L'enjeu du salaire : Différence entre versions
(38 révisions intermédiaires par 3 utilisateurs sont masquées) | |||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
{{Document | {{Document | ||
|AUTEURS=Bernard Friot | |AUTEURS=Bernard Friot | ||
− | |Resume=Quatrième de couverture : Dirigée par Bernard Friot, la collection "Travail et salariat "analyse le travail en acte et les perspectives qu'ouvrent les institutions du salariat en matière de statut social des personnes et de production de la richesse. | + | |Resume=[http://www.fichier-pdf.fr/2014/04/26/bernard-friot-l-enjeu-du-salaire-2012/ Consulter en PDF] |
+ | [http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/L%27enjeu_du_salaire Lien vers le résumé approfondi du livre "L'enjeu du salaire" de Bernard Friot] | ||
+ | <br> | ||
+ | Quatrième de couverture : Dirigée par [[wikipediafr:Bernard Friot (sociologue)|Bernard Friot]], la collection ''"Travail et salariat"'' analyse le travail en acte et les perspectives qu'ouvrent les institutions du salariat en matière de statut social des personnes et de production de la richesse. | ||
'''La souveraineté populaire''' doit être défendue. Patronat et banquiers pratiquent le chantage à l'emploi et à la dette pour réduire les droits sociaux. Les gouvernants de droite et de gauche, loin de leur résister, s'évertuent à leur envoyer des «signaux» qui les incitent à réclamer davantage. Est-il possible de briser cette soumission ? | '''La souveraineté populaire''' doit être défendue. Patronat et banquiers pratiquent le chantage à l'emploi et à la dette pour réduire les droits sociaux. Les gouvernants de droite et de gauche, loin de leur résister, s'évertuent à leur envoyer des «signaux» qui les incitent à réclamer davantage. Est-il possible de briser cette soumission ? | ||
Ligne 9 : | Ligne 12 : | ||
'''L'enjeu du salaire''', c'est la disparition du marché du travail, et donc du chantage à l'emploi, ainsi que la suppression du crédit lucratif, et donc du chantage à la dette. Ce n'est ni d'une réforme fiscale ni d'une plus grande régulation étatique que nous avons besoin, mais de plus de pouvoir populaire sur l'économie et sur le travail. | '''L'enjeu du salaire''', c'est la disparition du marché du travail, et donc du chantage à l'emploi, ainsi que la suppression du crédit lucratif, et donc du chantage à la dette. Ce n'est ni d'une réforme fiscale ni d'une plus grande régulation étatique que nous avons besoin, mais de plus de pouvoir populaire sur l'économie et sur le travail. | ||
− | La Dispute. | + | La Dispute.<br> |
+ | [http://www.reseau-salariat.info/ Lien vers le Réseau Salariat] | ||
+ | <br> | ||
+ | [http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/R%C3%A9seau_Salariat Lien vers la page wiki Gentils Virus : Réseau salariat] | ||
+ | <br> | ||
+ | [http://www.ies-salariat.org/ Lien vers L'Institut Européen du Salariat] | ||
+ | <br> | ||
+ | [http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/Manifeste_:_Pour_un_statut_politique_du_producteur_(R%C3%A9seau_Salariat) Lien vers la vidéo - Manifeste : Pour un statut politique du producteur (Réseau Salariat)] | ||
+ | <br> | ||
+ | [http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/Conf%C3%A9rence_de_Bernard_Friot_%C3%A0_Metz Lien vers la page wiki Gentils Virus : conférence de Bernard Friot du 17/10/2013 à Metz] | ||
+ | <br> | ||
+ | [http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2012%2F04%2F12%2F205-bernard-friot-l-enjeu-du-salaire Lien vers les vidéos correspondantes à une conférence de Bernard Friot] à la [http://www.librairie-tropiques.fr/article-bernard-friot-l-enjeu-du-salaire-102510698.html librairie Tropiques] | ||
+ | <br> | ||
+ | Une belle bibliothèque de vidéos concernant Bernard Friot : [http://www.comprendrelargent.net/videos/bernard-friot/#.UkKg6dLKGaI Monnaie & Démocratie - Bernard Friot] | ||
+ | <br> | ||
+ | [https://www.youtube.com/watch?v=JbsOo95gPBA Salaire, retraite, l'employeur frappe toujours deux fois, Conférence de Bernard Friot du 15 janvier 2013 à Lausanne] | ||
+ | <br> | ||
+ | Podcast à télécharger ou écouter du cours donné par Bernard Friot à l'Université de Bruxelles le 27 Mars, 2014 ([http://fsp.ulb.ac.be/fr/chaire-fgtb-2014-six-lecons-thematiques-ecouter-ou-reecouter origine]) :<br> | ||
+ | - [http://fsp.ulb.ac.be/audio/conferences/01042014-LeconFRIOT-01.mp3 audio-conférence 1 (mp3)]<br> | ||
+ | - [http://fsp.ulb.ac.be/audio/conferences/01042014-LeconFRIOT-02.mp3 audio-conférence 2 (mp3)]<br> | ||
+ | - [http://fsp.ulb.ac.be/audio/conferences/01042014-LeconFRIOT-03-debat.mp3 audio-conférence 3 (mp3)] | ||
+ | <br> | ||
+ | [http://www.reseau-salariat.info/db46c3e55dd025f7d24d96f69873671e Conférence gesticulée collective de Réseau Salariat et du Réseau Grenaille, au Grand Parquet (Paris) le 2 juin 2014] | ||
