Plan détaillé du film "j'ai pas voté" : Différence entre versions

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(Conférence de Citoyens)
(Le vote est le sacre de l'élite (Blondiaux))
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== Le vote et les élites ==
 
== Le vote et les élites ==
=== Le vote est le sacre de l'élite (Blondiaux) ===
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=== Le vote est le sacre de l'élite (Loïc Blondiaux) ===
 
*  Blondiaux, professeur de sciences politiques :
 
*  Blondiaux, professeur de sciences politiques :
 
: Le vote est ce qui consacre cette élite de gouvernants, sans le vote ils ne sont rien.
 
: Le vote est ce qui consacre cette élite de gouvernants, sans le vote ils ne sont rien.

Version du 11 septembre 2014 à 23:36

PLAN DÉTAILLÉ du film de synthèse sur l’exigence démocratique populaire qui monte dans le pays : « J’ai pas voté »
Travail collectif

Origine :

Film :

Sources de travail :



Sommaire

1 Première partie

1.1 Intro: témoignages et réflexions diverses sur le vote - Voter ou pas ? - Le vote est-il faire un choix ? - Que signifie : ne pas voter ?

  • Une jeune femme :
"Une petite fille demandait à son père: papa est-ce qu'il y a des gens qui ne votent pas ? Et le père répond: Oui. Pourquoi demande la fillette ? C'est leur choix, répond le père."
C'est vrai que c'est leur choix, mais c'est dommage.
  • Un homme dans la rue : "Il y a des pays où les gens se battent pour ça. C'est sans doute un peu naïf, mais ça a du sens."
  • "Il y a des gens qui se sont battus pour obtenir le droit de vote, moi je peux en disposer comme ça sans avoir fait d'effort, c'est important de voter."
  • "Je pense qu'il faut un coup d'état et remettre un roi sur le trône."
  • "Tu vas faire quoi, tu vas choisir la personne qui te plaît le mieux par rapport aux autres... Pour moi c'est pas un choix."
  • "Les abstentionnistes, malheureusement, ce sont souvent les premiers à critiquer..."
  • "C'est faire comprendre qu'on ne se reconnaît plus dans la politique."

1.2 Le vote et les élites

1.2.1 Le vote est le sacre de l'élite (Loïc Blondiaux)

  • Blondiaux, professeur de sciences politiques :
Le vote est ce qui consacre cette élite de gouvernants, sans le vote ils ne sont rien.
Les gouvernants peuvent parler au nom du peuple, ils peuvent se servir du peuple comme argument pour produire la décision.
Et si par hasard, comme dans le roman de José Saramago, les citoyens décidaient de ne plus aller voter, ou de tous aller voter blanc, le système s'effondrerait, d'un seul coup.

1.2.2 L'élection crée une défiance des citoyens, une démocratie qui va mal (Blondiaux)

  • Voix off :
Plus de 9 millions de français n'ont pas voté aux dernières élections présidentielles. 1 français sur 5.
La défiance envers les hommes politiques ne cesse de grandir. Face à cette crise démocratique, aucun changement n'est envisagé. L'isoloir, le bulletin de vote, semblent le seul moyen de changer de politique. Mais que cache cet acte citoyen?
L'élection est-elle réellement le fondement de notre démocratie?
  • Loïc Blondiaux :
Je pense que pour une petite fraction de la population, tout se passe bien, dans le meilleur des mondes, puisqu’ils tirent profit de la démocratie. Donc, pour eux la démocratie va bien, mais pour l'immense majorité, les 99% dont parlait le mouvement Occupy, la démocratie objectivement va mal.

