Un si fragile vernis d'humanité – Banalité du mal, banalité du bien
Titre : | Un si fragile vernis d'humanité – Banalité du mal, banalité du bien |
---|---|
Auteur(s) : | Michel Terestchenko |
Résumé Court : |
Extrait - pages 17 et 18 – Introduction : Voir aussi : Article du 15 mars 2014 - Contrepoints Par Johan Rivalland |
Difficulté (de lecture) : | Aisée |
Pages liées : | Spécial:Pages_liées/Un si fragile vernis d'humanité – Banalité du mal, banalité du bien |
1 EXTRAITS
1.1 Sens moral et vertu : La valeur morale est une valeur désintéressée - Accord de l'être et du paraître - La bienfaisance non un affect dû à la volonté ou à la raison
- Chapitre 2 : Et pourtant le sens moral existe bien - L'Apparence de la vertu -
La possibilité de l'approbation morale, et donc du jugement moral, résulte de la confiance que l'on peut accorder à la phénoménalité de l'intention, en laquelle s'accordent l'être et le paraître, les mobiles de l'action désintéressée se révélant au grand jour dans certaines actions manifestement altruistes, balayant d'avance tout soupçon. Il appartient à la vertu de se donner et de s'exposer dans son évidence aux regards de tous. Inversement, "les actions qui sont, en fait, excessivement utiles, apparaîtront dépourvues de beauté morale si nous savons qu'elles ne procèdent d'aucune intention bienfaisante envers autrui"(*). c'est le mobile de la volonté, égoïste ou non, qui définit le caractère moral ou immoral de l'intention, mais ce mobile, loin d'être inconnaissable, caché dans le secret du cœur, est au contraire pleinement perceptible dans l'action bonne ou mauvaise. Le paraître de la vertu n'en fait donc pas une apparence trompeuse. (p 52)
(*) : Francis Hutcheson, Essai sur la nature et la conduite des passions et affections avec illustrations sur le sens moral. (1728)
...
Les motivations désintéressées sont, dans certains actes, d'une clarté telle qu'aucun soupçon sur leur nature véritable n'est possible : "Notre sens moral nous détermine à approuver ces dispositions aimables là où nous les avons le plus distinctement observées, et notre bienveillance nous fait prendre part à l'intérêt de ceux qui les possèdent"(*).
Le sens moral doit donc être compris, au double sens de la disposition naturelle envers la bienfaisance, laquelle nous attache au bonheur des autres ou au bien public indépendamment de tout intérêt propre, et de la faculté de juger, d'approuver ou de condamner les actions humaines dont les intentions se donnent souvent, quoique pas toujours, avec une évidence en laquelle on peut avoir une pleine et entière confiance (en particulier dans les cas d'égoïsme ou, à l'inverse, d'altruisme manifestes).
Ce n'est pas que cette confiance soit naïve, qu'elle ne puisse être trompée ou que l'on ne soit pas parfois confronté à des incertitudes sur la part d'amour-propre et de bienveillance qui se mêlent dans les intentions de la volonté ; mais sans cette confiance originaire dans ce qui se donne à voir, dans la vertu révélatrice du paraître, il n'y aurait même pas possibilité de douter ou de procéder à un examen critique des mobiles, égoïstes ou désintéressés, du sujet. Et il en est ainsi parce que, dans la vie quotidienne, la confiance l'emporte généralement, chez la plupart d'entre nous, sur la méfiance. Non point qu'elle ne puisse être déçue ou trompée, mais précisément la tromperie et la déception qui en résulte présupposent que la confiance soit le mode premier, le mode originaire, par lequel nous nous rapportons aux autres et au monde. (p 53)
...
Que la bienfaisance ne soit pas réductible à un secret calcul de la volonté tient en outre à une raison fondamentale, et qui se montre dans les sentiments de compassion et de pitié que suscite le spectacle de la souffrance d'autrui. Ces affections sont ressenties immédiatement, passivement, et notre volonté n'y a pas plus de part que la raison. En tant que l'affect est une modification de la sensibilité humaine, il n'est ni "rationnel" ni susceptible d'être "instrumentalisé" par la volonté afin de servir les fins égoïstes du sujet. (p 54)
1.2 Sens moral et paradigme de l'amour des parents : L' obligation de bienveillance vis à vis de l'autre passe en premier comme une obligation vis à vis de soi
(D'autres extraits d'importance, transcription en cours... )