+ | <br><br> | ||
+ | http://ecx.images-amazon.com/images/I/41v5J%2BkygrL._SY445_.jpg | ||
+ | * Voir aussi [[L'enjeu de la cotisation sociale]] de Christine Jakse et [[L'enjeu des retraites]] de Bernard Friot | ||
+ | * Le compte-rendu d'un atelier constituant effectué à Paris avec le Réseau Salariat en novembre 2014 : [[Atelier Constituant : LCC et Réseau Salariat]] | ||
|Difficulte=Relativement aisée mais demande de l'attention car certains mots/concepts sont utilisés différemment, Bernard Friot les prenant volontairement dans un sens résolument nouveau. | |Difficulte=Relativement aisée mais demande de l'attention car certains mots/concepts sont utilisés différemment, Bernard Friot les prenant volontairement dans un sens résolument nouveau. | ||
− | |titreoptionnel= L'enjeu du salaire | + | |titreoptionnel=L'enjeu du salaire |
}} | }} | ||
− | |||
{| | {| | ||
− | |style="vertical-align:top;" | __TOC__ | + | |style="width:30%;vertical-align:top;" | __TOC__ |
− | |style="vertical-align:top;" | ''Le résumé qui suit se veut très complet afin de permettre de mieux saisir le contenu du livre qui est un cheminement ; et qui, d'une analyse poussée de la situation actuelle capitaliste, montre l'ouverture possible vers le salaire universel et la sortie du capitalisme.<br><br> La présentation sera donc constituée par une première partie avec deux colonnes qui suivront parallèlement ce cheminement sur plusieurs thèmes et chapitres du livre, puis du cœur de la proposition de Bernard Friot, et se terminera par une dernière partie relative au "faire plus" et "faire à côté" aussi présentée en deux colonnes.<br><br> Il est important d'avertir que le | + | |style="width:70%;vertical-align:top;" | ''Le résumé qui suit se veut très complet afin de permettre de mieux saisir le contenu du livre qui est un cheminement ; et qui, d'une analyse poussée de la situation actuelle capitaliste, montre l'ouverture possible vers le salaire universel et la sortie du capitalisme.<br><br> La présentation sera donc constituée par une première partie avec deux colonnes qui suivront parallèlement ce cheminement sur plusieurs thèmes et chapitres du livre, puis du cœur de la proposition de Bernard Friot, et se terminera par une dernière partie relative au "faire plus" (parti socialiste) et "faire à côté" (revenu inconditionnel garanti) aussi présentée en deux colonnes.<br><br> Il est important d'avertir que le cœur ne sera réellement bien appréhendé et compris qu'après la lecture de la première partie.<br> Des fenêtres déroulantes permettront à ceux qui le souhaitent d'approfondir les différents points abordés. |
− | + | (pour d'autres informations [http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/Pr%C3%A9paration_radio-gentils-virus-3-me_%28Revenu_de_base_et_salaire_universel%29 revenu de base/salaire universel]) | |
− | + | ||
<big>'''Glossaire'''</big> | <big>'''Glossaire'''</big> | ||
Ligne 26 : | Ligne 53 : | ||
. {{A_FD_G|EmployeurFriot}} | . {{A_FD_G|EmployeurFriot}} | ||
. {{A_FD_G|ForceDeTravailFriot}} | . {{A_FD_G|ForceDeTravailFriot}} | ||
+ | . {{A_FD_G|MarchandisesFriot}} | ||
+ | . {{A_FD_G|ProfitFriot}} | ||
+ | . {{A_FD_G|ProprieteLucrativeFriot}} | ||
. {{A_FD_G|RevenuFriot}} | . {{A_FD_G|RevenuFriot}} | ||
. {{A_FD_G|DefTravailFriot}} | . {{A_FD_G|DefTravailFriot}} | ||
Ligne 32 : | Ligne 62 : | ||
. {{A_FD_G|TravailAbstraitFriot}} | . {{A_FD_G|TravailAbstraitFriot}} | ||
. {{A_FD_G|ValeurUsageEconomiqueFriot}} | . {{A_FD_G|ValeurUsageEconomiqueFriot}} | ||
+ | |} | ||
+ | |||
+ | |||
+ | |||
<br> | <br> | ||
{| style="margin-top:10px; background:none;" | {| style="margin-top:10px; background:none;" | ||
Ligne 55 : | Ligne 89 : | ||
<br><br> | <br><br> | ||
− | == '''Cœur du livre | + | == '''(''Cœur du livre'') Salaire universel et souveraineté populaire'''== |
L’entreprise réformatrice de réhabilitation de la convention capitaliste du travail exerce un double chantage, sur la dette et sur l’emploi, et conduit nos sociétés au chaos.<br> | L’entreprise réformatrice de réhabilitation de la convention capitaliste du travail exerce un double chantage, sur la dette et sur l’emploi, et conduit nos sociétés au chaos.<br> | ||
'''Il est temps de prendre le pouvoir sur la valeur économique, et d’en changer le sens en passant de la valeur-travail à la qualification car nous avons déjà des institutions salariales en mesure de se substituer à celles du capital.'''<br><br> | '''Il est temps de prendre le pouvoir sur la valeur économique, et d’en changer le sens en passant de la valeur-travail à la qualification car nous avons déjà des institutions salariales en mesure de se substituer à celles du capital.'''<br><br> | ||
