L'enjeu du salaire

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Titre : L'enjeu du salaire
Auteur(s) : Bernard Friot
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Lien vers le résumé approfondi du livre "L'enjeu du salaire" de Bernard Friot
Quatrième de couverture : Dirigée par Bernard Friot, la collection "Travail et salariat" analyse le travail en acte et les perspectives qu'ouvrent les institutions du salariat en matière de statut social des personnes et de production de la richesse.

La souveraineté populaire doit être défendue. Patronat et banquiers pratiquent le chantage à l'emploi et à la dette pour réduire les droits sociaux. Les gouvernants de droite et de gauche, loin de leur résister, s'évertuent à leur envoyer des «signaux» qui les incitent à réclamer davantage. Est-il possible de briser cette soumission ?

Oui, répond cet ouvrage, qui propose de porter plus loin les institutions qui sont nées des luttes pour le salaire, et dont nous faisons à grande échelle l'expérience de l'efficacité : la qualification personnelle et la cotisation. La qualification personnelle peut faire disparaître le marché du travail, à condition d'attribuer à chacun, à sa majorité, une qualification et donc un salaire. Et contre les projets de remplacer la cotisation sociale par la CSG, la TVA ou les mutuelles, il faut au contraire l'étendre en créant une cotisation économique pour un financement de l'investissement sans crédit et donc sans dette.

L'enjeu du salaire, c'est la disparition du marché du travail, et donc du chantage à l'emploi, ainsi que la suppression du crédit lucratif, et donc du chantage à la dette. Ce n'est ni d'une réforme fiscale ni d'une plus grande régulation étatique que nous avons besoin, mais de plus de pouvoir populaire sur l'économie et sur le travail.

La Dispute.
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Lien vers les vidéos correspondantes à une conférence de Bernard Friot à la librairie Tropiques
Une belle bibliothèque de vidéos concernant Bernard Friot : Monnaie & Démocratie - Bernard Friot
Salaire, retraite, l'employeur frappe toujours deux fois, Conférence de Bernard Friot du 15 janvier 2013 à Lausanne
Podcast à télécharger ou écouter du cours donné par Bernard Friot à l'Université de Bruxelles le 27 Mars, 2014 (origine) :
- audio-conférence 1 (mp3)
- audio-conférence 2 (mp3)
- audio-conférence 3 (mp3)
Conférence gesticulée collective de Réseau Salariat et du Réseau Grenaille, au Grand Parquet (Paris) le 2 juin 2014

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Difficulté (de lecture) : Relativement aisée mais demande de l'attention car certains mots/concepts sont utilisés différemment, Bernard Friot les prenant volontairement dans un sens résolument nouveau.
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Sommaire

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Le résumé qui suit se veut très complet afin de permettre de mieux saisir le contenu du livre qui est un cheminement ; et qui, d'une analyse poussée de la situation actuelle capitaliste, montre l'ouverture possible vers le salaire universel et la sortie du capitalisme.

La présentation sera donc constituée par une première partie avec deux colonnes qui suivront parallèlement ce cheminement sur plusieurs thèmes et chapitres du livre, puis du cœur de la proposition de Bernard Friot, et se terminera par une dernière partie relative au "faire plus" (parti socialiste) et "faire à côté" (revenu inconditionnel garanti) aussi présentée en deux colonnes.

Il est important d'avertir que le cœur ne sera réellement bien appréhendé et compris qu'après la lecture de la première partie.
Des fenêtres déroulantes permettront à ceux qui le souhaitent d'approfondir les différents points abordés.

(pour d'autres informations revenu de base/salaire universel)

Glossaire

. Emploi
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Construit par les conventions collectives comme poste de travail support de la qualification et du salaire, l'emploi est une institution ambivalente aujourd'hui vidée de son contenu salarial (qualification du poste remplacé par l'employabilité de son titulaire, cotisation sociale exonérée ou changée soit en solidarité nationale, soit en prévoyance par répartition), au bénéfice de sa stricte articulation au marché du travail : institution décisive du déni de la qualification des personnes réduites à la force de travail, il peut être remplacé par la qualification personnelle.
. Employabilité
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Définissant le travailleur comme porteur d'une permanente "distance à l'emploi" à réduire grâce à la formation tout au long de la vie et à l'intermédiaire du service public de l'emploi, l'employabilité est l'instrument essentiel de lutte contre la qualification, celle du poste dans l'emploi, celle de la personne dans le grade.
Ses thèmes majeurs sont la "modernisation du marché du travail" et la "sécurisation des parcours professionnel".
. Employeur
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Fonction sociale décisive dans la convention capitaliste du travail : l'employeur loue des forces de travail pour les affecter sur des postes support de la qualification, si bien qu'en embauchant ou en débauchant un salarié, il décide de sa capacité ou non de créer de la valeur économique.
Ne pas confondre cette fonction qui doit disparaître avec les nécessaires fonctions d'entrepreneur, de supérieur hiérarchique.
. Force de travail
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Destin du travailleur dans la convention capitaliste du travail. La définition capitaliste de la valeur réduit les travailleurs, dans l'acte de production, à objectiver leur capacité de produire de la valeur économique dans une marchandise soumise aux aléas du marché du travail, évaluée au temps nécessaire à sa (re)production et vouée à produire des marchandises sous le joug de la valeur-travail.

Un des lieux majeurs de l'aliénation au capital est la naturalisation de la force de travail comme propriété (on "a" une force de travail, c'est un "capital humain") de la personne capable de produire des valeurs d'usage.
. Marchandises
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Institution de la convention capitaliste du travail, la marchandise est certes un bien qui doit être vendue, car c'est la condition pour la récupération par le capitaliste de la survaleur apparue dans l'acte de production.
Mais tous les biens et services vendus ne sont pas des marchandises parce qu'ils ne contiennent pas tous de la survaleur.
Pour qu'il y ait survaleur, il faut que le produit l'ait été par une force de travail (elle-même marchandise donc) soumise à la loi de la valeur, c'est à dire contrainte de produire dans le temps de travail moyen nécessaire à la production de ce bien, c'est à dire selon les normes temporelles de compétitivité qui mesurent la productivité dans la convention capitaliste du travail.

Les catégories statistiques du marchand et du non-marchand, en faisant de l'existence ou non d'un prix le critère d'une distinction, font l'impasse sur cette composante essentielle de la marchandise.
. Profit
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Ponction sur la valeur produite par le travail d'autrui à l'occasion de la production de marchandises par les forces de travail.
Ce revenu de la propriété lucrative n'est pas à confondre avec le bénéfice, revenu du travail d'un travailleur indépendant utilisant sa propriété d'usage.
. Propriété lucrative, Propriété d'usage
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Ce sont deux notions contraires.
  • La propriété d'usage est un patrimoine que l'on consomme pour son usage personnel et dont on ne tire aucun revenu : un appartement, une voiture, des outils, de l'épargne d'usage.
  • La propriété lucrative est un patrimoine que l'on ne consomme pas personnellement, pour en tirer un revenu sous forme de loyer, de rendement d'un portefeuille financier, de profit tiré d'une entreprise.
    C'est le principal obstacle à la propriété d'usage, en particulier en matière de logement et d'outil de travail. C'est sa disparition qui permettra la généralisation de la propriété d'usage du sol, du logement, des entreprises.
. Revenu
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Qu'il soit le rendement d'une propriété lucrative (individuelle ou collective), le forfait d'une carrière smicarde ou d'un revenu inconditionnel de base, le revenu différé d'une prévoyance par répartition, la rémunération d'un projet ou d'un chantier, le revenu est le contraire du salaire car il ignore tant la qualification que la cotisation (en tout cas à son taux normal) tout en réduisant la ressource à un pouvoir d'achat
. Le travail
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On travaille lorsque l’activité productrice de valeur d’usage – le travail concret – se double d’une production de valeur économique – le travail abstrait – parce qu’elle s’inscrit dans une convention dans les institutions qui, par convention, ajoutent à la valeur d’usage une valeur économique.


Définition de Bernard Friot :
Dans le capitalisme, le travail a deux dimensions, le travail concret, qui rapporte la production de valeurs d'usage, et le travail abstrait, qui le rapporte à la production de valeur économique.

Le travail y désigne donc la part de la production de valeur, production de valeur économique, soit la production de marchandises par des forces de travail.

Mais cette convention est mise à mal par la convention salariale, porteuse d'une autre mesure de la valeur et d'une autre définition du travail comme la production de valeurs d'usage par des salariés, c'est à dire des titulaires d'une qualification.
. Survaleur
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Cœur de la convention capitaliste du travail, la survaleur ou plus-value résulte de la différence entre le temps de mobilisation de la force de travail dans les conditions moyennes de productivité (valeur du produit du travail) et le temps de sa (re)production (valeur de la force de travail, salaire).

Le taux de survaleur est le rapport entre la survaleur et le salaire.

Mais c'est bien le taux de profit, qui rapporte la survaleur au capital avancé qui est décisif.
. Le travail concret
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Ce que le langage courant désigne comme « activité » associée à « richesse » est la production de valeur d’usage par le travail dans sa dimension concrète : le travail concret met en œuvre des technologies et des savoir-faire spécifiques pour produire tel bien ou service spécifique, telle valeur d’usage donc.

Le travail concret selon Bernard Friot :

Les valeurs d'usage, c'est à dire les biens et services définis par ce à quoi ils servent, sont le produit du travail concret.