1.2.3 Servitude et alignement des gouvernements aux forces de pouvoir ( Kempf, Blondiaux, Aurouet)

  • Hervé Kempf, journaliste :
Simplement il y a au sommet des sociétés, dans les sociétés occidentales actuelles, un petit nombre de gens, quelques pour-cent à peine, qui cumulent des pouvoirs économiques, d'abord, parce qu'ils sont extrêmement riches, mais aussi politiques et médiatiques extrêmement importants.
  • Loïc Blondiaux :
La crise de 2008 a révélé la servitude volontaire des gouvernements à l'égard de pouvoirs économiques, à l'égard de marchés, qui ne représentent les intérêts que d'une petite fraction de la population, qui n'a cessé de s'enrichir depuis 1 quart de siècle au détriment de l'immense majorité de la population.
  • Matthieu Aurouet, rédacteur "Causeries républicaines" :
On tend à différencier sur des questions de société, parce que sur ces questions là on peut encore changer, mais sur le reste, tout ce qui a trait au politique/économique et social, en réalité les partis de gouvernement sont alignés.

1.3 Causes de l'abstention

1.3.1 Débats de fond anéantis, thèmes de campagne immuables, promesses non tenues ( Blondiaux)

  • Voix Off :
30 ans que la gauche et la droite s'alternent au pouvoir, mais les thèmes de campagne restent immuables, à droite on parle d'autorité, de sécurité et d'immigration
La gauche, elle, privilégie les thèmes comme la solidarité, la culture et la justice sociale
L'existence d'un débat de fond est complètement anéanti par la recherche du pouvoir, les partis mettent en avant des thèmes pour ratisser l'électorat le plus large possible, laissant croire à une bataille gauche-droite.
Mais quelque soit le pouvoir en place, le programme économique, lui, reste inchangé, privatisations, libéralisation, discipline budgétaire.
  • Loïc Blondiaux :
Comment nous étonner aujourd'hui de l'abstention croissante de la population, face à cette situation de rapprochement et d'indifférenciation de l'offre politique et à la frustration et à la déception qu'elle produit ; on le voit avec le gouvernement actuel qui sans avoir promis grand-chose n'est même pas en mesure de tenir ses promesses.

1.3.2 Taux d'abstention niés

  • Voix Off :
Le taux d'abstention est en hausse, ce qui ne date pas d'aujourd'hui mais que les gouvernements successifs préfèrent nier, les résultats des élections sont toujours donnés en pourcentage de votant, en prenant bien soin d'en exclure l'abstention de manière à ne pas révéler l'ampleur de la contestation des français.


Intéressons-nous à un exemple récent, les résultats officiels des législatives de 2012 :
Jérome Cahuzac, élu avec 61,48%
Luc Chatel, élu avec 55,06%
G. Cherpion bat Jack Lang avec 50,88% contre 49,12%


Maintenant incluons l'abstention dans le résultat final:
Jérome Cahuzac, avec 37% n'est pas élu
Abstention
Luc Chatel, avec 32,6% n'est pas élu
Abstention
G. Cherpion et Jack Lang avec 30% et 29% ne sont pas élus
Abstention 41,1%
Seulement 17 députés élus, sur 577 en tenant compte des abstentions

1.3.3 Politisation des abstentionnistes, choix réduit entre les partis gouvernementaux et les partis protestataires ou extrêmes (Jouary, Aurouet, Brunel)

  • Jean-Paul Jouary :
De déception en déception, et d'impuissance en impuissance, ce qui se développe c'est fondamentalement l'abstention, non plus comme avant - il y a des décennies c'étaient des vieux qui ne s'occupaient pas de politique, des égoïstes, - aujourd'hui on s'aperçoit que la structure idéologique et politique des abstentionnistes est extrêmement politisée
  • Matthieu Aurouet :
Soit je vote pour des partis de gouvernement qui vont produire la même politique déterminante sur ce qui est capable de changer le destin de la nation, et les conditions sociales des gens, ou je vote pour des partis protestataires, qui, certes, sont clairement porteurs d'une alternative mais qui viennent de traditions politiques qui sont clairement ambiguës vis-à-vis de la démocratie libérale. Donc, finalement les électeurs sont face à une démocratie qui est une machine à désespérer.
  • Nicolas Brunel, rédacteur "Causeries républicaines" (00:07:35)
Les gens, probablement, en votant pour les extrêmes, se disent: je n'adhère pas forcément à leurs idées, mais avec eux je suis sûr que la politique sera faite différemment. Après, il y a la deuxième catégorie de population, ceux qui auront voté pour l'extrême-gauche ou l'extrême-droite en se disant: ce système de toute façon on va le mettre en l'air.