Ligne 101 : | Ligne 135 : | ||
<br><br> | <br><br> | ||
'''Maîtrise et changement d’occasion de la création monétaire''' : créer de la monnaie est nécessaire pour anticiper la production supplémentaire de valeur économique. En dehors du crédit d’usage aux particuliers (symétrique de l’épargne d’usage) le crédit a deux objectifs : | '''Maîtrise et changement d’occasion de la création monétaire''' : créer de la monnaie est nécessaire pour anticiper la production supplémentaire de valeur économique. En dehors du crédit d’usage aux particuliers (symétrique de l’épargne d’usage) le crédit a deux objectifs : | ||
− | + | * le premier est le prêt de la monnaie existante ponctionnée par les propriétaires lucratifs avec un rendement excédent la croissance du PIB qui sera supprimé et remplacé par la cotisation économique. | |
− | + | * le second est le fait de banques commerciales lorsqu’elles prêtent de l’argent au-delà de leurs dépôts (c’est de la création monétaire puisque la monnaie de banque - confirmée par la banque centrale - ainsi portée au compte de l’emprunteur, et détruite lors du remboursement du prêt, vient en supplément de la monnaie existante) ; cette création monétaire par crédit bancaire sera aussi supprimée.<br> | |
+ | Une anticipation de la valeur nouvelle cohérente avec la mesure salariale de la valeur serait de créer la monnaie à l’occasion de l’attribution des qualifications nouvelles : pour chaque cohorte à son entrée en majorité, et pour chacune et chacun des salariés lorsque au cours de leur carrière salariale ils monteront d’échelon ou franchiront un niveau de qualification.<br> | ||
+ | L’institution monétaire devrait donc coopérer, de manière conflictuelle assurément, avec des institutions chargées de l’attribution des qualifications, qui elles-mêmes seront l’objet de conflits. Ce conflit d’institutions, auxquelles il faut ajouter les caisses d’investissement, les entreprises, les institutions représentatives des salariés, est gage d’une dynamique démocratique s’il est l’objet d’une régulation politique adéquate.<br><br> | ||
+ | |||
=== L’affectation de toute la valeur ajoutée au salaire universel === | === L’affectation de toute la valeur ajoutée au salaire universel === | ||
Le remplacement des salaires payés à l’emploi par une cotisation salaire, et du profit par une cotisation économique, va conduire à '''l’affectation de tout le PIB au salaire socialisé selon quatre parties dont trois en cotisations : l’autofinancement des entreprises, la cotisation salaire, la cotisation économique et la cotisation sociale.'''<br><br> | Le remplacement des salaires payés à l’emploi par une cotisation salaire, et du profit par une cotisation économique, va conduire à '''l’affectation de tout le PIB au salaire socialisé selon quatre parties dont trois en cotisations : l’autofinancement des entreprises, la cotisation salaire, la cotisation économique et la cotisation sociale.'''<br><br> | ||
* '''La cotisation salaire''' : socialiser tout le salaire, y compris le salaire direct par une cotisation salaire qui se substituera à la paye par un employeur et qui garantira la sûreté du salaire à vie (actuellement, plus de 40 % du salaire total dans les cotisations sociales et la CSG est socialisé). Cette cotisation salaire assumera tout ce qui l’est aujourd’hui dans le salaire direct des salariés du privé et de la fonction publique, dans les indemnités journalières santé, maladie professionnelle, dans les pensions de retraite et dans les prestations en espèces de l’aide sociale. Cela représente environ la moitié du PIB et il faudra à terme une cotisation de cette hauteur (cela peut se faire petit à petit en commençant par exemple par un salaire à vie pour les 18-25 ans ou les 18-37 ans, et une cotisation salaire, selon le cas, de 4 % ou de 20 et quelque pour cent du PIB ; ainsi les entreprises pourront tester l’intérêt qu’il y a à cotiser plutôt qu’à payer des salaires, les caisses prendront leurs marques avant l’extension du dispositif à toute la population, les effets pervers ou induits pourront être appréciés et corrigés). | * '''La cotisation salaire''' : socialiser tout le salaire, y compris le salaire direct par une cotisation salaire qui se substituera à la paye par un employeur et qui garantira la sûreté du salaire à vie (actuellement, plus de 40 % du salaire total dans les cotisations sociales et la CSG est socialisé). Cette cotisation salaire assumera tout ce qui l’est aujourd’hui dans le salaire direct des salariés du privé et de la fonction publique, dans les indemnités journalières santé, maladie professionnelle, dans les pensions de retraite et dans les prestations en espèces de l’aide sociale. Cela représente environ la moitié du PIB et il faudra à terme une cotisation de cette hauteur (cela peut se faire petit à petit en commençant par exemple par un salaire à vie pour les 18-25 ans ou les 18-37 ans, et une cotisation salaire, selon le cas, de 4 % ou de 20 et quelque pour cent du PIB ; ainsi les entreprises pourront tester l’intérêt qu’il y a à cotiser plutôt qu’à payer des salaires, les caisses prendront leurs marques avant l’extension du dispositif à toute la population, les effets pervers ou induits pourront être appréciés et corrigés). | ||
