L'être contre l'avoir
Titre : | L'être ou l'avoir |
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Auteur(s) : | Francis Cousin |
Résumé Court : |
"A l’heure où les troubles sociaux d’envergure, qui partout s’annoncent, menacent l’organisation inhumaine de l’ordre existant, l’auteur tient à dire qu’il n’est pas indifférent de rappeler que toutes les politiques de la raison marchande sont, de l’extrême droite à l’extrême gauche du Capital, l’ennemi absolu et définitif de toute joie humaine véridique."
"Le spectacle du fétichisme de la marchandise fait le devenir du monde. l'existence humaine n'y est là qu'une longue errance angoissée sur le marché narcissique des rencontres factices. partout règne la liberté despotique de l'argent et l'humain asservi et déchiré par la dictature démocratique de l'avoir et du paraître, ne cesse de consommer sa propre soumission. Contre ce totalitarisme de la fausse conscience, il s'agit de tourner le dos à la mise en scène de la passivité moderne, pour retrouver les véritables chemins du sens critique et poser en pratique la question radicale de l'authenticité de l'être. L'auteur, Francis Cousin est docteur en philosophie. ..... Son projet vise à dé-voiler la nature des mystifications historiques en explicitant la lutte ontologique universelle entre l'être générique de l'homme, et les progrès civilisateurs de la domestication."
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Difficulté (de lecture) : | surtout lire à toutes petites doses car le style d'écriture est tellement hypnotique qu'il est impératif de faire de larges pauses afin de retrouver ses capacités d'esprit critique et ses capacités de questionnement. Il y a un côté psalmodie incantatoire qui crée une sorte de transe presque hypnagogique.Livre à tendance "manipulatoire" en son style d'écriture. (Catherine) |
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1 Description
- Origine : site Le retour aux sources
"Le spectacle du fétichisme de la marchandise fait le devenir du monde. L’existence humaine n’y est là qu’une longue errance angoissée sur le marché narcissique des rencontres factices. Partout règne la liberté despotique de l’argent et l’humain asservi et déchiré par la dictature démocratique de l'avoir et du paraître, ne cesse de consommer sa propre soumission. Contre ce totalitarisme de la fausse conscience, il s’agit de tourner le dos à la mise en scène de la passivité moderne, pour retrouver les véritables chemins du sens critique et poser en pratique la question radicale de l'authenticité de l'être.
L’auteur, Francis Cousin est docteur en philosophie. Il a produit ou participé depuis trente ans à de nombreuses productions, essentiellement dans des cadres collectifs ou anonymes, parce qu’il récuse la possibilité d’approcher la vérité réelle, forcément impersonnelle, à travers la perception vaniteuse de l’intellectuel égotiste. Il se définit lui-même comme philosophe praticien du logos radical. Son projet vise à dé-voiler la nature des mystifications historiques en explicitant la lutte ontologique universelle entre l’être générique de l’homme, et les progrès civilisateurs de la domestication.
Au cœur de sa démarche, Francis Cousin a fondé à Paris le Cabinet de Philo-analyse, un lieu de dia-logue qui accompagne tous ceux qui entendent – par la dynamique de la parole dé-liée, retrouver l’authenticité désaliénée du cheminement vers un vivre humain véritable. Bref, sortir de l’ordre psychique contemporain du mensonge généralisé, dont la seule finalité est d’amener l’humain à se renier lui-même.
A l’heure où les troubles sociaux d’envergure, qui partout s’annoncent, menacent l’organisation inhumaine de l’ordre existant, l’auteur tient à dire qu’il n’est pas indifférent de rappeler que toutes les politiques de la raison marchande sont, de l’extrême droite à l’extrême gauche du Capital, l’ennemi absolu et définitif de toute joie humaine véridique."
2 Réflexion/critique personnelle du 27 septembre 2014 (Catherine)
2.1 Remarque générale
Bon, je continue à lire le livre de Francis Cousin.
Je finis par m'habituer à son style qui est loin
d'être sobre.