1.4 Montée des extrêmes

1.4.1 Stratégie de séduction de l'électorat (Liogier)

  • Voix off :
Un des signes les plus marquants de cette crise politique, c'est la montée en puissance de l'extrême-droite. Aujourd'hui le FN se présente comme une alternative au clivage gauche-droite. Modernisé par l'arrivée de Marine Le Pen, le FN adopte une nouvelle stratégie, séduire un électorat à la fois de gauche et de droite.
  • Raphaël Liogier, sociologue-philosophe :
Marine Le Pen a entièrement transformé son programme, ce n'était pas du tout ça jadis, anti-capitalisme, anti-mondialisation, alors que son père, lui, était pour la suppression de l'impôt sur le revenu, il était nationaliste mais libéral à l'intérieur, elle s'est entièrement focalisée sur l'anti-mondialisation et ensuite sur l'islam pour pouvoir prendre des électeurs aussi bien à gauche qu'à droite, pour être au centre de l'échiquier politique. Ça c'est une stratégie qui est très claire, et c'est peut-être le seul parti politique qui en a fait une stratégie consciente.
Les autres partis ont aussi cette thématique - rejet de la mondialisation, critique de tout ce qui est global, et en même temps focalisation sur l'islam, parce que ça remet en cause à la fois nos valeurs traditionnelles et la modernité, mais c'est plus implicite, c'est plus indicible, c'est moins explicite parce que c'est moins stratégique, donc ça paye moins.

1.4.2 Thèmes de campagne modernes, dé-diabolisation pour espérer prendre le pouvoir (Liogier)

  • Voix off :
Le FN alterne des thèmes modernes, comme la laïcité, et des thèmes plus conservateurs, tel que le retour au franc. Cette stratégie révèle les techniques souterraines du FN pour dissimuler ses convictions xénophobes et autoritaires.
  • Raphaël Liogier :
Évidemment, progressivement, elle entraîne cette dé-diabolisation, jusqu'au jour d'aujourd'hui où elle dit: je ne suis pas d'extrême-droite. Et elle veut essayer d'imposer cette idée qu'elle n'est pas d'extrême-droite. Elle a en partie raison, mais au fond c'est bien pire puisqu'elle n'est plus seulement d'extrême-droite, elle est devenue d'extrême-droite plus autre chose, national-socialiste, comme dans les années 1930, et c'est parce qu'elle sait qu'elle ne peut arriver au pouvoir que si elle n'est plus seulement d'extrême-droite. C'est exactement ce qu'ont fait les mouvements populistes des années 30, elle fait ça consciemment.

1.5 Pouvoir du peuple, référendums

1.5.1 Le référendum en tant que leurre du pouvoir du peuple (Jouary)

  • Jean-Paul Jouary :
Le peuple n'a pas en lui-même de pouvoir entre deux élections, et il est arrivé bien des fois dans la dernière période, je pense par exemple au traité de Lisbonne, où 80% des parlementaires, parti socialiste, droite, présidence, soient pour un traité et que les français votent à 55% contre. Ce qui prouve que quand il y a référendum effectivement le peuple peut, mais ça ne veut pas dire que c'est le peuple qui décide quand il y a un référendum.

1.5.2 illusion démocratique du référendum sur la constitution européenne

  • Voix off: (00:10:40)
Le référendum est l' unique moyen d'expression des citoyens entre deux élections, en tout cas sur le papier. Voyons dans les faits: lors du dernier référendum, qui a eu lieu en 2005, les électeurs devaient répondre à la question suivante: approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une constitution pour l'Europe?
Tout le monde avait débattu, échangé, et réfléchi, communiqué. Au final, les français avaient dit non à 55%. Une catastrophe pour l'ensemble de la classe politique persuadée de l'absolue nécessité d'approuver ce texte. La solution est simple, ils vont bricoler l'ancien texte, changer quelques tournures de phrases et surtout changer le titre, désormais on parlera du traité de Lisbonne. Cette fois le président ne prend pas le risque du référendum, le parlement valide le traité sans l'avis du peuple et le tour est joué.