<br> | <br> | ||
− | * '''La cotisation économique''' : aujourd’hui, l’équivalent de 20 % du PIB va à l’investissement, ce qui est très insuffisant. Si nous souhaitons le porter à 30 %, par exemple, on peut à titre d’exemple purement illustratif envisager que les entreprises conservent 15 % de leur valeur ajoutée pour de l’autofinancement et qu’une cotisation au départ de 8 % par exemple, portée par la suite à 15 %, aille à des caisses d’investissement. Une telle cotisation fiançant l’investissement sans remboursement ni taux d’intérêt permettra | + | * '''La cotisation économique''' : aujourd’hui, l’équivalent de 20 % du PIB va à l’investissement, ce qui est très insuffisant. Si nous souhaitons le porter à 30 %, par exemple, on peut à titre d’exemple purement illustratif envisager que les entreprises conservent 15 % de leur valeur ajoutée pour de l’autofinancement et qu’une cotisation au départ de 8 % par exemple, portée par la suite à 15 %, aille à des caisses d’investissement. Une telle cotisation fiançant l’investissement sans remboursement ni taux d’intérêt permettra un apprentissage du nouveau dispositif tant par les gestionnaire (administrateurs élus par les salariés, puisqu’il s’agira d’une partie socialisée du salaire) que par ses bénéficiaires : les responsables des entreprises pourront comparer, puisqu’ils pratiqueront les deux, l’intérêt respectif d’une cotisation en pourcentage de la valeur ajoutée et d’un emprunt remboursable. |
<br> | <br> | ||
* '''La cotisation sociale''' : Les 20 % restants serviront à financer la part des consommations gratuites qui ne relèvent ni du salaire ni de l’investissement (par exemple : les dépenses d’énergie ou l’achat de petit matériel d’une école ou d’un hôpital) ; l’extension de gratuité au logement, au transport, à la culture, etc. augmentera la part du PIB qui ira à cette part socialisée du salaire. | * '''La cotisation sociale''' : Les 20 % restants serviront à financer la part des consommations gratuites qui ne relèvent ni du salaire ni de l’investissement (par exemple : les dépenses d’énergie ou l’achat de petit matériel d’une école ou d’un hôpital) ; l’extension de gratuité au logement, au transport, à la culture, etc. augmentera la part du PIB qui ira à cette part socialisée du salaire. | ||
Ligne 143 : | Ligne 180 : | ||
<br><br> | <br><br> | ||
[http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/Pr%C3%A9paration_du_r%C3%A9sum%C3%A9_de_L%27enjeu_du_salaire Préparation du résumé de L'enjeu du salaire] | [http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/Pr%C3%A9paration_du_r%C3%A9sum%C3%A9_de_L%27enjeu_du_salaire Préparation du résumé de L'enjeu du salaire] | ||
+ | [[Category:Economie]] | ||
+ | [[Catégorie:Travail]] |
Version actuelle en date du 30 juin 2015 à 13:04
Titre : | L'enjeu du salaire |
---|---|
Auteur(s) : | Bernard Friot |
Résumé Court : | Consulter en PDF
Lien vers le résumé approfondi du livre "L'enjeu du salaire" de Bernard Friot
La souveraineté populaire doit être défendue. Patronat et banquiers pratiquent le chantage à l'emploi et à la dette pour réduire les droits sociaux. Les gouvernants de droite et de gauche, loin de leur résister, s'évertuent à leur envoyer des «signaux» qui les incitent à réclamer davantage. Est-il possible de briser cette soumission ? Oui, répond cet ouvrage, qui propose de porter plus loin les institutions qui sont nées des luttes pour le salaire, et dont nous faisons à grande échelle l'expérience de l'efficacité : la qualification personnelle et la cotisation. La qualification personnelle peut faire disparaître le marché du travail, à condition d'attribuer à chacun, à sa majorité, une qualification et donc un salaire. Et contre les projets de remplacer la cotisation sociale par la CSG, la TVA ou les mutuelles, il faut au contraire l'étendre en créant une cotisation économique pour un financement de l'investissement sans crédit et donc sans dette. L'enjeu du salaire, c'est la disparition du marché du travail, et donc du chantage à l'emploi, ainsi que la suppression du crédit lucratif, et donc du chantage à la dette. Ce n'est ni d'une réforme fiscale ni d'une plus grande régulation étatique que nous avons besoin, mais de plus de pouvoir populaire sur l'économie et sur le travail. La Dispute.