Mais ça n'est pas l' utilité sociale du travail concret qui décide de la valeur économique des produits, c'est l'institution dans laquelle il s'exerce (emploi, grade, salaire à vie)
. Le travail abstrait
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Ce que le langage courant désigne comme « travail » associé à « valeur » désigne l’autre dimension du travail, sa dimension abstraite de production de valeur économique.

Le travail abstrait selon Bernard Friot :
Invention capitaliste qui rapporte le travail à la mesure de la valeur économique et donc détache celle-ci de l'immédiateté des rapports de pouvoir qui la déterminent.

L'effet est à la fois émancipateur et mortifère.

  • Émancipateur, parce que l'acte même de produire, et non le statut social du producteur, est posé comme fondement de la valeur, ce qui contribue à construire l’égalité des humains.
  • Mais mortifère, parce que la forme capitaliste d'extorsion de la survaleur suppose que le travail abstrait est utilisé pour mesurer la valeur soit le temps de travail (valeur-travail), ce qui fait que les personnes, réduites à des forces de travail, sont de plus prises dans l'étau de l'élimination relative de ces dernières.


Le travail abstrait salarial (la qualification) au contraire, confirme les personnes puisque la qualification, toujours améliorable, leur est attachée de façon irréversible.
. Valeur d'usage, valeur économique
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Toutes les valeurs d'usage' ne se valent pas, non par nature mais parce que les rapports sociaux en décident ainsi : tout le monde n'est pas reconnu comme producteur, tous les biens et services ne sont pas porteurs de valeur économique, toutes les activités ne sont pas productrices, toute la richesse que représentent les valeurs d'usage n'est pas reconnue comme valeur.
Expression de la valeur économique, et donc des rapports de pouvoir dans une société, la monnaie n'est donc pas la simple quantification diaphane des valeurs d'usage, c'est un enjeu de pouvoir.

Si dans le capitalisme, la valeur économique est la valeur d'échange, ça n'est pas parce que l'extorsion de survaleur dans la production passe par l'échange entre force de travail et salaires sur le marché du travail et entre produits et prix de vente sur le marché des produits.

Dans la convention salariale, les biens continuent à être échangés, mais la valeur-travail (*voir travail abstrait) est remplacée par la qualification personnelle : la vraie valeur économique n'est plus une valeur d'échange.



1 SITUATION ACTUELLE

1.1 Le salaire, du pouvoir d’achat au pouvoir économique

« Le salaire tel que nous le concevons actuellement »

Il y a un déplacement à opérer dans le regard que nous portons sur le salaire.
Ce regard est aliéné, les idées reçues sont un très gros handicap aux émancipations radicales dont le salaire est porteur.

Les idées reçues sont qu’avec son salaire on doit pouvoir vivre et faire vivre ceux dont on a la charge, et que chacun doit être payé en proportion de la pénibilité ou de la responsabilité de son travail.
Le salaire est défini comme prix du travail : le salaire sert à satisfaire les besoins des travailleurs, le salaire est le prix de la force de travail, le gagne pain.
Le salaire est défini comme revenu du travailleur : Le salaire est la rémunération du travail, la récompense de l’effort.

La conséquence directe de ces idées reçues est de faire du salaire un pouvoir d’achat. Le salaire donne un pouvoir d’achat à la mesure du travail fourni.
Cela implique deux dérives de pensée ; minorité sociale et contrepartie :

  • La minorité sociale renvoie à la définition classique du salarié : en échange de la subordination à un employeur qui assume le risque de la production, il a le droit à la sécurité de ses ressources. C’est un mineur social.
 [Minorité sociale (approfondissement)

  • La contrepartie du salaire en travail c’est la représentation du salaire comme pouvoir d’achat à la mesure du travail fourni. Cela a pour conséquence la proratisation.
 [Proratisation (approfondissement)



Le capitalisme pose le temps de travail comme mesure de valeur, à une représentation du salaire comme contrepartie d’un temps de travail.

La représentation du travailleur, et partant du salaire, que tente d’imposer le capital consiste à définir les producteurs par la ressource qu’ils tirent de leur capital humain, et non pour leur capacité à décider de la valeur économique et donc de ce qui va être produit, par qui et comment.
 [Définir les producteurs par la ressource (approfondissement)




En appréhendant le salaire du point de vue de la valeur économique, on s’empêche de voir comment il est possible de s’appuyer sur lui pour supprimer le crédit lucratif et la propriété lucrative. Et on en reste à des propositions de taxation du capital, de nationalisation des banques et de certaines entreprises décisives, de création de monnaie par la banque centrale pour financer des investissements publics.

1.2 Qu’est-ce que travailler ?

La distinction entre valeur d’usage et valeur économique repose dans le capitalisme sur deux dimensions du travail, le travail concret et le travail abstrait.

Valeur d’usage et valeur économique : la valeur d’usage d’un bien ou d’un service c’est ce à quoi il sert concrètement. Sa valeur économique s’évalue en monnaie. Un produit sans valeur économique peut bien sûr avoir une valeur d’usage car tout ce qui est utile n’est pas forcément de valeur économique.
Exemple : le café préparé au sein d’un foyer entre amis et celui préparé par un garçon de café en ville. La valeur économique dépend de l’institution dans laquelle s’inscrit la production d’usage.

Produire des valeurs d’usage c’est produire de la richesse mais pas forcement de la valeur économique, c’est être actif mais pas forcement travailler.
 [Exemple de valeur d'usage

Depuis le capitalisme, la valeur économique est définie par le travail abstrait et la définition du travail doit inclure celui-ci.

Le capital a inventé l’abstraction du travail dans une forme qui permet le profit lié à la propriété lucrative. Il a libéré la valeur économique de rapports sociaux qui la naturalisaient et la limitaient, et l’a enfermé dans un autre rapport de pouvoir.

 [Travail abstrait (approfondissement)



L’emploi est l’institution du travail cohérente avec la définition capitaliste de la valeur économique. La valeur économique est crée dans le cadre de l’emploi.

La production de valeur économique est naturalisée, la forme qu’elle prend dans nos sociétés capitalistes est posée comme naturelle, relevant de l’évidence.Ainsi l’évidence du caractère inévitable du gain de temps par le progrès technologique ou l’identification entre travail et emploi, exemple : les retraité sont présumés produire de la valeur d’usage mais pas de la valeur économique parce qu’ils n’ont pas d’emploi et que quelqu’un qui n’a pas d’emploi fait du travail concret mais ne peut pas faire du travail abstrait. C'est l’opinion courante due à l’intériorisation de la forme de valeur économique du capital.

Cette naturalisation s’opère par superposition de la valeur d’usage sur la valeur économique. Le fondement de la valeur économique d’un bien, ce serait « évidemment » sa valeur d’usage.

 [La naturalisation (approfondissement)



Le capital construit et entretient un récit du travail comme activité rémunérée et la représentation du salaire comme pouvoir d’achat. La monnaie serait une institution diaphane qui sert à troquer des valeurs d’usage entre elles selon la loi de l’offre et de la demande ; les pris et les quantités renverraient aux « préférences » du consommateur.

La convention capitaliste du travail ce sont les institutions dans lesquelles est produite la valeur économique dans le capitalisme et donc la définition du travail abstrait qui y prévaut et comporte la propriété lucrative, le marché du travail (le marché des forces du travail), la valeur-travail et la création monétaire par le crédit bancaire.

 [La convention capitaliste du travail (approfondissement)



En faisant du travail abstrait une pièce décisive de sa convention du capital ; le capitalisme fait du travail, de la monnaie et du salaire l’objet d’un conflit central. Même si la focalisation sur la valeur d’usage tente de poser comme « naturelle » la définition capitaliste du travail, elle ne parvient pas à l’y enfermer. A la fois parce que d’autres logiques du travail que la logique capitaliste coexistent dans cette dernière (la convention salariale du travail produite par la fonction publique) mais aussi et surtout parce que, dans la dynamique même du capital, se sont construites dans le salaire des institutions contraires à la propriété lucrative, à la valeur-travail, au marché du travail et au crédit.

1.3 III Quel salaire ?

La valeur économique dans le capitalisme est réservée aux marchandises et mesurées par le travail abstrait quelles contiennent entendu comme le temps de travail en moyenne nécessaire à leur production. C’est une construction sociale propre au capitalisme.
Ce sont les rapports sociaux capitalistes qui la déterminent et qu’elle conforte, contrairement à une fable naturaliste qui fait du temps de travail l’instrument de quantification à la fois naturel –tout peut se rapporter au temps de travail) et nécessaire à l’échange (les valeurs d’usage sont incommensurables et il faut bien leur trouver un dénominateur commun).
En réalité, le temps de travail comme mesure de la valeur attribuée à des marchandises est l’outil décisif du profit, de l’appropriation par les propriétaires lucratifs d’une partie de la valeur créée par autrui (la survaleur).

L’appropriation par une minorité d’une partie de la valeur économique repose sur la différence entre deux temps de travail.

  • Le premier est le temps de travail nécessaire à la production d’une marchandise « force de travail » reconnu dans le salaire.
  • Le second, reconnu dans le prix de vente, est le temps de travail pendant lequel cette « force de travail » produit des biens et services (réduits eux aussi à l’état de « marchandises », produits avec la recherche constante de réduction de leur temps de production).

Cette différence est récupérée par l’acheteur de la « force de travail » lorsqu’il vend les « marchandises » que celle-ci a produites. Là est la source de l’accumulation du capital entre les mains d’une minorité qui va continuer avec toujours plus de force à imposer sa définition et sa pratique de la valeur économique.