Résumons : un texte que 55% des français rejettent sera quand même validé 4 ans plus tard, le référendum aura joué son rôle, il a participé à l'illusion de la démocratie.

1.5.3 Pas de loi légitime sans l'appropriation implicite ou explicite du peuple (Jouary)

  • Jean-Paul Jouary:
Si on dit que sur les choses importantes il ne faut surtout pas appeler le peuple à se prononcer, on appelle ça du populisme, ça veut dire qu'en clair on admet qu'on n'est pas en démocratie.
La vraie démocratie c'était par exemple à Athènes, ou dans les cités italiennes par exemple, et c'était considéré comme ça jusqu'à Montesquieu et Rousseau au 18ème siècle. Il n'est pas de loi légitime sans l'approbation implicite ou explicite du peuple.

1.6 Origine et buts de la démocratie des Athéniens au 5ème siècle avant JC

  • Voix off :
Si aujourd'hui le peuple est impuissant face aux décisions politiques, ça n'a pas toujours été le cas, revenons à l'origine de la démocratie.
Au 5ème siècle avant JC, Athènes est en pleine crise, l'appauvrissement des paysans ne cesse d'augmenter, la politique appartient aux nobles, ce qui agace profondément les commerçants et artisans, assoiffés de pouvoir, qui plus est les pauvres demandent plus d'égalité. Quel bordel!
Pour préserver le calme et l'unité de la cité, le système est réformé, la démocratie est en marche. Cette évolution s'étalera sur plus de cent ans avec quatre grands bâtisseurs: Dracon, Solon, Pisistrate et Clisthène. Le principe de ce nouveau régime repose sur la participation du peuple aux décisions, la politique est l'affaire de tous les citoyens athéniens.
En pratique comment ça se passe? La cité organise environ 30 fois par an des assemblées ouvertes pouvant contenir jusque 6000 citoyens, ici on débat collectivement pour ratifier les lois, voter le budget, décider de la paix et de la guerre. Dans l'hémicycle tout citoyen athénien à droit à la parole. une indemnité journalière est donnée aux plus pauvres pour compenser les jours de travail perdu. Chacun peut participer avec la même importance, quel que soi son niveau social. Grâce à la démocratie les athéniens se sont construits une conscience politique, un activisme civique incomparable avec l'ignorance et l'apathie politique que nous connaissons.

1.7 Mais la démocratie actuelle ?

1.7.1 Le régime représentatif ôtant le pouvoir du peuple n'est pas une démocratie (Jouary, Aurouet)

  • Jean-Paul Jouary :
Démocratie ça veut dire pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple, et dans la tradition démocratique il n'y a pas de loi légitime sans l'approbation explicite du peuple. Alors en ce sens les institutions de la Vème république en France ne sont pas du tout une démocratie.
  • Matthieu Aurouet :
On est plutôt dans un régime représentatif.

1.7.2 La démocratie représentative a constitué une alternative entre démocratie et monarchie (Blondiaux, Jouary)

  • Loïc Blondiaux :
Le régime qui est le notre, la démocratie dite représentative, a été inventé fin du 18ème siècle aux états-unis et en France pour constituer une alternative à la fois à la démocratie et à la monarchie, c'est un régime qui n'a de démocratie que certains aspects, qui ne correspond pas véritablement à l'idéal démocratique originel. Nous n'avons jamais été véritablement en démocratie.
  • Jean-Paul Jouary :
Jusqu'au 18ème siècle la politique c'est :
- soit la monarchie, le droit divin, la tyrannie, l'oligarchie, la dictature, l'empire, le roi,
- soit la démocratie, c'est-à-dire le peuple entier qui décide, comme à Athènes ou les cités des communes italiennes de la Renaissance.
Le début de la révolution française c'est encore ça, c'est le peuple dans la rue, qui décide de discuter, de déclarer des droits universels.