|
Difficulté (de lecture) : | Relativement aisée mais demande de l'attention car certains mots/concepts sont utilisés différemment, Bernard Friot les prenant volontairement dans un sens résolument nouveau. |
Pages liées : | Spécial:Pages_liées/L'enjeu du salaire |
Le résumé qui suit se veut très complet afin de permettre de mieux saisir le contenu du livre qui est un cheminement ; et qui, d'une analyse poussée de la situation actuelle capitaliste, montre l'ouverture possible vers le salaire universel et la sortie du capitalisme. La présentation sera donc constituée par une première partie avec deux colonnes qui suivront parallèlement ce cheminement sur plusieurs thèmes et chapitres du livre, puis du cœur de la proposition de Bernard Friot, et se terminera par une dernière partie relative au "faire plus" (parti socialiste) et "faire à côté" (revenu inconditionnel garanti) aussi présentée en deux colonnes. Il est important d'avertir que le cœur ne sera réellement bien appréhendé et compris qu'après la lecture de la première partie. Des fenêtres déroulantes permettront à ceux qui le souhaitent d'approfondir les différents points abordés. (pour d'autres informations revenu de base/salaire universel) Glossaire . Emploiafficher encore plus d'infos ou modifier les infos - cacher infos Construit par les conventions collectives comme poste de travail support de la qualification et du salaire, l'emploi est une institution ambivalente aujourd'hui vidée de son contenu salarial (qualification du poste remplacé par l'employabilité de son titulaire, cotisation sociale exonérée ou changée soit en solidarité nationale, soit en prévoyance par répartition), au bénéfice de sa stricte articulation au marché du travail : institution décisive du déni de la qualification des personnes réduites à la force de travail, il peut être remplacé par la qualification personnelle. afficher encore plus d'infos ou modifier les infos - cacher infos Définissant le travailleur comme porteur d'une permanente "distance à l'emploi" à réduire grâce à la formation tout au long de la vie et à l'intermédiaire du service public de l'emploi, l'employabilité est l'instrument essentiel de lutte contre la qualification, celle du poste dans l'emploi, celle de la personne dans le grade. Ses thèmes majeurs sont la "modernisation du marché du travail" et la "sécurisation des parcours professionnel". afficher encore plus d'infos ou modifier les infos - cacher infos Fonction sociale décisive dans la convention capitaliste du travail : l'employeur loue des forces de travail pour les affecter sur des postes support de la qualification, si bien qu'en embauchant ou en débauchant un salarié, il décide de sa capacité ou non de créer de la valeur économique. Ne pas confondre cette fonction qui doit disparaître avec les nécessaires fonctions d'entrepreneur, de supérieur hiérarchique. afficher encore plus d'infos ou modifier les infos - cacher infos Destin du travailleur dans la convention capitaliste du travail. La définition capitaliste de la valeur réduit les travailleurs, dans l'acte de production, à objectiver leur capacité de produire de la valeur économique dans une marchandise soumise aux aléas du marché du travail, évaluée au temps nécessaire à sa (re)production et vouée à produire des marchandises sous le joug de la valeur-travail. Un des lieux majeurs de l'aliénation au capital est la naturalisation de la force de travail comme propriété (on "a" une force de travail, c'est un "capital humain") de la personne capable de produire des valeurs d'usage. afficher encore plus d'infos ou modifier les infos - cacher infos Institution de la convention capitaliste du travail, la marchandise est certes un bien qui doit être vendue, car c'est la condition pour la récupération par le capitaliste de la survaleur apparue dans l'acte de production. Mais tous les biens et services vendus ne sont pas des marchandises parce qu'ils ne contiennent pas tous de la survaleur. Pour qu'il y ait survaleur, il faut que le produit l'ait été par une force de travail (elle-même marchandise donc) soumise à la loi de la valeur, c'est à dire contrainte de produire dans le temps de travail moyen nécessaire à la production de ce bien, c'est à dire selon les normes temporelles de compétitivité qui mesurent la productivité dans la convention capitaliste du travail. Les catégories statistiques du marchand et du non-marchand, en faisant de l'existence ou non d'un prix le critère d'une distinction, font l'impasse sur cette composante essentielle de la marchandise. afficher encore plus d'infos ou modifier les infos - cacher infos Ponction sur la valeur produite par le travail d'autrui à l'occasion de la production de marchandises par les forces de travail. Ce revenu de la propriété lucrative n'est pas à confondre avec le bénéfice, revenu du travail d'un travailleur indépendant utilisant sa propriété d'usage. afficher encore plus d'infos ou modifier les infos - cacher infos Ce sont deux notions contraires.
afficher encore plus d'infos ou modifier les infos - cacher infos Qu'il soit le rendement d'une propriété lucrative (individuelle ou collective), le forfait d'une carrière smicarde ou d'un revenu inconditionnel de base, le revenu différé d'une prévoyance par répartition, la rémunération d'un projet ou d'un chantier, le revenu est le contraire du salaire car il ignore tant la qualification que la cotisation (en tout cas à son taux normal) tout en réduisant la ressource à un pouvoir d'achat afficher encore plus d'infos ou modifier les infos - cacher infos On travaille lorsque l’activité productrice de valeur d’usage – le travail concret – se double d’une production de valeur économique – le travail abstrait – parce qu’elle s’inscrit dans une convention dans les institutions qui, par convention, ajoutent à la valeur d’usage une valeur économique.
