Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours

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Titre : Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours - le vrai visage du capitalisme français
Auteur(s) : Frédéric CHARPIER, Martine ORANGE, Erwan SEZNEC, Benoît COLLOMBAT, David SERVENAY
Résumé Court : Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours.jpg

Des Trente Glorieuses au capitalisme mondialisé d'aujourd'hui, en passant par le choc pétrolier de 1973, les nationalisations de 1981 et les privatisations de 1986 : derrière ces étapes bien connues de l'histoire récente de l'économie française, s'en cache une autre, plus secrète. Celle des hommes qui ont réellement fait le capitalisme français de l'après-guerre. C'est cette histoire que raconte ce livre : le rôle des anciens cadres de Vichy dans la Reconstruction, les liens du patronat avec le monde de la pègre, le financement secret des partis politiques, les dessous du paritarisme, les caisses noires des syndicats patronaux... Il plonge le lecteur dans les arcanes d'un véritable " système " né dans les années 1950 et toujours actif depuis...

Au gré des révélations qui rythment l'ouvrage, le lecteur découvrira des lobbyistes capables de se tailler des réglementations sur mesure au mépris de la santé des citoyens, un patronat qui a su mobiliser médias et intellectuels pour convertir les élites politiques aux “mérites” de la finance dérégulée. Ou le rôle central de personnages aussi puissants que discrets, au cœur de réseaux politiques et économiques méconnus. Enfin, cette somme remarquablement informée révèle les vraies origines de nombre de grandes fortunes françaises, d'hier et d'aujourd'hui : subventions extorquées à l'État, entreprises publiques bradées, rachats de sociétés dans des conditions obscures, affaires troubles dans la “Françafric” ou dans l'immobilier, montages financiers aux marges de la légalité, fraude fiscale, espionnage, etc. La légende de patrons conquérants, prenant tous les risques pour faire leur fortune à la force du poignet sort sérieusement écornée de ce magistral livre-enquête.

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I - Cette vaste fresque de l’histoire du patronat français, écrite par plusieurs journalistes, met au jour les compromissions et les manœuvres employées par les patrons pour asseoir leur pouvoir et augmenter leurs profits. L’ouvrage suit une structure chronologique, commençant par révéler les liens des grands patrons avec la collaboration pendant l’Occupation. Il cite les travaux d’Annie Lacroix-Riz (Industriels et banquiers sous l’Occupation en 1999 et Le Choix de la défaite en 2006), qui ont montré que les hauts représentants du patronat, emmenés par le Comité des forges et la Banque de France, se sont ralliés dès les années 1930 à la politique économique prônée par le pouvoir nazi. L’historienne a cité pour preuve la création de nombreuses sociétés mixtes entre banquiers, industriels français et groupes allemands, destinées à financer la future machine de guerre nazie. Elle a été attaquée de manière virulente pour ses conclusions. Le patronat français promeut, lui, une histoire plus flatteuse, et s’appuie en cela sur des historiens plus favorables à son image comme Jacques Marseille. Comme l’a montré l’historienne Sonia Combe en 1994 dans Archives interdites, les archives permettant de faire l’histoire du patronat sont souvent difficilement accessibles, les chercheurs se heurtant à des « mécanismes de censure invisible et d’autocensure ».


II - À la Libération, au nom du réalisme politique, le général de Gaulle a laissé en place la majeure partie de ce patronat discrédité. En échange, gaullistes et communistes ont imposé à ces patrons un modèle social issu du Conseil national de la Résistance (CNR). Les auteurs de l’ouvrage rappellent néanmoins comment la CIA a agi en 1947-1948, au bénéfice du patronat, pour provoquer une scission de la CGT, donnant naissance au syndicat Force ouvrière.


III - L’ouvrage relate la création en 1954 du « groupe Bilderberg », qui rassemble, dans la plus grande discrétion, des représentants des élites politiques, patronales et médiatiques. Les auteurs présentent aussi d’autres structures pro-patronales, comme le Siècle, premier club de pouvoir, créé en 1945, le Centre des hautes études américaines, créé lui aussi en 1945, club pro-américain soutenu par le patronat et l’Institut de France, et le « Centre d’études politiques et civiques » (CEPEC), centre de propagande anticommuniste lié aux intérêts coloniaux, créé en 1954.


IV - Dans les années 1960, le patronat a organisé l’immigration clandestine, friand de cette main-d’œuvre bon marché, efficace et peu revendicative.


V - Avec l’arrivée en 1981 des socialistes au pouvoir, une fois passée la grande peur du patronat, les affaires ont repris avec le « tournant de la rigueur » de 1983 puis les privatisations de 1986.


VI - L’ouvrage met en lumière le long travail de sape idéologique qui a été nécessaire pour que la gauche se convertisse, après le choc des années 1970, aux idées les plus libérales et à la dérégulation des marchés financiers dans les années 1980. Il montre comment le monde patronal a étendu son emprise sur la sphère médiatique.