1.7.3 La démocratie représentative, régime combinant des incompatibles : légitimité du pouvoir au peuple mais non décision ou gouvernement par le peuple. (Blondiaux)

  • Voix off :
Et puis, au milieu de la révolution française il y a un petit texte de l'abbé Sieyès qui dit :
"Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi; ils n'ont pas de volonté particulière à imposer. S'ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet état représentatif, ce serait un état démocratique."
L'abbé Sieyès, leader révolutionnaire est l'un de inventeurs du système représentatif, il rejettera jusqu'au bout l'idée de créer un gouvernement démocratique et s'opposera fermement à tout système intégrant le peuple aux décisions politiques.
  • Loïc Blondiaux :
C'était une manière de combiner deux choses qui paraissaient incompatibles: l'origine, la légitimité du pouvoir réside dans le peuple, mais qu'il est hors de question de confier au peuple le soin de prendre des décisions et de se gouverner.

2 Deuxième partie

2.1 Révolution et mise en place d'une démocratie bourgeoise : 1789

2.1.1 Origine de la révolution française

  • Voix off :
1789, affamé et excédé par un roi qui le méprise, le peuple français se révolte, c'est la prise de la Bastille. Le roi est battu et les révolutionnaires prennent le pouvoir, c'est inédit dans l'histoire de France. Après plus de 1300 ans de monarchie, le peuple va décider lui-même de son organisation politique. C'est beau !
Enfin, pas tant que ça, explications : avant 1789 une nouvelle prospérité économique permet aux artisans et commerçants une ascension sociale fulgurante, mais le pouvoir leur est toujours inaccessible, en monarchie le roi est aux commandes et le pouvoir se transmet de père en fils. Pas question de partager.
Mécontents de ce système ces nouveaux riches se révoltent pour prendre le pouvoir, ce sont les meneurs de cette révolution.
La monarchie renversée ils instaurent la démocratie made in noblesse, c'est-à- dire une organisation d'élections au suffrage censitaire où seuls les riches peuvent voter.
Pourtant le petit peuple aura bien tenté de s'organiser pour créer ce qui lui semblait le plus juste: une véritable démocratie où l'ensemble des citoyens prend part à la vie politique, en vain.
Vous l'aurez deviné, ce qui semblait être une révolution n'est finalement que l'accession au pouvoir de la bourgeoisie, le peuple est écarté de toute activité politique.

2.1.2 Processus de substitution et d'identification entre souveraineté populaire et représentation (Blondiaux, Jouary)

  • Loïc Blondiaux :
Donc il y a eu un processus de substitution, une sorte de tour de passe-passe dans lequel cette assemblée de représentants en est venue à se penser comme le peuple lui-même, il y a eu un processus d'identification entre la représentation et la souveraineté populaire, mais il y a un élément aristocratique absolument évident, c'est que seule une petite fraction de la population gouverne au nom de tous les autres, et tous les autres sont clairement exclus du jeu politique, et ça c'est une volonté qu'ont eu les révolutionnaires américains et français à la fin du 18ème siècle.
  • Jean-Paul Jouary :
Du coup on voit bien que ce système est en crise, je pense comme Rousseau: la démocratie représentative est une contradiction, et qu'elle se retourne contre l'idée même de démocratie.