Mais cette convention est mise à mal par la convention salariale, porteuse d'une autre mesure de la valeur et d'une autre définition du travail comme la production de valeurs d'usage par des salariés, c'est à dire des titulaires d'une qualification. afficher encore plus d'infos ou modifier les infos - cacher infos Cœur de la convention capitaliste du travail, la survaleur ou plus-value résulte de la différence entre le temps de mobilisation de la force de travail dans les conditions moyennes de productivité (valeur du produit du travail) et le temps de sa (re)production (valeur de la force de travail, salaire). Le taux de survaleur est le rapport entre la survaleur et le salaire. Mais c'est bien le taux de profit, qui rapporte la survaleur au capital avancé qui est décisif. afficher encore plus d'infos ou modifier les infos - cacher infos Ce que le langage courant désigne comme « activité » associée à « richesse » est la production de valeur d’usage par le travail dans sa dimension concrète : le travail concret met en œuvre des technologies et des savoir-faire spécifiques pour produire tel bien ou service spécifique, telle valeur d’usage donc. Le travail concret selon Bernard Friot : Les valeurs d'usage, c'est à dire les biens et services définis par ce à quoi ils servent, sont le produit du travail concret. afficher encore plus d'infos ou modifier les infos - cacher infos Ce que le langage courant désigne comme « travail » associé à « valeur » désigne l’autre dimension du travail, sa dimension abstraite de production de valeur économique. Le travail abstrait selon Bernard Friot :
afficher encore plus d'infos ou modifier les infos - cacher infos Toutes les valeurs d'usage' ne se valent pas, non par nature mais parce que les rapports sociaux en décident ainsi : tout le monde n'est pas reconnu comme producteur, tous les biens et services ne sont pas porteurs de valeur économique, toutes les activités ne sont pas productrices, toute la richesse que représentent les valeurs d'usage n'est pas reconnue comme valeur. Expression de la valeur économique, et donc des rapports de pouvoir dans une société, la monnaie n'est donc pas la simple quantification diaphane des valeurs d'usage, c'est un enjeu de pouvoir. Si dans le capitalisme, la valeur économique est la valeur d'échange, ça n'est pas parce que l'extorsion de survaleur dans la production passe par l'échange entre force de travail et salaires sur le marché du travail et entre produits et prix de vente sur le marché des produits. Dans la convention salariale, les biens continuent à être échangés, mais la valeur-travail (*voir travail abstrait) est remplacée par la qualification personnelle : la vraie valeur économique n'est plus une valeur d'échange. |
|
|
[modifier] 2.6 (Cœur du livre) Salaire universel et souveraineté populaire
L’entreprise réformatrice de réhabilitation de la convention capitaliste du travail exerce un double chantage, sur la dette et sur l’emploi, et conduit nos sociétés au chaos.
Il est temps de prendre le pouvoir sur la valeur économique, et d’en changer le sens en passant de la valeur-travail à la qualification car nous avons déjà des institutions salariales en mesure de se substituer à celles du capital.
Si l’on prend la mesure de la qualification et de la cotisation, ces institutions salariales porteuses d’une autre valeur économique que la valeur-travail, ces institutions salariales en capacité d’en finir avec la propriété lucrative, le marché de l’emploi et le crédit, alors le salaire prend une couleur singulière.
Le salaire n’est pas affaire de pouvoir d’achat et n’est pas un revenu voué à sécuriser le destin de mineurs sociaux.
La cotisation pour financer le salaire socialisé, le grade des fonctionnaires, le salaire continué des retraites, ces institutions du salaire auxquelles est déjà affecté plus du tiers du PIB peuvent être généralisées dans un PIB totalement voué au salaire socialisé, dans un salaire pour tous et pour tout : un salaire universel. Le salaire universel est le salaire pour tous à travers le droit de qualification universel et pour tout à travers l’affectation de tout le PIB (y compris la part allant à l’investissement) au salaire socialisé.
Au cœur de la révolution à faire, il n’y a non pas de régulation étatique, mais un plus fort droit politique des personnes. Ce droit politique des personnes enrichit de sa dimension économique est le fondement de la mise en œuvre de la convention salariale du travail, qui fait de la qualification, et non pas du temps de travail, la mesure de la valeur économique.
Pourquoi conserver les termes « salariat » et « salarié » alors qu’ils auront pris un sens résolument nouveau ? Par refus de figer le mot « salaire » dans ce à quoi le capitalisme tente de le réduire et parce que le salaire est l’institution dans laquelle le déni de maîtrise de la valeur économique par ses producteurs peut se transmuer en son contraire : l’affirmation de cette maîtrise.
[modifier] 2.6.1 Un droit politique attaché à la personne
L’institution du salaire universel, à savoir le fait de poser toute personne, à compter de sa majorité, comme capable de décider de la valeur économique et de la produire, a trois dimensions :
- L’attribution d’un droit politique irrévocable : dotée de la qualification, chaque personne participe à la délibération de la valeur économique et est payé à vie à compter de sa majorité.
- L’inscription de la qualification personnelle dans une carrière salariale selon les critères du travail abstrait salarial avec les supports la rendant possible.
- Le fondement de la capacité à maîtriser la valeur économique dans la maîtrise populaire de l’investissement et de la création monétaire.
