refutation (resume)
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* Réponse d'Etienne :
Autre objection fréquente : on nous rappelle aimablement, comme si nous l'ignorions, que les Athéniens étaient esclavagistes, phallocrates, et xénophobes.
Effectivement, à l'époque, les femmes ne faisaient pas partie du peuple, les esclaves non plus, et les étrangers non plus. Mais juger ces faits antiques avec les valeurs d'aujourd'hui est un anachronisme, une injustice, une absurdité ; c'est aussi idiot que de reprocher aux Athéniens de ne pas voler en avion… (L'image est de Jacqueline de Romilly).
Quand on s'intéresse aux institutions athéniennes, on ne défend pas l'esclavagisme, ni la misogynie, ni la xénophobie, évidemment… Simplement, on a le sens du discernement, on sépare le bon grain de l'ivraie, on n'est pas bêtement manichéen : la démocratie ne fonctionnait PAS grâce à l'esclavagisme, NI grâce à la phallocratie, NI grâce à la xénophobie.
Autrement dit, débarrassées de ces caractères infamants, les institutions athéniennes auraient produit les mêmes résultats bénéfiques en termes d’égalité politique et de protection contre les oligarques.
Autrement dit, cette objection malhonnête consiste à monter en épingle (exagérer l’importance) de caractères sans aucun rapport avec le sujet central de la démocratie : comment organiser la Cité pour qu’aucun corps n’opprime les autres ? Il ne faut pas se laisser distraire et détourner de l’essentiel, et voir comment le peuple de l’époque, défini comme il pouvait l’être à l’époque, AVEC SES RICHES ET SES PAUVRES (CECI EST ESSENTIEL), voir comment ce peuple s’est protégé contre les oligarques, contre la tendance des riches à tout prendre pour eux, toujours plus. Comme dit Castoriadis, Athènes n'est pas un modèle mais un germe.
Certes, on pourrait dire, d'une certaine façon, que l'esclavagisme et le travail des femmes à la maison libéraient du temps pour les hommes, et leur permettaient de la sorte d'aller à l'Assemblée, ce qui est vrai ; mais la situation actuelle du monde moderne, avec des machines mues par le pétrole qui font à notre place beaucoup plus de travail que les esclaves antiques, cette présence d’esclaves de fer à la place d'esclaves de chair permet d'imaginer que nous pourrions très bien, aujourd’hui, libérer du temps pour que tous les humains puissent exercer une activité politique.
C'est donc un mauvais procès, le plus souvent mené par des gens (élus et/ou riches) qui ont un intérêt personnel à discréditer la démocratie (puisque le tirage au sort mettrait au chômage les élus et ôterait aux riches leurs précieuses courroies de transmission politiques).
Par un amalgame calomnieux, les élus (et leurs parrains) essayent de nous conduire à jeter un beau bébé démocratique avec l'eau sale de son bain esclavagiste d'une époque révolue.
1) - Pour juger de ce fait il faut juste rappeler qu'il en était de même dans notre société il y a peu de temps, sous le régime que nous connaissons. Ce n'est donc pas un argument politique, c'est purement culturel et de ce fait non valide dans la culture très différente de l'époque.
2) - La société actuelle n'est-elle pas un peu de tout ça encore aujourd'hui ? Eh ben alors, on est pourtant en "démocratie"...! :). Le gouvernement représentatif actuel basé sur l'élection a rendu peut-être la situation pire car plus fourbe, sournoise, où les injustices sont beaucoup moins visibles d'emblée. Les "esclaves modernes" dont des enfants de moins de 14 ans, en tout cas pas tout à fait encore dans nos pays "civilisés" mais la mondialisation nous y pousse petit à petit, dans des pays comme la Chine ou la Birmanie (certes ce sont des "démocraties" plus extrêmes que nous...!) fabriquant des marchandises à très bas coût, ont peut-être des conditions de vie pires que les esclaves du temps de l'Egypte antique...
Notre société actuelle est terriblement phallocratique, ne serait-ce que par les valeurs qu'elle "glorifie", l'ambition, la réussite, le pouvoir, la violence, l'action sans la réflexion, le court-termisme etc...Les femmes quoi qu'en disent les journalistes (mais je crois qu'ils sont d'accords là-dessus...!), sont toujours moins payées que les hommes, à travail égal. La parité dans nos institutions politiques, on l'attend toujours. etc...
Pour la xénophobie, les exemples sont là aussi innombrables.
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