2.1.3 La révolution française - Sieyes contre Rousseau

  • Sieyes a pour idée de faire de la révolution française une représentation du peuple par les plus riches.
  • Pour Rousseau la démocratie représentative est une contradiction, c'est une séparation entre le peuple et ceux qui gouvernent.
  • C'est Sieyes qui dicte la réforme politique et donne naissance à la représentation du peuple.
  • Voix off :
Contrairement à l'abbé Sieyès, le philosophe Jean-Jacques Rousseau pense que la représentation organise une séparation entre ceux qui gouvernent, c'est à dire les politiciens, et le reste de la population, il considère la représentation comme oligarchique et préfère la démocratie directe.
"Le peuple ne peut avoir de représentants, parce qu'il est impossible de s'assurer qu'ils ne substitueront point leurs volontés aux siennes, et qu'ils ne forceront point les particuliers d'obéir en son nom à des ordres qu'il n'a ni donnés ni voulu donner."


Malgré son analyse la révolution donnera naissance à la Représentation, c'est bien l'abbé Sieyès qui dictera les réformes politiques.

2.1.4 Le vote en tant qu’élément démocratique du gouvernement, perçu comme une perte de souveraineté (Blondiaux, Jouary)

  • Loïc Blondiaux :
Très clairement le vote est l'élément démocratique du gouvernement représentatif, c'est celui qui fonde sa légitimité face au peuple, puisque le vote donne le sentiment que les citoyens ont une capacité d'influence sur le pouvoir et ont une capacité de sanctionner ou de récompenser ceux qui les représentent. C'est le vote qui est le fondement du lien représentatif dans notre gouvernement représentatif.
C'est pour ça que le vote est aussi important.
  • Jean-Paul Jouary :
L'acte électoral est par essence démocratique, mais si cet acte électoral est conçu comme une délégation de pouvoirs à des représentants qui ensuite dirigeront sans consultation du peuple, c'est vrai que cet acte électoral est perçu comme une perte de souveraineté.


2.2 L’oligarchie - vote, conservatisme, corruption par l'argent contre l'égalité et la liberté -

2.2.1 Fondement de la légitimité du vote

  • Le vote est l'élément démocratique du gouvernement qui fonde sa légitimité et donne le sentiment au peuple d'avoir le choix.
  • Le seul moyen d’expression : le vote !

2.2.2 Éducation au vote et incitation

  • Les pouvoirs publics lancent des campagnes publicitaires pour inciter à voter et font de l'abstention un acte anti-démocratique.
Dès l'école on nous inculque à voter et être un « bon citoyen »!
Pourtant le vote n’est pas le fondement de la démocratie mais une de ses composantes.

2.2.3 Droit de vote une conquête ? Et pourtant... (Badiou)

  • Alain Badiou :
Le droit de vote est une conquête dans l'histoire politique.
Mais il implique un conservatisme inébranlable légitimé par le scrutin.
  • Les révolutionnaires ne sont pas morts pour le droit de vote mais pour plus d’égalité et de liberté.

2.2.4 Système oligarchique et conservatisme

  • Depuis un siècle le système oligarchique règne et garde un conservatisme inébranlable légitimé par le scrutin.
  • Les pouvoirs élus ne sont pas ceux qui gouvernent mais les marchés financiers, les grandes entreprises, « les acteurs de l'ombre » qui n ont aucune responsabilité politique.
Les décisions sont prises par des gens dans le haut des pyramides économiques, médiatiques et/ou politiques.

2.2.5 Argent corrupteur des démocraties

  • L’argent est au centre de la démocratie, exemple de l'Amérique « les poches profondes », les candidats doivent avoir les moyens financiers pour se payer leur campagne électorale.
L’argent est corrupteur des démocraties.

2.3 Aristocratie élective et peuple incompétent (Manin)

  • Bernard Manin :
L'aristocratie est élective.
Ce qu'affirme finalement l'aristocratie c'est : "Je suis le peuple et je décide en son nom."
  • L’aristocratie élective est un système dans lequel sont distingués certains parmi les citoyens.
  • Bernard Manin (00:24:10) :
Une aristocratie élective c'est un système dans lequel ceux qui gouvernent sont distincts ou distingués de la masse de leurs concitoyens, :et ça c'est la dimension élitiste ou aristocratique.
  • Les citoyens nomment une élite au pouvoir. La classe politique veut marquer la différence d’un peuple considéré incompétent des affaires publiques.