Il y a de très belles choses en son livre mais je maintiens que les causes qu'ils
annoncent ne sont pas correctes.
Car ce qu'il appelle "société sacrale" dans l'immanence du Tout n'a
en fait jamais existé.
2.2 Critique de l'existence de la "société sacrale" dans l'immanence du Tout
Je m'explique : depuis que l'Homme est Homme donc depuis qu'il a acquis au sein de son évolution
biologique et la station debout, et le développement important du cerveau, et la main créant les
outils, donc depuis qu'il a pu faire acte de captation sur le Monde pour se vêtir, se nourrir, aussi
ensuite pour se chauffer sans même parler d'accumulation de biens ; ceci associé avec sa capacité
cérébrale à conscientiser le monde et par découlement à se conscientiser lui-même (ce qui a permis
la co-évolution du langage aussi) l'Homme s'est de facto trouvé hors immanence du Tout et "séparé"
du Monde.
Je dirais tout simplement que le fait d'être Homme c'est le fait d'être aussi hors du Tout.
Alors il est néanmoins important de souligner que l' "avoir" et l'accumulation de l'" avoir" vont
accentuer et encore plus "vicier" cette "séparation".
Néanmoins elle a toujours été là.
2.3 Critique concernant les actes symboliques, artistiques et religieux en préhistorique et proposition de "tragédie ontologique"
Quand Francis Cousin parle des préhistoriques et de son art rupestre, exprimant que cet art était
"pur" art de la non séparation contrairement à l'art d'aujourd'hui, je pense qu'il fait erreur.
Cet art rupestre était aussi une reconstruction de ce que l'Homme recherche "le retour au Tout sacral" et il
était nécessaire car comme il le dit fort justement pour l'art d'aujourd'hui il est le signe en creux du
retournement, de ce qui manque. (j'exprime plus simplement que lui pour la compréhension de
tous).
Francis Cousin oublie que l'art préhistorique rupestre n'était pas que des dessins d'animaux, il
oublie tous les signes (les "écritures") et il oublie surtout les mains, empreintes des mains peintes
sur les parois.
Les mains peintes, les empreintes ne sont pas des traces insignifiantes.
Elles montrent
l'importance de laisser trace justement, elles montrent le besoin "magique" de se réapproprier la
paroi. Il y a toute une symbolique qui nous échappe mais qui néanmoins est du domaine du
symbolique.
Il oublie aussi de citer pour la préhistoire, les inhumations. inhumations existantes depuis
Néanderthal.
Qu'est ce que ce besoin d’inhumer ses morts ? Si ce n'est le constat d'un rapport de
division au sein du Tout ?
L'Homme se conscientise et il conscientise le Monde cela veut dire qu'il est à la fois capable d'être
dans et hors du Monde, d'avoir ce regard double, cette double perception.
C'est la principale
différence connue d'avec les autres animaux qui, eux, peuvent avoir une conscience d'eux-mêmes
mais ne peuvent conscientiser le Monde.
Sa condition d'Homme le condamne finalement à ne
pouvoir se situer uniquement sur le plan "sacral". Il ne peut que subir les distorsions contrairement
aux autres animaux.
Je dirais presque que cela constitue sa "tragédie" ontologique.
Tous ses actes
symboliques, artistiques, religieux (action de relier) ne seront de facto que des actes désespérés pour
tendre vers une réunification sacrale naturelle (pour reprendre le vocabulaire de Francis Cousin)
qu'il ne pourra jamais obtenir car sa condition "naturelle" suite à l'évolution biologique qui a fait
que l'Homme est devenu Homme (et non plus singe) le condamne à la "séparation".
2.4 Remarque sur la division du travail, échanges, richesses en préhistoire
Je tiens aussi à rappeler qu'en préhistoire il y avait division du travail, les archéologues, et autres
spécialistes ont trouvé des sortes de mines de silex exploitées avec des outils pré-industrialisés
pourrait-on presque dire.
