resume
|
Les trois supporte sont :
- Le grade de la fonction publique ne préjuge pas du poste et donc du contenu concret des tâches qui seront effectuées. Le grade est acquis et garantit un niveau de traitement et des droits à carrière quels que soient les postes sur lesquels la personne sera nommée à ce grade ; pour un même grade il y a égalité de salaire (dans certains corps d’administration des primes viendront moduler cette égalité). Ce dispositif étendu à toute la fonction publique d’Etat vise à la maîtrise de la mobilité des fonctionnaires et affirmera une qualification personnelle. Au départ le grade n’exprimait aucun travail abstrait (les militaires par exemple refusaient de considérer leur activité comme du travail) et ce n’est qu’à partir de 1948 que le grade s’est chargé d’une référence au travail, néanmoins très abstraite puisqu’il n’est articulé directement à aucun poste de travail. Le travail abstrait qui préside au statut de fonctionnaire répartit les fonctionnaires aux multiples métiers (travail concret) en quatre niveaux de qualification avec progression d’échelon à l’ancienneté à l’intérieur d’un niveau, au choix selon des critères d’activités professionnelles appréciées par les pairs dans des commissions élus, par concours. Le grade supprime la fonction concrète d’employeur.
- L’emploi du secteur privé s’est construit au cours du XX° siècle en associant au poste de travail une qualification. La qualification attachée au poste codifie le salaire sur la base de travail abstrait qui n’est pas défini par le temps de travail nécessaire à la production et reproduction d’une force de travail en mesure de tenir le poste. Le travail abstrait défini par la qualification du poste n’est ni le temps de travail nécessaire à la production des biens et services produits dans ce poste : la qualification est définie ex ante. Les actionnaires et les employeurs veillent avec fermeté à ce que la qualification n’associe au poste qu’un salaire minimum et déploient une grande énergie pour introduire dans les salaires réels des primes qui remettent en selle le travail abstrait capitaliste : assiduité, réduction du temps de production, contribution à la survaleur.
- Le diplôme protégé des professions libérales ; ce sont les professions qui se sont organisées pour faire d’un diplôme le support d’une qualification exprimées par un barème d’actes professionnels dont les critères sont ceux d’un travail abstrait lui aussi étranger à la simple dépense de temps de travail. Le diplôme protégé des professions libérales est une forme atténuée de la convention anticapitaliste, car le diplôme protégé vaut salaire à la qualification personnelle au sens où les honoraires qui lui sont liés sont codifiés, mais l’efficacité des honoraires dépend du marché des prestations. Si ce marché est solvable par le salaire socialisé, comme pour les professionnels de santé libéraux par l’assurance maladie, on est dans une situation qui se rapproche du salaire à vie des fonctionnaires, ce qui montre combien la qualification personnelle et le salaire à vie peuvent recouvrir des statuts d’exercice très différents. Proposer leur généralisation ne veut pas dire « tous fonctionnaires » ou « tous avec un contrat de travail de droit privé » ou « tous indépendants », mais possibilité de passer sans heurts de l’un à l’autre de ces situations.
|