2.4 Les représentants politiques - une classe isolée et un peuple oublié -

2.4.1 Non représentativité réelle du peuple au sein des représentants politiques (Manin)

  • Les représentants politiques forment une classe isolée du reste de la population
  • Bernard Manin (00:25:30) :
On a la formation d'une classe qui peut s'isoler, qui est d'ailleurs isolée du reste de la population, du reste de la cité.
  • « Dans un système représentatif, nos représentants ne devraient-ils pas être représentatifs du peuple pour pouvoir le représenter ? »
Selon la constitution, article 1, le principe de la république est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple.
Contredit par l'article 3 la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum.
Pourtant les représentants incarnent le peuple sans lui ressembler et la constitution n'évoque pas d'avoir une assemblée à l'image du peuple :
80% de cadres supérieurs à l assemblée alors qu ils représentent 16% de la population.
50% d'ouvrier en France, 1.9 % à l'assemblée
  • La conséquence directe est la défense de leur propre intérêt de même pour les impôts où 20% des ménages les plus riches bénéficient de 79% des réductions d’impôts, l’intérêt général n'est pas à l’ordre du jour.
  • Bernard Manin (00:32:53) :
Des gens qui sont prédestinés à la politique vont apporter à la politique les préoccupations de l'ensemble des gens qui sont comme eux, c'est-à-dire prédestinés à la politique, et qui ne vont pas refléter les préoccupations du reste de la population.
  • Jean Lassalle député pose la question à l’assemblée nationale du 27.05.10 :
"Que représentons-nous auprès des citoyens ?"
Les réponses lui sont données lors de sa campagne régionale : de l’agressivité, l'indifférence du peuple et une question : pourquoi voter ?

2.4.2 Peuple oublié et mal informé (Blondiaux)

  • Le peuple est oublié par la politique.
  • Loic Blondiaux :
La démocratie implique que chacun est également jugé apte à produire, à produire du jugement politique.
  • Il existe aussi un malaise et les citoyens sont mal informés noyé dans le flot médiatique.

2.5 La politique une profession ?

2.5.1 Une formation souvent unique

  • Le parcours des politiciens est le même : science po puis l’ENA, ils choisissent ensuite leurs partis selon des opportunités de carrière.

2.5.2 Cumul des mandats et professionnalisation (Jouary)

  • La politique devient une profession. (la vidéo « le président » de 1961)
80% des députés et sénateurs cumulent de hautes fonctions et monopolisent ainsi l'ensemble des postes de décision.
  • Jean Paul Jouary :
Biens de famille et Professionnalisation de la politique.
  • Les élus cumulards vivent de et pour la politique.
  • Fin 2017 une loi devrait interdire le cumul des mandats, mais elle a du mal à passer.

2.5.3 Oligarchie financière

  • « Notre démocratie représentative s'est muée en oligarchie financière »
Il n'existe pas de contre-exemple.

2.6 Le tirage au sort (Sintomer)

  • Le peuple a été conditionné, la démocratie = élection.
  • Au final deux modèles existent la « démocratie » ou la dictature. Il n y a pas d autres alternatives ?
  • Yves Sintomer :
Le tirage au sort permet d'offrir la même chance de participer au sort
  • Le tirage au sort peut être utilisé au cours d'une organisation d'une conférence de citoyens, pour une nouvelle constitution comme en Islande.
Il y a plein de possibles : "c'est un peu l’école découverte de sujet. "
Qu'est ce que devrait enseigner une école démocratique ?

3 Troisième partie

3.1 Conférence de Citoyens

Essai de conférence de citoyens :


  • Marianno, retraité SNCF :

D'une façon générale j'aime bien donner mon avis, et j'aime bien qu'on me le demande.

