Petit protocole de sociocratie délibérative

Ce protocole est le fruit d’un débat au sein d’un groupe d’une douzaine de Gentils Virus lors d’une rencontre à Paris, le vendredi 22 mars 2013. Cet atelier fut très productif, merci aux participants : Arnaud, Damien, Jimmy, Julien, Léon, Mata’i, Marko, Matteu, Paul, Patrick et éventuellement les quelques personnes dont j’aurais oublié de noter le nom (veuillez m’en excuser et me le signaler pour que je rectifie).

Dimitri C.

1 ARTICLE I : PRINCIPES GÉNÉRAUX

I-A : La meilleure configuration pour débattre est le rond, car ainsi chacun est égal (comme Arthur et les chevaliers de la Table Ronde). De plus chacun peut voir tout le monde. Il faut commencer par un tour de table au cours duquel chacun se présente très rapidement : nom, occupation et humeur du moment. On commence par le plus jeune ou par le plus vieux, puis on tourne dans le sens des aiguilles d’une montre.

I-B : On ne coupe jamais la parole à personne.

I-C : On demande la parole en levant la main pour s’inscrire.

I-D : Le temps de parole de chaque personne est chronométré.

Voté et approuvé à l’unanimité.

2 ARTICLE II : LES CHARGES

II-A : Il y a trois charges attribuées à des personnes tirées au sort. Chaque charge peut-être doublée d’un suppléant si besoin est :

- Le médiateur (Iségore) : inscrit ceux qui lèvent la main sur une liste et annonce qui est la prochaine personne à parler à chaque fois que le précédent à fini. Ainsi, à la fin de chaque intervention, la parole revient à l’Iségore qui la redonne au suivant sur sa liste.

- Le chronomètre (Clepsydre) : montre à l’orateur combien de temps il parle. Il peut aussi noter les temps et fréquences de parole de chacun sur une feuille. Il indique quelle est la durée moyenne d’une intervention. En général, une à deux minutes peuvent suffire. Et il faut veiller à ne pas dépasser 6 minutes par personne ; car ainsi seulement 10 personnes peuvent parler une fois en une heure.

- Le secrétaire (Scribe) : note ce qui est dit et résume les grandes décisions à chaque fois qu’un point est réglé ainsi qu’à la fin du débat. Il note les résultats des votes. Il envoie ensuite son compte-rendu aux participants. (Pour une meilleure prise de note complète il est peut-être bon que cette charge soit assurée par deux personnes).

II-B : On peut également, mais pas impérativement, avoir 1 ou 3 vérificateurs avec des smartphones ou des pc qui vérifieraient la véracité des informations, chiffres, dates... données par les débatteurs. Ils pourraient donner leur évaluation de la qualité, de la pertinence et de la précision du débat à la fin.

II-C : On commence par demander si pour chaque charge il y a des candidats.

- Cas 1 : Il n’y a qu’un candidat par charge, et donc la charge lui est donnée pour ce débat. Mais ils ne pourront plus candidater au débat suivant.

- Cas 2 : Il y a plusieurs candidats par charge et l’on tire au sort l’un d’eux.

- Cas 3 : Il n’y a pas de candidat pour une charge, on tire au sort parmi les gens présents.

Dans les trois cas les personnes ayant exercé une charge pendant un débat ne peuvent en exercer au débat suivant. Ils pourront éventuellement en exercer à nouveau deux débats plus tard en veillant à ne jamais exercer de charges deux débats de suite.

II-D : Les charges peuvent tourner pendant le débat à la demande de ceux qui exercent les charges ou éventuellement à celle du public.

Il est bon, mais pas impératif, que les charges tournent une fois pendant un débat. Plus parasiterait le débat et ne permettrai pas aux missionnés de s’adapter à leurs tâches. Et moins limiterait trop le principe de rotation des charges et pénaliserai à la fois les missionnés, qui ont plus de difficultés à prendre part au débat tout en l’encadrant, et aux non-missionnés qui souhaitent aider à l’organisation. Si besoin, un débat peut, en fonction de sa configuration, se dérouler sans rotation ou, à l’inverse, avec plus d’une rotation.

Voté et approuvé à l’unanimité.

3 ARTICLE III : LES SIGNES ET LE VOTE

III-A : Pour la prise de parole 2 types de signes sont possibles.