VII - Il démonte les ressorts de la fondation Saint-Simon, créée en 1982 sur l’initiative de Roger Fauroux, PDG de Saint-Gobain, avec la participation d’Alain Minc, Simon Nora, François Furet et Pierre Rosanvallon. Il s’agit de jeter des ponts entre les entrepreneurs et les penseurs de gauche, pour convertir ces derniers au néolibéralisme. Le budget de la fondation est fourni par des entreprises comme Saint-Gobain, Danone, Suez, Publicis, la banque Worms, etc.


VIII - L’ouvrage met aussi le projecteur sur l’industrie pharmaceutique, une des industries les plus rentables. Il révèle les méthodes de lobbying employées par ces firmes pour promouvoir leurs médicaments et pour influencer les médecins et l’opinion. Il met en lumière les liens entre ces firmes et le pouvoir. La récente affaire du Médiator fait écho à cette démonstration.


IX - Abordant le sujet de l’éducation, l’ouvrage montre les liens entre le monde de l’entreprise et des hommes politiques de droite, et décrit leur offensive souterraine pour promouvoir l’école privée et pour rapprocher le système éducatif des entreprises. Ainsi, en 1993 est fondée l’association « Créateurs d’écoles », à laquelle a adhéré notamment Xavier Darcos. Cette association bénéficie du soutien de Dominique de Calan, directeur général adjoint de l’UIMM. « Créateurs d’écoles » milite pour le « chèque éducation » (permettant aux parents de payer à leurs enfants une école privée), l’autonomie financière des établissements scolaires, la rémunération des enseignants au mérite et le recrutement des enseignants en contrat à durée déterminée (CDD).


X - Pour contrer la pensée de gauche répandue dans l’Éducation nationale, plusieurs structures ont agi discrètement, comme l’Association pour la liberté économique et le progrès social (ALEPS), créée en 1966, la Société du Mont-Pèlerin, l’Institut de l’entreprise, créé en 1975, les « Semaines de la pensée libérale », créées en 1968, ou encore l’ultra-conservatrice association « SOS Éducation ».


XI - L’ouvrage montre comment finalement le monde de l’entreprise a entrepris une véritable « contre-révolution libérale », visant à démanteler l’État social, et à détruire méthodiquement l’héritage du Conseil national de la Résistance. Ainsi, le Medef a mené des attaques répétées contre l’assurance-maladie et contre le système de retraite par répartition.


XII - Ce vaste panorama, qui met le projecteur sur des cas concrets comme celui de Vivendi, Bolloré, Veolia, Lagardère, sur le rôle de personnages clés comme Laurence Parisot ou Dominique Strauss-Kahn, est très éclairant et foisonne de révélations. Il montre à quel point le monde de l’entreprise est bien organisé et a réussi à tisser discrètement ses réseaux dans différentes sphères, notamment dans celles du pouvoir et dans les sphères intellectuelles.


  • Source et référence électronique :

Chloé Maurel, « Benoît Collombat et David Servenay (dir.), Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours. Le vrai visage du capitalisme français », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 119 | 2012, mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 05 mars 2016. URL : http://chrhc.revues.org/2875

  • Médias et vidéos :
France Inter, émission “Là-bas si j'y suis” :
De Pétain à la CIA, La face cachée de Robert Schumann
Un dossier de François Asselineau, publié le 9 mai 2010
URL : http://www.upr.fr/dossiers-de-fond/... Téléchargement du dossier en PDF : https://www.upr.fr/wp-content/uploa...
Quotidien La Marseillaise du dimanche 1 septembre 2013.
Le livre d’Annie Lacroix-Riz, « Industriels et banquiers français sous l’Occupation » (Armand Colin, 2013), est le résultat d’années de travail dans les archives. Il montre, documents à l’appui, comment le grand patronat «dirige et anime, au détail près, la guerre sociale» n’hésitant pas à envisager les pires méthodes. Son seul but, hier comme aujourd’hui, est de garantir les profits les plus élevés possibles, de mettre les politiques étatiques au service des puissants, quitte, de nos jours, à liquider «le modèle social français. URL : http://www.historiographie.info/mar...
Les Archives des entreprises sous l'Occupation. Herve Joly. IFRESI, Lille, pp.320, 2005 <halshs-00536942>. URL : http://www.ahicf.com/IMG/pdf/archiv...
Louis Renault et « La fabrication de chars pour la Wehrmacht », article d’Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université Paris VII-Denis Diderot Février 2011. URL : http://www.citoyens-resistants.fr/I...
Verbatim de la Conférence sur « La collaboration du patronat » à l'Institut CGT d'Histoire Sociale, le 28 avril 2011 à Montreuil. URL : http://www.ihs.cgt.fr/IMG/pdf__CF-d...


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