Les sociétés capitalistes avancées comme la notre sont aujourd’hui dans une impasse à laquelle conduisent la définition et la pratique capitaliste de la valeur.

 [Impasse (approfondissement)



Les expressions « cotisation employeur » et « cotisation salarié », legs de l’histoire, loin d’aider à la compréhension de la cotisation, ont aujourd’hui des effets particulièrement nocifs.

  • D’une part les salariés sont attentifs surtout à la cotisation « salarié » et s’intéresse peu à la cotisation « employeur ». Attachés au salaire brut, ils ont peu conscience du salaire total et souvent n’identifient pas le gel ou le recul de la cotisation « employeur ».
  • D’autre part, le fait même d’affecter au « salarié » ou à son « employeur » la cotisation encourage l’idée selon laquelle le salaire total généré à l’occasion de chaque emploi trouve son origine dans la valeur créée par le titulaire de l’emploi : l’expression « salaire net » signifie qu’on lui ôte les cotisations.

Est ainsi alimentée la représentation des cotisations comme des prélèvements et est ainsi confortée la représentation propre au capitalisme selon laquelle il ne se crée de valeur économique que dans l’emploi producteur de marchandises et que le financement du non-marchand s’opère par ponction sur la valeur marchande : les salariés sont alors présentés comme des « cotisants » qui financent des non-producteurs de valeur.

 [Les cotisations (approfondissement)



1.4 La qualification et sa réforme

La confusion entre certification (diplôme) et qualification exprime la focalisation sur la valeur d’usage par quoi est naturalisée la convention capitaliste du travail.

  • La certification est la reconnaissance d’un niveau de savoir et de savoir-faire et renvoie à la valeur d’usage du produit de l’activité.
  • Le diplôme est un attribut de la personne qui dit sa capacité à produire telle valeur d’usage.
    La capacité à produire telle valeur d’usage peut-être acquise à l’école et au travail, d’où des formations en alternance et l’existence, à côté de la certification scolaire, de diplômes acquis en dehors de l’école, par reconnaissance de l’expérience professionnelle, comme en atteste la Validation des acquis de l’expérience (VAE).



La qualification renvoie à l’autre dimension de la production, la production de la valeur économique. Elle atteste que ce qui est qualifié peut participer à un certain niveau de création de valeur économique et a donc droit à tel niveau de salaire.
La qualification n’est pas d’abord un attribut personnel, dans la majorité des cas ce sont des choses qui sont qualifiées et la qualification des personnes est minoritaire : le capitalisme demeure dominant pour autant qu’il réussit à s’opposer à la qualification des personnes et à maintenir leur réduction à la force de travail.
En tout cas, qualifier c’est toujours attribuer deux choses inséparables : un niveau de participation potentielle à la production de valeur économique (potentielle car la qualification est attribuée ex ante, avant l’acte de production) et un niveau de salaire.

 [Certification et qualification (approfondissement)



La définition naturalisante superposant valeur d’usage et valeur économique fait de l’emploi un « poste de travail » voué à telle valeur d’usage dans la nécessaire division technique du travail concret.
Il y a emploi quand il y a un poste de travail appliqué à tel segment de la production d’une valeur d’usage mais le travail engage et la production de valeur d’usage et la production de valeur économique : à ce dernier titre l’emploi est un poste de travail doté d’une qualification.
Il n’y a « emploi » que lorsque c’est au poste de travail, et non pas à son titulaire, qu’est affectée la qualification : ainsi les conventions collectives qualifient des postes, pas des personnes.
Le capitalisme implique que la propriété lucrative soit doublée d’un marché du travail, et c’est le cas si c’est le poste de travail qui est qualifié et non la personne.

 [Emploi et qualification (approfondissement)



La convention capitaliste du travail cherche à se légitimer dans l’insistance sur la certification des personnes alors même qu’elle s’emploie à les nier comme porteuses de la création économique.
Mesurer les diplômes et les diverses capacités d’une personne à produire des valeurs d’usage et conclure à sa « qualification » entretient la focalisation sur la valeur d’usage qui interdit le débat sur la valeur économique. Il y a un brouillage.

 [Brouillage (approfondissement)




La lutte contre la qualification qu’ont entreprise les réformateurs vise à restaurer la pratique capitaliste du travail abstrait avec :

  • la privation d’entreprises dont les salariés sont fonctionnaires ou ont un quasi-statut de fonction publique, avec qualification personnelle  : pour France Telecom, La Poste, EDF-GDF, la SNCF notamment avec une marginalisation des fonctionnaires et un détricotage minutieux du statut, dont les régimes de pension  ;
  • dans l’administration, le projet de faire disparaître le grade par création de l’ « emploi public » à la place de la fonction publique, la réforme visant à faire de l’emploi, qui était jusque-là un simple poste budgétaire, le cœur des droits de personnels que l’on continuera peut-être à appeler « fonctionnaires » mais qui ne relèveront plus d’une logique de grade ;
 [Restauration de la pratique capitaliste dans l'administration (approfondissement)


  • Le remplacement du salaire continué dans la pension par la pension comme revenu différé ;
 [Restauration de la pratique capitaliste dans la pension (approfonsissement)


  • La tentative de faire de l’emploi non plus un poste de travail support de la qualification mais le lieu d’exercice de l’employabilité du travailleur. La réforme empreinte deux voies : la marginalisation du salaire à la qualification et le remplacement de la qualification du poste par l’employabilité de son titulaire.
 [Restauration de la pratique capitaliste dans le poste de travail (approfonsissement)



1.5 La cotisation et sa réforme

La thèse de la cotisation comme « taxe sur le travail » à laquelle il conviendrait de substituer une « taxe sur le revenu » incluant celui du capital est venue par l’introduction de la contribution sociale généralisée (CSG).
En affirmant que « le travail cotise » et que « le capital devrait cotiser » on induit que les cotisants prennent sur ce qu’ils ont produit par leur travail pour financer la sécurité sociale et que « la part de la valeur ajoutée qui va au travail cotise » ; donc que « le salaire cotise ».

 [Le salaire cotise (approfondissement)



La tentative de la restauration de la propriété lucrative et du crédit passe par « les piliers » de la protection sociale, expression largement promue par l’Union européenne à travers la jurisprudence de la Cour de justice des communautés européennes, à Luxembourg, et dans ce qu’on appelle la « méthode ouverte de coordination » des politiques nationales de réforme.
Le premier pilier, « public », assure la « solidarité nationale » sur une base fiscale ; le second, « professionnel », assure des droits obligatoires dans le cadre de l’entreprise ou de la branche ; le troisième, « individuel », assure des compléments facultatifs par capitalisation.
Le salaire socialisé, cœur de la cotisation sociale, a disparut au bénéfice de l’impôt et de la propriété lucrative.

  • Le pilier public restaure, contre le salaire, d’une part la solidarité » nationale des prestations non contributives financées par un impôt comme la CSG ou la TVA sociale (panier de soins, allocations familiales, minimum garanti en matière de pension ou d’indemnités journalières) et d’autre part un socle de prestations contributives financées par de la prévoyance par répartition (pensions ou prestations de chômage sur comptes notionnels ou par points assurant un revenu différé)
  • Le pilier professionnel restaure, contre le salaire, des prestations contributives adossées au marchés financiers et donc à la propriété lucrative (pension par capitalisation à cotisations définies, assurance maladie complémentaire)
 [Les piliers de la protection sociale (approfondissement)



2 OUVERTURE POSSIBLE

2.1 Le salaire, du pouvoir d’achat au pouvoir économique

« passer du pouvoir d'achat au pouvoir politique émancipateur de décider de la valeur économique et de la produire »

Le pouvoir économique est à comprendre à la fois comme maîtrise et comme nouvelle définition de la valeur économique. Il s’agit de maîtriser la valeur économique pour en changer le sens.
Suppression du marché du travail et de la mesure de la valeur par le temps de travail, attribution à tous d’une qualification et d’un salaire à vie, suppression du crédit et de la propriété lucrative par une cotisation « économique » et une création monétaire articulée à la qualification : le salaire fonde ces possibles parce qu’il les pratique déjà à grande échelle et avec une remarquable efficacité.

La convention salariale du travail abolit le « nous avons contribué, nous avons droit » et le remplace par « nous avons droit à la qualification personnelle et donc au salaire à vie. »
Un régime de répartition, puisqu’il n’est pas fondé sur l’accumulation d’un capital, peut se créer et distribuer des prestations du jour au lendemain.
C’est ce qui s’est fait en 1947 pour L’AGIRC. Un régime par répartition socialise le salaire au temps t, il ne le transfère pas du temps t-1 en t comme s’il s’agissait d’une prévoyance.

La revendication est  : 100 % du meilleur salaire à 60 ans quelle que soit la durée de carrière ou la somme des cotisations ; la pension s’est construite non pas sur « nous avons cotisé, nous avons droit à un revenu différé » ou « nous avons travaillé, nous avons droit à un repos mérité » mais sur le révolutionnaire « nous avons enfin une qualification personnelle et un salaire à vie, nous pouvons maîtriser enfin notre travail ». L’impossibilité d’énoncer cette proposition tient à l’attachement à la représentation de la contrepartie du salaire en travail, et donc de la pension en travail passé.