- La demande classique : Une main levée signifie qu’on demande la parole sans urgence ni priorité.

- La demande urgente : 1 doigt qui pointe vers la personne qui vient de dire une chose sur laquelle on veut rebondir donne la priorité.

- Le secrétaire (Scribe) établi deux listes d’inscription. Une normale où il inscrit les gens levant la main. Et une prioritaire où il inscrit les gens pointant le doigt.

III-B : Pour les autres interactions 3 types de signes sont possibles.

- Il est possible de lever son pouce en l’air pour signifier que l’on est totalement d’accord avec ce que dit l’intervenant, cela évite de dire oralement « Tout à fait d’accord ». En revanche le pouce en bas est interdit. Si l’on n’est pas d’accord avec l’intervenant il faut lever son doigt pour demander la parole en priorité et lui exposer ses objections.

- Les mains en T signifient que l’on souhaite une pause ou que l’on a un problème.

- Les bras en X signifient que l’on estime que l’on a fait le tour du sujet et que l’on demande au secrétaire (Scribe) de résumer et de conclure le point, et éventuellement procéder à un vote de passer au point suivant.

Le vote se fait en général à main levée. Le secrétaire (Scribe) [ou le médiateur (Iségore)] demande qui est « Pour » qui est « Contre » et qui « S’abstient ». Il note les résultats.

III-C : Le vote à main levée est la règle générale mais d’autres modalités sont possibles bien que plus longues et plus complexes.

- Un vote peut être argumenté, afin que chacun explique son vote.

- Un vote peut être de valeur, où chacun donne des points à chaque option plutôt qu’une simple voix à une seule d’entre elles. L’échelle la plus appropriée étant de -2 à +2. Très défavorable (-2), Défavorable (-1), Neutre (0), Favorable (+1) ou Très Favorable (+2). Cela évite le paradoxe de Condorcet et permet d’avoir un résultat plus fidèle à ce que pensent vraiment les gens. Plutôt qu’un simple ‘Pour’ ou ‘Contre’, c’est ‘A quel point êtes vous pour ou contre ?’. On fait le total et la proposition ayant le plus de points l’emporte.

Pour en savoir plus :

Vote de Valeur

Systèmes de Vote Alternatifs

- Dans des cas importants un vote peut se faire à bulletins secrets si quelqu’un le réclame. Il peut alors être un vote simple ou de valeur.

- On doit pouvoir voter article par article et non par sur un texte entier. Sauf si deux articles sont trop liés entre eux et n’ont de sens qu’ensemble, à ce moment ils doivent être votés ensemble.

III-D : Si personne n’a plus rien à dire, on peut effectuer un tour de table dans le sens des aiguilles d’une montre pour conclure et/ou inciter ceux qui n’ont pas demandé la parole à parler et à participer.

A la fin du débat les missionnés et le public votent sur la qualité du débat et peuvent lui attribuer une note et évoquer quels ont été ses faiblesses et ses points forts.

Voté et approuvé à la majorité absolue mais pas à l’unanimité.

4 Mise en commun des résultats des ateliers et conclusion

• Groupe 3 : Protocole de sociocratie délibérative

Moi : cf le résumé précédent. Puis je passe la parole aux autres (Arnaud, Damien, Jimmy, Julien, Léon, Mata’i, Marko, Matteuv, Paul, Patrick) pour ceux qui le souhaitent disent en quelques mots ce qu’ils en ont pensé :

- On vote sur la qualité des débats et on est tous très satisfaits. Il y a eu une forte prise de parole de la part de tout le monde.

- On a vraiment pris du plaisir à discuter ensemble. On a fait notre petite Constitution.

- On a bossé très vite et très efficacement. C’était un plaisir d’écouter quelqu’un jusqu’au bout puis de savoir qu’on serait écouté par tous sans interruption. Cela a mis un climat de grand respect entre nous.

- Pas de prise de pouvoir de celui qui parle le plus fort, le plus vite et le plus. Tout le monde participe.

- Les spectateurs qui voient un débat comme ça, ça leur donne envie de devenir acteur de ce débat.

Rédigé fin avril 2013

Dimitri C.

5 Autre expérience d'utilisation du petit protocole de sociocratie délibérative lors d'un atelier constituant LCC et Réseau Salariat

Reflexion suite à l'utilisation du petit protocole de sociocratie délibérative - Atelier Constituant : LCC et Réseau Salariat