Les silex du Périgord très réputés pour leur qualité étaient
échangés/donnés (?) à d'autres groupes et jusqu'à de fortes et grandes distances géographiques.
Il est
bien reconnu aujourd'hui que ce n'était pas le même homme préhistorique qui sortait le silex, le
taillait, construisait son arme ou ses outils seul, tuait l'animal, cuisait l'animal, exploitait la peau,
tannait la peau, fabriquait son vêtement, créait et fabriquait l'aiguille pour coudre son vêtement,
récoltait les fruits et les baies, pêchait le poisson et ornait et sculptait ses outils, dessinait et gravait
les plaques de pierre et les grottes, etc.
Le chasseur pouvait bien retailler son arme et sa pointe de
flèche mais souvent c'était un autre qui l'avait taillée, par exemple.
Il y avait donc division du
"travail" ou de l"œuvre" (puisque Francis Cousin fait une forte distinction entre travailler et œuvrer
- je me contente d'utiliser un langage que chacun ici pourra comprendre donc je vais éviter d'écrire à
la Francis Cousin).
Il y avait aussi des "échanges" : échanges des statuettes féminines par exemple
(très modélisées et standardisées notamment, ce qui doit être bien relevé - comme encore une sorte
de pré-industrialisation à plutôt grande échelle).
Il y avait aussi une sorte de hiérarchie même s'il n'y
avait pas d'acte de guerre et de puissance coercitive car en certaines tombes certains défunts et pas
tous avaient des vêtements cousus d'une multitude de coquillages - dont certains enfants - qui
montre une différence de traitement des individus lors des inhumations et aussi une certaine
différence de possessions - même si l'" avoir" était bien moindre qu'actuellement.
En certaines
tombes étaient aussi parfois déposées de belles lames de pierre non utilisables de part leur matière et
de part leur taille pour la chasse ou autre fonction que décorative et symbolique. Tous ne pouvaient
posséder de telles pièces ni un nombre aussi important de coquillages venant de très loin.
Bon, en ce domaine il y aurait encore beaucoup à dire, voir les livres de Marylène Patou - Mathis ou André
Leroi-Gouhan (et bien d'autres spécialistes) ; notamment concernant les "écoles" de gravure ou de
dessin, la fréquentation des grottes rupestres artistiques au temps de la préhistoire, etc.
Quand Francis Cousin parle des Germains il ne devrait pas écrire qu'ils étaient encore dans une vie
"sacrale" mais plus précisément dire qu'une partie de leur vie sociétale communautaire fonctionnait
dans une ligne plus proche du "sacral". Ne pas oublier que pour Francis cousin l'état « sacral » c'est
être dans l'immanence du Tout.
Idem pour l'époque féodale. Il ne faut pas oublier la féodalité qui venait régenter une belle part de
l'organisation.
2.5 Remarque sur les sociétés dites primitives
Quand Francis Cousin parle des société dites "primitives" et en passant parle du travail de Pierre
Clastres, il ne devrait pas dire que ces sociétés vivaient dans l'état sacral car là encore Pierre
Clastres a bien souligné quelques notions de "séparation" du Tout dont voici quelques exemples :
les sociétés "primitives" n'avaient en effet pas de chef ayant du pouvoir mais il y avait une
mythologie ontologique à laquelle tous se soumettaient avec notamment des rituels très très violents
pour retrouver l'équilibre prôné par cette mythologie.
Ces rituels impliquaient le meurtre même des
enfants.
Il y avait division des tâches et des fonctions et cela entraînait aussi l'infanticide des filles.
Il y avait dans les tribus de l'Amérique du Sud la croyance en un monde néfaste avec un monde des
dieux meilleur et possible à l'est, au-delà de l'océan. Etc., etc.
Rien de société "sacrale" liée au Tout mais bien "séparation" et dualité de regard et de perception en
un monde de l'au-delà inaccessible.
On en revient à ce que j'exprimais concernant cette condamnation ontologique de l'homme à ne
jamais pouvoir être, être dans une unité sacrale.