La suppression de l’emploi supprimera le hors-emploi : parents au foyer, chômeurs ou retraités ont des « activités » qui aujourd’hui ne sont pas considérées comme du travail mais le seront dès lors qu’elles les exerceront dotées d’une qualification ; c'est-à-dire d’une capacité à produire de la valeur économique.
Affecter à chacun la qualification n’est pas reconnaître son utilité sociale mais c’est poser un acte révolutionnaire qui fait de chacun à la fois le maître de la valeur économique et le soutient de la qualification personnelle comme mesure de la valeur.
La dotation universelle de la qualification, en changeant la mesure de la valeur, va déployer le travail.
Financement du salaire à vie : par la cotisation. Les entreprises vont cotiser et non plus payer directement les salaires directs, comme elles le font déjà pour la Sécurité sociale. Les salaires seront payés par les caisses collectant cette cotisation.
[modifier] 2.6.2 La carrière salariale
On peut imaginer une hiérarchie de 1 à 4 avec des salaires allant de 1 500 € net mensuels à 6 000.
Tout le monde à sa majorité se voit attribué le niveau 1 de qualification et 1 500 € de salaire. Cette qualification et ce salaire sont irrévocables.
La progression du salaire se fera à l’ancienneté à l’intérieur d’un même niveau de qualification et par épreuve de qualification pour passer au niveau supérieur.
Passer des épreuves de qualification sera loisible jusqu’à la mort ; dans « l’enjeu de la retraire » il y a la proposition d’un âge légal (par exemple 60 ans) auquel chacun abandonne ses responsabilités fonctionnelles pour les laisser aux plus jeunes et éviter le risque de gérontocratie inhérent aux carrières à vie mais cela n’entraînera pas le gel de la qualification dès lors que l’intéressé sera volontaire pour passer de nouvelles épreuves (sauf si le plafond de 6000 est atteint).
Décision de la qualification et les critères : l’expérience est déjà acquise au sein de la fonction publique avec la validation des acquis de l’expérience ou la négociation des conventions collectives. Ce sera le terrain des plus fortes innovations et des plus forts conflits, puisque c’est là que concrètement se construira la définition du travail abstrait, et qu’il s’agit d’un enjeu de pouvoir décisif. Dès lors que ce n’est plus le temps de travail mais la qualification qui mesure la valeur des biens, le contenu de la qualification et sa hiérarchie deviennent les enjeux centraux de la définition de la valeur et donc des priorités dans la production des valeurs d’usage. Tout l’expérience par la négociation collective ou les jurys attribuant des grades sera nécessaire et devra être considérablement enrichie. La maîtrise de la structure des qualifications exigera un changement de l‘occasion de la création monétaire.
Qualification et résultats scolaires/certification ? : il n’y a aucun lien entre démarrage dans la qualification et diplôme. Les épreuves professionnelles de qualification qui conduiront à des niveaux supérieurs ne relèveront pas de l’école, ni dans leur contenu, ni dans les jurys ; ceci dit, compte tenu que la définition salariale du travail abstrait participera de façon décisive aux choix de priorités en matière de travail concret, et que celui-ci, qui a à voir avec la formation, se certifie dans les diplômes, il est évident que ceux-ci auront un impact sur la progression d’une personne dans la qualification.
Individualisation des salaires ? : la qualification attachée à la personne, des centaines de milliers de personnes auront le même niveau de qualification et donc le même salaire alors même que le travail concret qu’elles seront amenées à faire avec cette qualification sera d’une diversité infinie ; parce qu’elle est encore beaucoup plus transversale que la qualification des emplois, la qualification des personnes est l’obstacle majeur à l’individualisation du salaire.
Droit politique/une même qualification personnelle ? : il reste à fonder les différences de niveaux dans la production de valeur économique. Ces différences de niveaux sont essentielles, sauf à dire que toutes les valeurs d’usage se valent et que tous les producteurs de valeur d’usage se valent.
Accompagnement des personnes dans leur qualification : dès lors que l’accompagnement aura pour but de confirmer la qualification des personnes, toutes les techniques et tous les accompagnateurs trouveront leur efficacité. Entrer dans un collectif de travail, en sortir (y compris contre son gré), monter une entreprise et constituer un collectif de travail, entretenir un réseau de pairs, se former, changer de statut (de fonctionnaire à privé, de membre d’une entreprise à indépendant), changer de métier, passer des épreuves de qualification, assurer le respect de ses droits, tout cela, qui sera beaucoup plus facile et donc beaucoup plus courant qu’aujourd’hui du fait de l’horizon long qu’apportera à chacun l’irrévocabilité de son salaire, supposera un accès effectif tant aux syndicats qu’aux professionnels de l’accompagnement, dont le rôle sera accru.