Les deux dimensions du salaire : la qualification personnelle et la cotisation finançant du salaire.
Le salaire ne relève ni du pouvoir d’achat ni de la contrepartie, ni des besoin des travailleurs ni de la mesure de son temps de travail, il repose sur une autre mesure de la valeur économique, celle de la qualification, et ouvre la perspective de l’affirmation de la capacité de chaque salarié – et du salariat pris comme ensemble d’institutions alternatives à celles du capital – de décider de la valeur économique et de sa mesure.

L’enjeu du salaire c’est la sortie du capitalisme, se passer des capitalistes. Non pas de le contenir, non pas de bouger le curseur de la répartition de la valeur ajoutée en faveur du salaire et au détriment du profit mais de se passer des capitalistes, d’affecter toute la valeur ajoutée au salaire y compris la part qui doit aller à l’investissement. Aucun besoin pour travailler d’employeurs, d’actionnaires, de prêteurs.

2.2 Qu’est-ce que travailler ?

Le lien entre salaire et travail n’est pas celui qu’on lui accorde volontiers quand on dit que le salaire est le prix du travail ou que le travail est une activité rémunérée.
L’enjeu du salaire n’est pas dans la hausse du pouvoir d’achat concédé à des mineurs économiques mais dans un possible changement de la valeur économique, décisif pour l’émancipation de travail et des travailleurs ayant conquis leur majorité.


Les luttes syndicales ont abouti à la construction d’institutions salariales qui offrent une forme alternative d’abstraction du travail. Leur affirmation par une action politique clairement assumée et conduite rendra possibles l’éviction des propriétaires lucratifs et une démocratisation de la maîtrise de la valeur à un niveau jusqu’à présent inconnu.

 [Les institutions salariales




La dynamique des sociétés repose sur ce qui est défini et pratiqué comme valeur économique, cela détermine la production des valeurs d’usage.

 [La dynamique des sociétés (approfondissement)




La valeur d’usage des productions et les types de travail concrets à promouvoir sont déterminés par une question centrale.
La question est : comment est définie la valeur économique ? Qui en décide ? Qui en détient les clés ?
Car ce qui importe c’est la maîtrise de la valeur économique sans laquelle il n’y a aucune maîtrise de la valeur d’usage et du travail concret, et débattre de la définition de la valeur économique et du travail abstrait du capital.



La crise de la définition du travail, aujourd’hui manifeste peut être l’occasion de mettre en débat la valeur économique, le travail abstrait, tels que les définit le capital et de montrer que nous avons à notre disposition des institutions salariales qui définissent la valeur économique et le travail abstrait d’une manière contradictoire à la définition du capitalisme, que nous disposons dans le salaire d’un déjà-là émancipateur du travail.

Expression monétaire du travail abstrait, le salaire nous plonge au cœur du conflit de définition de la valeur économique.
La valeur économique est une affaire de pouvoir

 [La valeur économique et le pouvoir (approfondissement)



Il nous faut dénouer valeur d’usage et valeur économique. Dire que le travail est une activité qui produit de la valeur économique est très différent de dire que le travail est une activité rémunérée.

C’est la majorité sociale qui se joue dans le travail.

La convention capitaliste du travail peut être supprimée et remplacée par une autre convention du travail déjà-là qui est la convention salariale et qu’une action politique déterminée peut conduire à maturité.

 [La convention du travail déjà là (approfondissement)



La distinction entre activité et travail :
 [La distinction entre l'activité et le travail



Il est important de parler de convention car qu’il soit, selon les sociétés, désigné ou non comme travail, le travail concret est un invariant anthropologique, tout comme l’est la production de valeur économique qui est, dans le capitalisme, mesuré par le travail abstrait.
Le travail est un contrat social qui varie d’une société à une autre, il n’y a pas d’essence du travail transversale à toutes les sociétés.

 [Le travail est un contrat social (approfondissement)



Pas plus qu’il n’y a de contenu universel du travail concret producteur de valeur d’usage, il n’y a de définition universelle de la valeur économique et du travail abstrait.

 [Pas de définition universelle de la valeur économique (approfondissement)




Pour libérer le travail du carcan capitaliste, nous pouvons nous appuyer sur le salaire à condition de nous défaire de sa lecture en termes de pouvoir d’achat pour mesurer tout ce dont il est porteur en terme de pouvoir sur la valeur économique.
La rémunération exprime certes la subordination des travailleurs à la convention capitaliste du travail mais le salaire s’est affirmé contradictoirement à elle.
Les deux institutions centrales du salaire construites au XX°, qui sont subversives des institutions centrales du capital que sont la propriété lucrative, le marché du travail, la valeur-travail et le crédit, sont la qualification (qualification des postes dans l’emploi privé et surtout celle des personnes dans le grade des fonctionnaires ou dans le salaire à vie des retraités) et la cotisation sociale finançant du salaire socialisé et sont porteuses d’une nouvelle convention tant de la valeur économique que du travail.

2.3 Quel salaire ?

L’enjeu du salaire c’est de changer la convention sociale de la valeur économique. Le salaire est en effet affaire de valeur économique et non pas de la valeur d’usage et toute réflexion sur l’enjeu du salaire doit être une réflexion sur la valeur économique. La valeur économique est l’évaluation monétaire, déterminée par les rapports sociaux, d’une partie des valeurs d’usage. Elle n’a donc rien de naturel. La valeur économique est une convention sociale.

Le salaire est une institution considérable. Il est fort par son poids : 60% du PIB va au salaire). Il est fort par son contenu : pour plus de la moitié, il est fait de cotisations sociales et de salaires de fonctionnaires qui subvertissent la convention capitaliste du travail et sont aussi porteurs d’une alternative au capitalisme.
Le salaire, c'est-à-dire le salaire total, est le salaire net plus les cotisations (salariées et employeurs), le salaire brut plus les cotisations employeurs. Le salaire direct n’est qu’une partie du salaire total ; à la valeur créée dans l’emploi correspondant au salaire direct et au profit s’ajoute la valeur des biens et services non marchands créés par les destinataires des cotisations (qu’il s’agisse des soignants pour l’assurance maladie ou des retraités pour la vieillesse avec les cotisations sociales).
Le salaire total d’une personne est du salaire parce que les cotisations financent du salaire et non pas du revenu ou de la prévoyance et ce n’est pas totalement le salaire de cette personne car cette personne n’est pas à l’origine de la valeur économique exprimée par les cotisations liées à son emploi, une valeur qui devrait ainsi lui revenir quand cette personne serait malade ou retraitée sous forme de « salaire différé ».
La cotisation finance non pas du salaire différé mais du « salaire socialisé ». C’est la reconnaissance d’une valeur non marchande produite par les soignants, les retraités, les chômeurs, les personnes en arrêt de maladie, les parents, et incorporée dans le prix des marchandises.
De ce prix est tiré un flux de monnaie qui va payer les soignants, les retraités ou les parents, un flux de monnaie qui retournera aux marchandises puisque les pensions, salaires et allocations ainsi distribuées seront dépensés : ce flux de monnaie dans les deux sens est ainsi une opération blanche et n’est en aucun cas un flux de valeur.

 [Les cotisations sociales



La cotisation s’est construite comme une subversion du marché du travail et une attribution de valeur non marchand.

 [La construction de la cotisation (approfondissement)


Inverser le mouvement en remettant le salaire au cœur du conflit salarial est fondamental. Cela suppose une appréciation aiguë de l’enjeu du salaire comme levier d’une marginalisation de la convention capitaliste du travail et d’une autre définition de la valeur économique.

2.4 La qualification et sa réforme

Le salaire est affaire de qualification.


La valeur-travail n’est pas la seule forme de travail abstrait et une activité peut être transformée en travail sur la base d’une autre abstraction, la qualification ; le salaire n’étant pas le prix d’une quantité de temps de travail comme le veut la définition capitaliste du travail abstrait mais la reconnaissance d’une qualification.

La qualification a trois supports : le grade de la fonction publique, l’emploi du secteur privé, le diplôme protégé des professions libérales.

 [Les supports de la qualification



La fonction publique n’est pas l’emploi à vie mais le salaire à vie car la qualification et donc le salaire est l’attribut du fonctionnaire, et non pas son poste de travail comme dans le privé. La qualification personnelle vaut salaire quelle que soit l’implication, la productivité ou l’assiduité car elle assume la reconnaissance de son titulaire comme source de travail abstrait, comme producteur de valeur économique quoi qu’il en soit de son activité dans son poste de travail.

La qualification de la personne est doublement subversive de la convention capitaliste du travail puisqu’elle s’attaque et à la valeur (ce que fait aussi la qualification du poste dans l’emploi) et au marché du travail (ce que ne fait pas l’emploi). D’une part elle s’est étendue du fait de la croissance des fonctionnaires et des professions libérales dans la population active (plus d’un tiers entre 1980 et 2008, deux fois plus vite que l’emploi total), d’autre part la qualification personnelle a gagné les salaires du privé eux-mêmes, indirectement dans ce qu’on appelle les « marchés internes », et directement chez les retraités dont la pension est proche du salaire d’activité.

 [La qualification de la personne (approfondissement)
 [Le non-marchand



2.5 La cotisation et sa réforme

La cotisation sociale exprime une pratique de la valeur économique contradictoire avec celle du capital. La cotisation est non seulement une ponction sur la valeur ajoutée alternative à la propriété lucrative et à l’emploi, mais encore un ajout de valeur subversive de la valeur-travail. Elle donne un autre sens au travail abstrait, elle crée le chemin de la sortie du marché du travail. Démonstration concrète de l’inutilité de l’accumulation financière et du crédit, elle peut libérer du chantage des prêteurs, comme elle le fait pour les équipements qu’elle finance, ainsi que de la création monétaire comme dette par le crédit.