2.6 Réflexion sur l'utilisation du mot "démocratie" et conclusion
Je pourrais continuer à exprimer ici un livre presque aussi copieux que celui de Francis Cousin et
reprendre tous les points où il fait défaut.
Je terminerai juste par pointer l'utilisation totalement abusive et erronée du mot "démocratie", qu'il
met à toutes les sauces de façon saugrenue et j'invite aussi à s'informer concernant la démocratie des
grecs antiques où, vraiment, Francis Cousin en donne une explication non juste et très déviée.
Je comprends pourquoi il fait cela d'ailleurs. Il propose une théorie et fait en sorte de faire "coller"
l'histoire à sa théorie en oubliant, déviant certaines réalités historiques.
Je ne sais s'il propose dans son livre autre chose que de l'incantation, ou ne relevant pas simplement
de l'incantatoire, pour sortir de l'importance de l'"avoir" et pour permettre de laisser surgir l'"être"
car je n'ai pas encore terminé son livre.
Tout cela est bien dommage car il pointe tout de même le malaise qui mine les Hommes.
Perso, je conseille à nouveau d'aller prendre connaissance de Eckhart Tolle car il offre de bons
panneaux indicateurs permettant à chacun s'il le souhaite d’œuvrer à révéler toute l'épaisseur de son
Être tout en laissant le domaine de la "représentation/projection" mentale à son simple niveau de
surface.
Si l'unité "sacrale" ne peut être atteinte au moins il y a possibilité de réconcilier l’Être au
Monde et de faire vivre ensemble le fond et la surface sans se perdre dans la surface et l'" avoir".
Merci à tous ceux qui ont lu jusqu'au bout ce long commentaire, merci pour votre patience.
3 Quelques commentaires complémentaires/supplémentaires - 27 septembre 2014 (Catherine)
3.1 Commentaire 1
L'être générique de l'homme est ce que Francis Cousin dit être l'état sacral dans l'immanence du Tout. Ce n'est donc pas une transcendance. Ce n'est donc pas une séparation.
J'estime quant à moi que le fait que l'Homme soit l'Homme, un animal qui conscientise le monde et le fait qu'il est donc aussi conscient que tous ses actes propres à permettre sa survie et sa vie tels se nourrir, s'habiller, utiliser le feu, utiliser les outils et utiliser le fruit de sa chasse pour fabriquer ses vêtements, ses outils, etc. impliquent de facto qu'il ne peut se situer comme un autre animal en lien total, immanent, avec le monde mais qu'il est déjà de part sa condition naturelle en séparation et en projection.
Pour moi, il n'y a justement pas pour l'Homme d'être générique qui soit l'union au Tout dans l'immanence. Donc pour moi il n'y a pas de lutte ontologique entre ce fameux être générique et les progrès civilisateurs.
Il y a le regard et l'envie de l'union et du Tout, ce qui est compréhensible ne serait-ce que par l'observation faite par l'Homme des animaux et du ressenti profond d'une brisure au sein même de l'Homme. Bref, l'Homme se sent dans et hors monde à la fois et c'est très inconfortable. Il a de plus la conscience de cette brisure, brisure dont il n'est pas responsable mais qui est relative à son simple état d'Homme.
3.2 Commentaire 2
En fait, j'approuve beaucoup de ce que Francis Cousin écrit mais je ne peux souscrire aux origines qu'il présente car cela donne une déviation importante au contenu de ce qu'il expose. Dans mon texte je reprends quelques points mais il y en a beaucoup d'autres.
3.3 Commentaire 3
Je me demande d'ailleurs si ce n'est pas le fameux Paradis perdu avec le fait d'avoir goûté à l'arbre de la connaissance, soit la capacité de conscientiser le monde. L'Homme a perdu son innocence animale dès qu'il est devenu Homme. D'où son désir de vouloir revenir au sein du Pardis perdu, de toujours vouloir retrouver sa pureté originelle de pré-humain qui est celle de tous les autres animaux.