  • Voix off :

En France l'Institut Montaigne a organisé en 2012 une conférence de citoyens, l'objectif : la création d'un texte sur la réforme du système de santé. Comment ça se passe? 25 citoyens sont tirés au sort pour réfléchir ensemble et mettre sur papier des propositions de lois. Cette mission est confiée à un institut de sondages, son but : créer un groupe correspondant à la diversité du peuple français en prenant des critères comme l'âge, le métier ou le lieu de résidence. Concrètement la conférence s'organise sur 3 week-ends, deux sont consacrés à la formation, où 9 experts interviennent pour exposer la thématique et démêler les interrogations. Les deux derniers jours permettent de débattre et de rédiger le texte définitif.

  • Joël :

Ça peut aider à améliorer les choses, je trouve que c'est bien de laisser la voix au peuple. Pour moi c'est un peu l'école, je découvre, c'est pas des sujets auxquels je m'intéresse vraiment tous les jours, je découvre et j'apprends.

  • Animateur de la conférence des citoyens :

Je suis entrain de regarder chacun des groupe pour voir s'il produit, s'ils sont en discussion, si tout le monde discute, s'il n'y en a pas un qui a pris le pouvoir par rapport aux autres. Si jamais je sens un trop fort déséquilibre j'interviens. Pour l'instant on n'a pas besoin d'intervenir, chacun des groupes fonctionne correctement.

  • Une jeune femme participante :

Tu peux demander à ton pharmacien de ne pas te prescrire de Doliprane - tu en as déjà. Mais tu laisses faire, c'est comportemental : on me l'a donné, j'achète.

  • Sophie Guillain, Res Publica :

Malgré une évolution le système n'a pas complètement suivi l'évolution de la société. Face aux constats, un quasi consensus ressort pour faire évoluer le système en conservant ses fondements jugés bons.

  • Marianno, retraité SNCF :

J'ai l'impression d'avoir appris quelque chose qui va peut-être faire avancer le système, même si je sais que le système est très lourd à bouger, mais j'ai trouvé que dans l'ensemble de nos propositions, toutes ne sont pas innovantes, mais beaucoup pourraient être applicables.

3.2 Épilogue (Sintomer, Testart) - utilité et mise en pratique du tirage au sort

  • Yves Sintomer :

Ce n'est pas le tirage au sort tout seul, mais le tirage au sort couplé à une formation, une information, une discussion, de qualité, qui permet de donner des résultats intéressants lorsque le citoyen est ordinaire.

  • Jacques Testart :

Maintenant, qu'est-ce que ça apporte au niveau des choix politiques, des petites choses, un exemple : le 1ère conférence de citoyens en France organisée par le parlement sur les OGM. Les citoyens donnent un tas d'avis, plutôt réservés, sur la dissémination des plantes transgéniques dans les champs, et en particulier ils disent : il faut absolument que l'on ait fait toutes les recherches possibles en laboratoire avant de disséminer. Hors aujourd'hui on fait de la recherche en champs sur les plantes transgéniques. Donc on n'a pas suivi l'avis, c'est assez dramatique de voir que le parlement organise une procédure relativement bien organisée et ensuite n'en tient pas compte.

  • Yves Sintomer :

Et c'est aussi en le testant, en le multipliant à pleins de niveaux différents, que la crédibilité sera donnée à des échelles différentes, pouvant aller jusqu'à des échelles nationales sur des choix décisifs.

  • Jacques Testart :

Je crois que la formation, l'éclairage, que l'on va donner aux citoyens tirés au sort, c'est le point fondamental.

  • Voix off :

Le tirage au sort, ou suffrage par le sort, est une solution parmi d'autres, il s'inscrit dans un processus de construction collective de la décision et permet d'amener des idées, des savoirs, des points de vue, des expériences et des intérêts que les experts et les élus n'auraient pas pu avoir. Pourtant tout cela est encore très peu connu. Vient alors la question de ce que devrait enseigner une école démocratique, c'est-à-dire une école qui apprendrait à chacun et à chacune à participer à la vie de la cité, une école où chacun serait responsable; on ne naît pas citoyen, on le devient, et la carte électorale ne suffit pas. Le citoyen est le cœur de la politique.

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