Cotiser n’est pas la même chose que de payer un impôt, contribuer à un revenu différé, ou affecter à la Sécurité sociale une partie des revenus d’une propriété lucrative. C’est du salaire socialisé, ce que ne sont ni le salaire fondé sur l’emploi, ni l’impôt sur le revenu, ni une taxe sur le profit, ni une prévoyance en vue d’un revenu différé. Cette différence est décisive pour qui n’identifie pas salaire et pouvoir d’achat, mais rapporte le salaire à la maîtrise et au changement de sens de la valeur économique.

La cotisation fait une ponction révolutionnaire sur la valeur ajouté qui est différente à un financement pris sur les profits distribués aux propriétaires lucratifs, au salaire direct lié à l’emploi et à l’impôt. La réussite de la cotisation dans le financement des engagements à long terme des pensions montre qu’il n’y a pas besoin d’accumulation financière pour assurer le futur en général, et financer l’investissement en particulier.

Le prélèvement sur la valeur ajoutée qui va au profit se fait au nom de la propriété lucrative. La propriété d’instruments de production ou d’un portefeuille de titres rend possible la ponction d’une partie de la valeur ajoutée en train d’être produite. La cotisation s’oppose à cette ponction. Contre une croyance en une accumulation des valeurs par les « marchés », la cotisation rappelle qu’on ne peut investir qu’une part de la valeur en train d’être produite et donne la clé de la suppression de la propriété lucrative et du crédit.

 [Ponction sur la valeur ajoutée (approfondissement)


L’épargne d’usage permet de se constituer une propriété d’usage ; l’épargnant d’usage ne ponctionne aucune valeur produite par le travail d’autrui puisqu’il ne fait que récupérer le pouvoir d’achat de ses dépôts et (éventuellement) sa participation à la croissance du PIB.

 [Epargne d'usage (approfondissement)


L’épargne lucrative est un patrimoine que l’on ne consomme pas mais dont on tire un revenu. Les dépôts et les rendements ne seront pas du tout à la même échelle que ceux de l’épargne d’usage, et le revenu de l’épargne sera ponctionné sur le travail d’autrui.

 [Epargne lucrative (approfondissement)


La dette ne se nourrit pas que de l’appropriation privée de la valeur créée par le travail d’autrui, mais aussi de la création monétaire par le crédit bancaire – ce qui fait de la monnaie, expression de la valeur créée par notre travail, une dette. Le capitalisme endette les peuples pour leur fournir de la monnaie.

Contrairement au salaire direct du privé, la cotisation prélève la valeur ajoutée au nom du salaire socialisé qui va être distribué à des personnes qui ne relèvent pas du marché du travail. Cette socialisation à l’échelle nationale est la condition pour que chacun soit assuré du versement de sa pension ou de la prise en charge de ses dépenses de santé, quels que soient les aléas de son emploi et la bonne ou mauvaise santé se son entreprise.
De plus, que la cotisation soit du salaire en fait un instrument de reconnaissance de la qualification. C’est une ponction sur la valeur ajoutée faite au nom de la qualification qui affirme donc, contre le marché du travail créateur de forces de travail, la contribution de ceux qu’elle finance à la création de la valeur économique.
Tout en montrant a contrario combien l’emploi mutile tant le travail concret que le produit et le producteur, la cotisation nourrit la convention salariale du travail qui, définissant la valeur économique non pas par le temps de travail abstrait nécessaire à la production des biens mais par la qualification des producteurs, libère le travail de la dictature du temps et conforte les personnes.
Ponctionner la cotisation sociale au nom du salaire pour la distribuer à des personnes qui vont produire du non-marchand tout en étant non pas des forces de travail mais les porteurs de la qualification, c’est libérer la valeur de sa définition capitaliste et ouvrir au PIB des contenus inédits.

 [Socialisation et travail abstrait (approfondissement)


La cotisation est un ajout de valeur car elle correspond à l’attribution de valeur économique au travail non-marchand. Exemple : le retraité est passé de la qualification du poste à la qualification personnelle, ce qui le libère non pas du travail mais de l’emploi et change radicalement le sens du travail.
La pension comme salaire à vie confirme qu’une matrice du travail alternative à l’emploi existe, subversive du marché du travail. Payés à vie les retraités produisent une valeur non capitaliste évaluée aux 13 % du PIB qui leur reviennent sous forme de pension. C’est la convention capitaliste du travail qui veut que produire du non-marchand hors emploi ne soit pas producteur de valeur. Le salaire à vie, en posant une autre convention de valeur et donc de travail ne connaît pas de « problème démographique » puisque chacun continue à produire de la valeur économique jusqu’à sa mort.

La convention salariale du travail n’élimine ni le prix, ni la monnaie, ni l’échange : elle élimine la marchandise, c'est-à-dire la dictature du temps qu’introduit la mesure de la valeur par le temps de production.

La cotisation est du salaire socialisé, du salaire qui exprime la valeur économique reconnue à du travail libéré de la valeur-travail et du marché du travail, et socialisé puisque l’expression monétaire de cette valeur, incluse dans le prix des marchandises, suppose un flux de monnaie aller-retour entre le marchand et le non-marchand.



2.6 (Cœur du livre) Salaire universel et souveraineté populaire

L’entreprise réformatrice de réhabilitation de la convention capitaliste du travail exerce un double chantage, sur la dette et sur l’emploi, et conduit nos sociétés au chaos.
Il est temps de prendre le pouvoir sur la valeur économique, et d’en changer le sens en passant de la valeur-travail à la qualification car nous avons déjà des institutions salariales en mesure de se substituer à celles du capital.

Si l’on prend la mesure de la qualification et de la cotisation, ces institutions salariales porteuses d’une autre valeur économique que la valeur-travail, ces institutions salariales en capacité d’en finir avec la propriété lucrative, le marché de l’emploi et le crédit, alors le salaire prend une couleur singulière.

Le salaire n’est pas affaire de pouvoir d’achat et n’est pas un revenu voué à sécuriser le destin de mineurs sociaux.
La cotisation pour financer le salaire socialisé, le grade des fonctionnaires, le salaire continué des retraites, ces institutions du salaire auxquelles est déjà affecté plus du tiers du PIB peuvent être généralisées dans un PIB totalement voué au salaire socialisé, dans un salaire pour tous et pour tout : un salaire universel. Le salaire universel est le salaire pour tous à travers le droit de qualification universel et pour tout à travers l’affectation de tout le PIB (y compris la part allant à l’investissement) au salaire socialisé.

Au cœur de la révolution à faire, il n’y a non pas de régulation étatique, mais un plus fort droit politique des personnes. Ce droit politique des personnes enrichit de sa dimension économique est le fondement de la mise en œuvre de la convention salariale du travail, qui fait de la qualification, et non pas du temps de travail, la mesure de la valeur économique.

Pourquoi conserver les termes « salariat » et « salarié » alors qu’ils auront pris un sens résolument nouveau ? Par refus de figer le mot « salaire » dans ce à quoi le capitalisme tente de le réduire et parce que le salaire est l’institution dans laquelle le déni de maîtrise de la valeur économique par ses producteurs peut se transmuer en son contraire : l’affirmation de cette maîtrise.

2.6.1 Un droit politique attaché à la personne

L’institution du salaire universel, à savoir le fait de poser toute personne, à compter de sa majorité, comme capable de décider de la valeur économique et de la produire, a trois dimensions :

  1. L’attribution d’un droit politique irrévocable : dotée de la qualification, chaque personne participe à la délibération de la valeur économique et est payé à vie à compter de sa majorité.
  2. L’inscription de la qualification personnelle dans une carrière salariale selon les critères du travail abstrait salarial avec les supports la rendant possible.
  3. Le fondement de la capacité à maîtriser la valeur économique dans la maîtrise populaire de l’investissement et de la création monétaire.


La première dimension apparente le salaire à vie au suffrage universel

La suppression de l’emploi supprimera le hors-emploi : parents au foyer, chômeurs ou retraités ont des « activités » qui aujourd’hui ne sont pas considérées comme du travail mais le seront dès lors qu’elles les exerceront dotées d’une qualification ; c'est-à-dire d’une capacité à produire de la valeur économique.
Affecter à chacun la qualification n’est pas reconnaître son utilité sociale mais c’est poser un acte révolutionnaire qui fait de chacun à la fois le maître de la valeur économique et le soutient de la qualification personnelle comme mesure de la valeur.
La dotation universelle de la qualification, en changeant la mesure de la valeur, va déployer le travail.

Financement du salaire à vie : par la cotisation. Les entreprises vont cotiser et non plus payer directement les salaires directs, comme elles le font déjà pour la Sécurité sociale. Les salaires seront payés par les caisses collectant cette cotisation.

2.6.2 La carrière salariale

La seconde dimension du droit de qualification universelle est la possibilité pour chacun d’une carrière salariale par amélioration de sa qualification grâce à des institutions soutenant son exercice et sa progression.