[modifier] 2.6.3 La maîtrise populaire de l’investissement et de la création monétaire
Assurer la maîtrise populaire de l’investissement : par une ponction sur la valeur ajoutée qui, à hauteur de 30 % par exemple, ira au salaire socialisé pour financer l’investissement. Le crédit privé n’est pas un mal nécessaire à contenir par un crédit public mais un mal inutile à supprimer totalement. Les travailleurs sont les seuls producteurs de la valeur et c’est à eux de s’en approprier et de décider de l’affectation d’une part de celle-ci à l’investissement. On peut imaginer que, par exemple 15 % de la valeur ajoutée de chaque entreprise seront affectés à l’autofinancement de projets décidés dans l’entreprise par les salariés (en débats avec les autres collectivités territoriales ou les autres entreprises de la branche), et sur les autres 15 % feront l’objet d’une cotisation collectée par des caisses d’investissements à gestion démocratiques et à déclinaisons tant locales que sectorielles ou nationales. Ces caisses financeront les investissements des services publics et ceux du secteur marchand qui, excédant le flux de valeur ajoutée généré par l’entreprise, exigent la mutualisation de cette valeur. Toute l’activité économique doit être financée par le salaire socialisé. Cet assèchement du profit permettra la maîtrise de l’investissement et sa progression considérable, puisqu’il sera financé sans remboursement et sans taux d’intérêt. Les entreprise seront, à des niveaux et selon des formes variées, des propriétés d’usage ; aucune plus-value ne sera possible à l’occasion de leur cession, aucun dividende ne sera versé ; les entreprises ne rapporteront aucun revenu. La propriété d’usage va remplacer la propriété lucrative, et dès que le collectif sera de deux personnes elle devra être partagée. Il n’y aura plus ni employeur, ni actionnaire ni prêteurs lucratifs. Il n’y aura que des propriétaires d’usage ayant la maîtrise de l’outil de travail mais ne pouvant l’utiliser pour ponctionner une partie de la valeur créée par autrui. L’entreprise sera un collectif de qualifiés copropriétaires d’usage de l’outil de travail, avec une hiérarchie, avec des entrepreneurs, toutes fonctions inhérentes à une activité collective ; elle embauchera, licenciera ; la division technique du travail existera ainsi que la division sociale ; la coopération s’imposera entre qualifiés pour trancher les conflits : conflit sur les valeurs d’usage à produire, sur les conditions de travail, sur le devenir des personnes dans le collectif, sur le périmètre de l’entreprise et sur les coopérations interentreprises, cela donnera un rôle nouveau au syndicalisme et aux institutions délibératives du salariat.
Maîtrise et changement d’occasion de la création monétaire : créer de la monnaie est nécessaire pour anticiper la production supplémentaire de valeur économique. En dehors du crédit d’usage aux particuliers (symétrique de l’épargne d’usage) le crédit a deux objectifs :
- le premier est le prêt de la monnaie existante ponctionnée par les propriétaires lucratifs avec un rendement excédent la croissance du PIB qui sera supprimé et remplacé par la cotisation économique.
- le second est le fait de banques commerciales lorsqu’elles prêtent de l’argent au-delà de leurs dépôts (c’est de la création monétaire puisque la monnaie de banque - confirmée par la banque centrale - ainsi portée au compte de l’emprunteur, et détruite lors du remboursement du prêt, vient en supplément de la monnaie existante) ; cette création monétaire par crédit bancaire sera aussi supprimée.
Une anticipation de la valeur nouvelle cohérente avec la mesure salariale de la valeur serait de créer la monnaie à l’occasion de l’attribution des qualifications nouvelles : pour chaque cohorte à son entrée en majorité, et pour chacune et chacun des salariés lorsque au cours de leur carrière salariale ils monteront d’échelon ou franchiront un niveau de qualification.
L’institution monétaire devrait donc coopérer, de manière conflictuelle assurément, avec des institutions chargées de l’attribution des qualifications, qui elles-mêmes seront l’objet de conflits. Ce conflit d’institutions, auxquelles il faut ajouter les caisses d’investissement, les entreprises, les institutions représentatives des salariés, est gage d’une dynamique démocratique s’il est l’objet d’une régulation politique adéquate.
[modifier] 2.6.4 L’affectation de toute la valeur ajoutée au salaire universel
Le remplacement des salaires payés à l’emploi par une cotisation salaire, et du profit par une cotisation économique, va conduire à l’affectation de tout le PIB au salaire socialisé selon quatre parties dont trois en cotisations : l’autofinancement des entreprises, la cotisation salaire, la cotisation économique et la cotisation sociale.
- La cotisation salaire : socialiser tout le salaire, y compris le salaire direct par une cotisation salaire qui se substituera à la paye par un employeur et qui garantira la sûreté du salaire à vie (actuellement, plus de 40 % du salaire total dans les cotisations sociales et la CSG est socialisé). Cette cotisation salaire assumera tout ce qui l’est aujourd’hui dans le salaire direct des salariés du privé et de la fonction publique, dans les indemnités journalières santé, maladie professionnelle, dans les pensions de retraite et dans les prestations en espèces de l’aide sociale. Cela représente environ la moitié du PIB et il faudra à terme une cotisation de cette hauteur (cela peut se faire petit à petit en commençant par exemple par un salaire à vie pour les 18-25 ans ou les 18-37 ans, et une cotisation salaire, selon le cas, de 4 % ou de 20 et quelque pour cent du PIB ; ainsi les entreprises pourront tester l’intérêt qu’il y a à cotiser plutôt qu’à payer des salaires, les caisses prendront leurs marques avant l’extension du dispositif à toute la population, les effets pervers ou induits pourront être appréciés et corrigés).
- La cotisation économique : aujourd’hui, l’équivalent de 20 % du PIB va à l’investissement, ce qui est très insuffisant. