerre. Et c’est au mois de mai qu’il a dit « Tout ajournement diminuerait nos chances de succès ». C’est pourquoi monsieur Chastenay dans son livre sur la troisième République a un mot que je trouve absolument juste : « On voit s’agiter de plus en plus en 1913 et en 1914 dans les chancelleries », c’est-à-dire dans le monde diplomatique, « des porteurs de brandon ».

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