On peut imaginer une hiérarchie de 1 à 4 avec des salaires allant de 1 500 € net mensuels à 6 000.
Tout le monde à sa majorité se voit attribué le niveau 1 de qualification et 1 500 € de salaire. Cette qualification et ce salaire sont irrévocables.
La progression du salaire se fera à l’ancienneté à l’intérieur d’un même niveau de qualification et par épreuve de qualification pour passer au niveau supérieur.
Passer des épreuves de qualification sera loisible jusqu’à la mort ; dans « l’enjeu de la retraire » il y a la proposition d’un âge légal (par exemple 60 ans) auquel chacun abandonne ses responsabilités fonctionnelles pour les laisser aux plus jeunes et éviter le risque de gérontocratie inhérent aux carrières à vie mais cela n’entraînera pas le gel de la qualification dès lors que l’intéressé sera volontaire pour passer de nouvelles épreuves (sauf si le plafond de 6000 est atteint).

Décision de la qualification et les critères : l’expérience est déjà acquise au sein de la fonction publique avec la validation des acquis de l’expérience ou la négociation des conventions collectives. Ce sera le terrain des plus fortes innovations et des plus forts conflits, puisque c’est là que concrètement se construira la définition du travail abstrait, et qu’il s’agit d’un enjeu de pouvoir décisif. Dès lors que ce n’est plus le temps de travail mais la qualification qui mesure la valeur des biens, le contenu de la qualification et sa hiérarchie deviennent les enjeux centraux de la définition de la valeur et donc des priorités dans la production des valeurs d’usage. Tout l’expérience par la négociation collective ou les jurys attribuant des grades sera nécessaire et devra être considérablement enrichie. La maîtrise de la structure des qualifications exigera un changement de l‘occasion de la création monétaire.

Qualification et résultats scolaires/certification ? : il n’y a aucun lien entre démarrage dans la qualification et diplôme. Les épreuves professionnelles de qualification qui conduiront à des niveaux supérieurs ne relèveront pas de l’école, ni dans leur contenu, ni dans les jurys ; ceci dit, compte tenu que la définition salariale du travail abstrait participera de façon décisive aux choix de priorités en matière de travail concret, et que celui-ci, qui a à voir avec la formation, se certifie dans les diplômes, il est évident que ceux-ci auront un impact sur la progression d’une personne dans la qualification.

Individualisation des salaires ? : la qualification attachée à la personne, des centaines de milliers de personnes auront le même niveau de qualification et donc le même salaire alors même que le travail concret qu’elles seront amenées à faire avec cette qualification sera d’une diversité infinie ; parce qu’elle est encore beaucoup plus transversale que la qualification des emplois, la qualification des personnes est l’obstacle majeur à l’individualisation du salaire.

Droit politique/une même qualification personnelle ? : il reste à fonder les différences de niveaux dans la production de valeur économique. Ces différences de niveaux sont essentielles, sauf à dire que toutes les valeurs d’usage se valent et que tous les producteurs de valeur d’usage se valent.

Accompagnement des personnes dans leur qualification : dès lors que l’accompagnement aura pour but de confirmer la qualification des personnes, toutes les techniques et tous les accompagnateurs trouveront leur efficacité. Entrer dans un collectif de travail, en sortir (y compris contre son gré), monter une entreprise et constituer un collectif de travail, entretenir un réseau de pairs, se former, changer de statut (de fonctionnaire à privé, de membre d’une entreprise à indépendant), changer de métier, passer des épreuves de qualification, assurer le respect de ses droits, tout cela, qui sera beaucoup plus facile et donc beaucoup plus courant qu’aujourd’hui du fait de l’horizon long qu’apportera à chacun l’irrévocabilité de son salaire, supposera un accès effectif tant aux syndicats qu’aux professionnels de l’accompagnement, dont le rôle sera accru.

2.6.3 La maîtrise populaire de l’investissement et de la création monétaire

La troisième dimension de la qualification universelle, inséparable des deux précédentes, réside dans la maîtrise de l’investissement, dans le remplacement de la propriété lucrative par la propriété d’usage, dans la suppression de crédit lucratif et dans le changement d’occasion de la création monétaire.


Assurer la maîtrise populaire de l’investissement : par une ponction sur la valeur ajoutée qui, à hauteur de 30 % par exemple, ira au salaire socialisé pour financer l’investissement. Le crédit privé n’est pas un mal nécessaire à contenir par un crédit public mais un mal inutile à supprimer totalement. Les travailleurs sont les seuls producteurs de la valeur et c’est à eux de s’en approprier et de décider de l’affectation d’une part de celle-ci à l’investissement. On peut imaginer que, par exemple 15 % de la valeur ajoutée de chaque entreprise seront affectés à l’autofinancement de projets décidés dans l’entreprise par les salariés (en débats avec les autres collectivités territoriales ou les autres entreprises de la branche), et sur les autres 15 % feront l’objet d’une cotisation collectée par des caisses d’investissements à gestion démocratiques et à déclinaisons tant locales que sectorielles ou nationales. Ces caisses financeront les investissements des services publics et ceux du secteur marchand qui, excédant le flux de valeur ajoutée généré par l’entreprise, exigent la mutualisation de cette valeur. Toute l’activité économique doit être financée par le salaire socialisé. Cet assèchement du profit permettra la maîtrise de l’investissement et sa progression considérable, puisqu’il sera financé sans remboursement et sans taux d’intérêt. Les entreprise seront, à des niveaux et selon des formes variées, des propriétés d’usage ; aucune plus-value ne sera possible à l’occasion de leur cession, aucun dividende ne sera versé ; les entreprises ne rapporteront aucun revenu. La propriété d’usage va remplacer la propriété lucrative, et dès que le collectif sera de deux personnes elle devra être partagée. Il n’y aura plus ni employeur, ni actionnaire ni prêteurs lucratifs. Il n’y aura que des propriétaires d’usage ayant la maîtrise de l’outil de travail mais ne pouvant l’utiliser pour ponctionner une partie de la valeur créée par autrui. L’entreprise sera un collectif de qualifiés copropriétaires d’usage de l’outil de travail, avec une hiérarchie, avec des entrepreneurs, toutes fonctions inhérentes à une activité collective ; elle embauchera, licenciera ; la division technique du travail existera ainsi que la division sociale ; la coopération s’imposera entre qualifiés pour trancher les conflits : conflit sur les valeurs d’usage à produire, sur les conditions de travail, sur le devenir des personnes dans le collectif, sur le périmètre de l’entreprise et sur les coopérations interentreprises, cela donnera un rôle nouveau au syndicalisme et aux institutions délibératives du salariat.

Maîtrise et changement d’occasion de la création monétaire : créer de la monnaie est nécessaire pour anticiper la production supplémentaire de valeur économique. En dehors du crédit d’usage aux particuliers (symétrique de l’épargne d’usage) le crédit a deux objectifs :

  • le premier est le prêt de la monnaie existante ponctionnée par les propriétaires lucratifs avec un rendement excédent la croissance du PIB qui sera supprimé et remplacé par la cotisation économique.
  • le second est le fait de banques commerciales lorsqu’elles prêtent de l’argent au-delà de leurs dépôts (c’est de la création monétaire puisque la monnaie de banque - confirmée par la banque centrale - ainsi portée au compte de l’emprunteur, et détruite lors du remboursement du prêt, vient en supplément de la monnaie existante) ; cette création monétaire par crédit bancaire sera aussi supprimée.

Une anticipation de la valeur nouvelle cohérente avec la mesure salariale de la valeur serait de créer la monnaie à l’occasion de l’attribution des qualifications nouvelles : pour chaque cohorte à son entrée en majorité, et pour chacune et chacun des salariés lorsque au cours de leur carrière salariale ils monteront d’échelon ou franchiront un niveau de qualification.
L’institution monétaire devrait donc coopérer, de manière conflictuelle assurément, avec des institutions chargées de l’attribution des qualifications, qui elles-mêmes seront l’objet de conflits. Ce conflit d’institutions, auxquelles il faut ajouter les caisses d’investissement, les entreprises, les institutions représentatives des salariés, est gage d’une dynamique démocratique s’il est l’objet d’une régulation politique adéquate.

2.6.4 L’affectation de toute la valeur ajoutée au salaire universel

Le remplacement des salaires payés à l’emploi par une cotisation salaire, et du profit par une cotisation économique, va conduire à l’affectation de tout le PIB au salaire socialisé selon quatre parties dont trois en cotisations : l’autofinancement des entreprises, la cotisation salaire, la cotisation économique et la cotisation sociale.

  • La cotisation salaire : socialiser tout le salaire, y compris le salaire direct par une cotisation salaire qui se substituera à la paye par un employeur et qui garantira la sûreté du salaire à vie (actuellement, plus de 40 % du salaire total dans les cotisations sociales et la CSG est socialisé). Cette cotisation salaire assumera tout ce qui l’est aujourd’hui dans le salaire direct des salariés du privé et de la fonction publique, dans les indemnités journalières santé, maladie professionnelle, dans les pensions de retraite et dans les prestations en espèces de l’aide sociale. Cela représente environ la moitié du PIB et il faudra à terme une cotisation de cette hauteur (cela peut se faire petit à petit en commençant par exemple par un salaire à vie pour les 18-25 ans ou les 18-37 ans, et une cotisation salaire, selon le cas, de 4 % ou de 20 et quelque pour cent du PIB ; ainsi les entreprises pourront tester l’intérêt qu’il y a à cotiser plutôt qu’à payer des salaires, les caisses prendront leurs marques avant l’extension du dispositif à toute la population, les effets pervers ou induits pourront être appréciés et corrigés).


  • La cotisation économique : aujourd’hui, l’équivalent de 20 % du PIB va à l’investissement, ce qui est très insuffisant. Si nous souhaitons le porter à 30 %, par exemple, on peut à titre d’exemple purement illustratif envisager que les entreprises conservent 15 % de leur valeur ajoutée pour de l’autofinancement et qu’une cotisation au départ de 8 % par exemple, portée par la suite à 15 %, aille à des caisses d’investissement. Une telle cotisation fiançant l’investissement sans remboursement ni taux d’intérêt permettra un apprentissage du nouveau dispositif tant par les gestionnaire (administrateurs élus par les salariés, puisqu’il s’agira d’une partie socialisée du salaire) que par ses bénéficiaires : les responsables des entreprises pourront comparer, puisqu’ils pratiqueront les deux, l’intérêt respectif d’une cotisation en pourcentage de la valeur ajoutée et d’un emprunt remboursable.


  • La cotisation sociale : Les 20 % restants serviront à financer la part des consommations gratuites qui ne relèvent ni du salaire ni de l’investissement (par exemple : les dépenses d’énergie ou l’achat de petit matériel d’une école ou d’un hôpital) ; l’extension de gratuité au logement, au transport, à la culture, etc. augmentera la part du PIB qui ira à cette part socialisée du salaire.



Affecter tout le PIB (hors autofinancement) à la cotisation, et donc au salaire socialisé, sous différentes formes est un acte politique décisif. Car non seulement la production de la valeur, mais sa propriété d’usage et son affectation doivent être le fait des salariés, c'est-à-dire du peuple souverain.

L’universalisation de la qualification passe par trois dynamiques majeures :

  • Attribution à chacune et chacune d’une qualification financée par une cotisation salariale et du salaire irréversible correspondant, au premier niveau pour tous à la majorité et progressant à mesure des épreuves de qualification.
  • Création d’une cotisation économique ponctionnée sur la valeur ajoutée finançant les projets d’investissements sans remboursement et sans taux d’intérêt
  • Création monétaire fondée sur une autre anticipation de la production économique, sur l’anticipation de la valeur découlant des nouvelles qualifications, à l’occasion de leur attribution aux nouveaux majeurs et en cours de carrière.



2.7 Faire plus que le parti socialiste ?

Le plein emploi, la taxation du capital et la réforme fiscale, la régulation publique du crédit, la hausse du SMIC et des minimas sociaux sont des thématiques familières de la gauche.


Le plein emploi, aujourd’hui objet d’un solide consensus même en y ajoutant les qualificatifs de solidaire ou de vrai, est présenté comme étant au cœur de la sortie de crise ; or il nous enfonce dans la crise.

Dire que c’est le plein emploi qui permettra d’assumer des dépenses de pensions croissantes est absurde : créer des emplois supplémentaires, c’est aussi créer des droits de pension supplémentaires qu’il faudra bien honorer un jour. Ce n’est pas la croissance de l’emploi, qui a augmenté bien moins vite que le nombre de retraités, qui a permis la croissance des pensions dans le PIB. Ce qui a permis la croissance des pensions dans le PIB c’est la croissance dans le salaire total, du taux de cotisation sociale. Le financement des pensions a grandi plus vite que la masse des salaires directs, ce qui est indispensable pour faire face au poids croissant des retraités relativement aux actifs. Pour que la part du salaire total consacré aux pensions augmente alors il faut que le taux de cotisations augmente. Oublier que le taux de cotisations vieillesse a plus que triplé en cinquante ans, qu’il régresse massivement pour les salaires inférieurs à 1,6 SMIC depuis la fin des années 1990 et qu’il stagne depuis cette date pour les autres, est tout à fait significatif de la situation revendicative des quinze dernières années : la hausse du taux de cotisations a pratiquement disparu des revendications syndicales et des propositions politiques.

Revendication de modulation des taux de cotisations selon le comportement des employeurs en matière d’emploi et selon l’intensité capitaliste de l’entreprise : elle met en cause une des innovations centrales de la Sécurité sociale, la péréquation entre employeurs assujettis au même taux, et fait retour au pollueur-payeur, qui est antagonique à la Sécurité sociale. Exemple de la difficulté de reconnaissance de maladies professionnelles et des accidents du travail suite à la différence du taux de cotisation selon les branches. Il n’y a pas de Sécurité sociale en dehors de l’unicité d’un taux de cotisation. Il est clair aussi que les entreprises à taux de cotisations plus faibles vont servir à dévaloriser le niveau moyen des salaires par mise en concurrence des travailleurs selon le statut de leur employeur (ainsi la multiplication de la sous-traitance).

Responsabilité sociale des entreprises : Tout ce qui conduit à refonder sur l’entreprise des droits comme la culture, la santé, la formation est une régression qui par ailleurs accentue les inégalités. Seule la mutualisation des valeurs ajoutées entre les entreprises peut assumer en la matière des droits égaux à des salariés de branche en difficulté, ou de PME ou de TPE. Ces droits doivent avoir leur source et le financement ailleurs que dans l’entreprise où ils s’exercent. La Sécurité sociale est précisément ce qui déconnecte droits de travailleurs et emploi.

Pour concrétiser ce qui est revendiqué dans le plein emploi, à savoir le fait que chacun puisse participer à la production de valeur économique autant qu’il peut et le désire, il faut précisément se battre non pour le plein-emploi (plein d’employeurs, maintient du marché du travail et des force de travail, renonciation à la maîtrise du travail, abandonnée à ceux qui ont le pouvoir sur l’emploi et en font l’occasion de la survaleur) mais pour la pleine qualification.

Le mot d’ordre du plein emploi doit être remplacé par la revendication d’un droit politique qui postule que tout le monde est, à l’âge de la majorité, producteur de valeur économique, et qui attribue donc à chacun un salaire à vie exprimant la définition salariale du travail abstrait.
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Taxation du capital : faire bouger le curseur dans le partage salaire/profit de la valeur ajoutée au détriment du profit n’est pas une réponse à la hauteur de l’entreprise réformatrice et de la contradiction qu’elle exacerbe. L’attaque contre la sécurité sociale est la tentative de restaurer la valeur-travail, la propriété lucrative et le marché du travail contre le travail socialisé. Il faut supprimer la propriété lucrative et donc le profit, selon un plan déterminé de mise en place progressive d’une cotisation économique ; et non pas préconiser de taxer la propriété lucrative pour la sécurité sociale (moins de propriété lucrative en ce cas signifiera moins de rentrées fiscales pour les prestations sociales).

Taxe fiscale : Le projet ne repose pas d’abord sur une réforme de la fiscalité, comme tant de projets de la sortie de crise. Un projet d’affectation de tout le PIB au salaire pose la question de l’impôt. Il ne sera plus nécessaire. Le nécessaire enrichissement de la citoyenneté par la conquête du droit politique de maîtrise de la valeur économique dans sa définition salariale ne peut pas s’appuyer sur l’impôt, qui viendrait soutenir une « volonté générale » impuissante sur l’essentiel tant que le salaire ne s’est pas imposé comme destinataire de toute la valeur ajoutée. C’est sur cette base de l’affectation de tout le PIB que peut s’engager un début de redistribution fiscale, tout comme c’est sur cette base que les cotisations pourront être ponctionnées sur le PIB non plus en pourcentage du salaire direct (puisque ce salaire direct sera lui-même payé par cotisations) mais en pourcentage de la valeur ajoutée dans l’entreprise. Ce qui résoudra par le haut, par affirmation du salaire, des problèmes que tentent de résoudre par le bas, par marginalisation du salaire, les actuels projets de fiscalisation, de modulation ou de changement d’assiette des cotisations.

Ce n’est que si on est attentif à l’enjeu de la cotisation en terme de valeur économique et de travail abstrait que l’on peut voir que la cotisation n’est pas prise sur les « ressources » du « cotisant » pour la « solidarité » ou le « revenu différé », mais quelle ajoute de la valeur au PIB en reconnaissant comme productrices de valeur économique, comme travail donc, des activités que la convention capitaliste du travail interdit de reconnaître comme telles, et que les réformateurs veulent à tout prix faire revenir dans le giron du capital en attribuant à leurs producteurs, non pas du salaire mais un revenu de « solidarité » financé par l’impôt ou un revenu « différé » financé par la prévoyance par répartition.
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Régulation publique du crédit : Faire la part du feu, juxtaposer à un crédit privé maintenu un crédit public, revient tôt ou tard à socialiser les pertes, ce qui permet au capital privé de se valoriser d’autant mieux que la part dévalorisée du capital est publique. L’échéance est ainsi retardée dans des convulsions de plus en plus dramatiques.

Les idéologues du capital ont tellement réussi à faire intérioriser par les personnes qu’il n’y a de travail que dans l’emploi, et que seul l’emploi donc mérite salaire, que désigner pour ce qu’il est le salaire à vie des fonctionnaires brise un tabou. Il en est de même pour la suppression du crédit qu’opère le salaire. Les idéologues ont tellement réussir à faire intérioriser le crédit lucratif comme une réalité naturelle que nous ne voyons pas qu’il est déjà dépassé aussi bien d’ailleurs par l’impôt que par la cotisation sociale ou par le salaire direct. L’impôt permet à l’Etat de financer ses dépenses sans appel au crédit : c’était une des ambitions essentielles des révolutionnaires de 1793. L’une des obsessions des réformateurs depuis trente ans est le retour au crédit lucratif par la baisse de l’impôt ; ajoutée à l’interdiction faite depuis 1973 à la banque centrale de financer la dépense publique, cette baisse a conduit à la hausse stupéfiante de la dette publique dans nos pays depuis quarante ans. Une dette construite de toutes pièces, par complicité des décideurs politiques et des prêteurs, et dont le principal est déjà remboursé puisque son montant actuel est égal au cumul des intérêts. Le solde budgétaire hors remboursement de la dette est positif, et il est temps que toutes ces dettes, entièrement illégitimes, soient purement et simplement annulées. L’annulation de la dette doit s’accompagner d’une nouvelle technique de financement de l’investissement sans aucun appel à l’épargne et au crédit lucratif. L’annulation de la dette et la suppression du crédit lucratif, remplacé par une cotisation économique et une création monétaire à l’occasion de l’attribution des qualifications nouvelles, sont des pièces maîtresses de l’acte fondateur. La nouvelle citoyenneté, celle du droit universel à la maîtrise de la valeur économique doit être armée de l’exclusivité populaire de la décision de l’investissement sans quoi elle s’épuisera dans des attributs fictifs. La propriété lucrative doit disparaître pour céder la place à une propriété d’usage aujourd’hui largement refusée.

La suppression de la propriété lucrative repose sur deux piliers. D’une part son interdiction à tous les niveaux, y compris dans son usage populaire. D’autre part une extension sans précédent de la propriété d’usage. Propriété d’usage de tous les outils de production, quelque soit le fait de l’individu en cas de travail indépendant, d’un collectif de travail en cas de production engageant des enjeux locaux ou ponctuels ; de collectivités plus larges et jusqu’à la nation en cas de production aux enjeux décisifs. Propriété d’usage des lieux que l’on habite en résidence principale ou secondaire, que l’on soit propriétaire ou locataire. Propriété d’usage transmissible par héritage dès lors qu’elle reste propriété d’usage. L’abolition de la propriété lucrative va pouvoir s’accompagner de l’affirmation de la propriété d’usage interdite aujourd’hui à tant de travailleurs indépendants dont la propriété du patrimoine est formelle ou hypothéquée, à tous les salariés s’agissant de leur outil de travail, à tant de familles mal logées et à des prix indécents.
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Hausse du SMIC : Le SMIC a changé de sens et est aujourd’hui, avec les minimas sociaux, une arme de guerre contre le salaire. La hausse du SMIC réduit encore davantage la hiérarchie des salaires les plus faibles en les portant au minimum légal, tout en augmentant la place des postes payés au forfait. L’embauche au SMIC y compris de salariés employés depuis longtemps ; sans référence à une quelconque qualification du poste, est devenue pratique courante, et on peut voir aujourd’hui des « carrières » d’employés qui commencent à temps partiel ou par une « mesure » (emploi aidé) à 0,8 SMIC et se terminent quarante ans plus tard à 1,1 ou 1,2 SMIC. Le SMIC n’est plus la hiérarchie des salaires mais un substitut du salaire, l’instrument d’un remplacement de la hiérarchie salariale par une carrière smicarde négatrice, non seulement, comme tout salaire du privé, de la qualification des personnes mais aussi de la qualification des postes.

Le fondement de la crise n’est pas le défaut de pouvoir d’achat par excessive concentration de la richesse. La crise a d’abord son origine dans la fuite en avant du capital pour contrer la baisse du taux de profit. Le salaire n’est pas un revenu, un pouvoir d’achat, débouché des marchandises capitalistes !

2.8 Faire à côté du système ?

Le revenu inconditionnel garanti, la mise en cause du travail, la dénonciation de la monnaie sont des thématiques des alternatifs.



Revenu inconditionnel de base : Une lecture approximative de la proposition de « salaire universel » pourrait faire penser à sa proximité avec celle d’un « revenu universel ». Il n’en est rien, même si salaire universel et revenu de base ont un point commun décisif : leur inconditionnalité.

Le revenu désigne deux réalités antinomiques. D’une part, c’est ce que l’on tire d’un patrimoine ; d’autre part, le revenu renvoie aux besoins, au pouvoir d’achat qui rend possible la reproduction d’une force de travail, il est cohérent avec la prétention des capitalistes à se poser comme les seuls acteurs de l’économie et à faire des travailleurs des mineurs sociaux auxquels n’est impartie que la sécurité, des êtres de besoins niés comme producteurs.

Une variante minoritaire de la proposition du revenu inconditionnel de base le fonde sur le caractère cognitif de tout travail aujourd’hui qui fait que la mesure individuelle de la contribution de travail de chacun est impossible ; d’où la proposition de la reconnaître par un forfait universel. Le revenu universel ne remet pas en cause ni le marché du travail ni celui des capitaux. Il continue à identifier travail et emploi et propose de garantir une base au « hors-travail » (en réalité le hors-emploi). Nous aurions deux parts dans nos vies, celle de la liberté assurée par le revenu garanti, et celle de la contrainte dans le travail donnant lieu à salaire, le second chèque de ceux et celles qui ne se contenteraient pas du revenu de base. L’emploi demeure donc bien la matrice du travail, même si un forfait vient reconnaître la contribution au travail hors emploi.
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Mise en cause du travail : Que la souffrance au travail soit en réalité une souffrance à l’emploi ne change pas ce fait majeur de l’identification entre travail et emploi.
Or c’est bien de ce carcan intellectuel qu’il faut sortir. Laissez se répandre que « le travail c’est mauvais » n’est pas pour déplaire à des propriétaires lucratifs qui sont aujourd’hui incapables d’obtenir l’adhésion de leur convention du travail autrement que par la violence managériale et le chantage à l’emploi et à la dette.
A des degrés divers, nous faisons l’expérience amère que la convention capitaliste du travail est un obstacle au « bien travailler » et au « tous travailler ». Ces propriétaires lucratifs sont prêts à distribuer de la monnaie inconditionnelle si elle est en mesure de rendre acceptable l’inhumanité du marché du travail et que nous mettions toute notre aspiration à la liberté et à la créativité dans des activités hors emploi financées par un revenu universel. ET que nous complétions ce forfait par le salaire obtenu en allant sur le marché du travail contraint. Cela les arrange , la convention capitaliste du travail conduit à une production de marchandises à valeur d’usage de plus en plus contestée : tout ce qui naturalise l’état dans lequel ils mettent le travail, tout ce qui identifie le travail abstrait aux impasses de sa convention capitaliste ferme la voie à l’affirmation du travail socialisé de la convention salariale.

Concernant la critique menée du point de vue des valeurs d’usage et du travail concret que les partisans de la fin du travail vont appeler « activité, création de richesse » puisqu’ils réservent le mot « travail » à son destin dans le capitalisme, il n’y a pas de raisonnement sur la valeur économique, n’existe que la production de valeur d’usage que le capitalisme dévoie en travail, c'est-à-dire en production de valeurs d’usage mortifère.
La critique menée du point de vue du travail sans donner d’importance aux deux dimensions, abstraites et concrète, du travail est la même : les rapports de production capitalistes, l’appropriation privée des moyens de production, aliènent et exploitent le travail (concret), et si on supprime cette appropriation privée pour donner la propriété et le pouvoir aux travailleurs, le travail sera libéré, le travail (concret) pourra enfin s’épanouir librement.
Quant à la critique du travail au nom de l’activité, elle opère selon un raisonnement équivalent, sauf que la logique capitaliste est analysée selon d’autres variables : le toujours plus, l’aliénation dans la consommation, l’appétit de pouvoir, la compétition. L’argumentation fait la même impasse sur la valeur économique et sur son expression capitaliste, le travail abstrait.

Or est-il possible de faire société sans valeur, sans monnaie ?

La question est de passer d’une mise en cause pragmatique à une entreprise politique délibérée de définition d’une abstraction du travail alternative à la valeur-travail. Nous avons besoin d’une abstraction du travail. Les rapports de propriété n’épuisent pas la réalité du capitalisme. Son noyau dur est l’invention de la valeur économique mesurée par le travail abstrait, la simple dépense d’énergie humaine, et tant que valeur et travail (abstrait) ne seront pas détruits, on ne pourra pas sortir du capitalisme.
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Dénonciation de la monnaie : Il y a évidemment une cohérence à proposer à la fois la fin du travail, la fin de la valeur et la fin de la monnaie. Néanmoins, comment peut-on échapper à la valorisation (monétaire) de l’activité ? Toutes les valeurs d’usage ne se valent pas, non pas par essence, non pas parce que leur utilité serait inégale, mais parce que les rapports sociaux construisent leur inégalité économique. La valeur est affaire de pouvoir.

La qualification personnelle mesure la valeur des biens et services non pas par leur temps de production mais par la qualification de leurs producteurs. Cette forme d’abstraction du travail attaché aux personnes de façon irréversible et toujours améliorable confirme ces personnes, ce qui est décisif pour qu’elles aient un rapport inventif au travail.
La qualification personnelle n’est pas un retour vers l’inégalité statutaire des producteurs, saisis par le hasard de leur naissance ou la puissance de leur patronage, c’est une abstraction du travail évidemment enjeu de pouvoir et pour cela politiquement construite, toujours remise sur le tapis de la délibération. Elle peut être servie par une monnaie créée au même rythme qu’elle. Plutôt que de stériliser la pensée et l’action dans la dénonciation, ou de chercher la fin du travail et de la monnaie des alternatives au capital en-deçà de celle qui est déjà-là avec le salaire, pourquoi ne pas la voir, elle, et s’en saisir ?



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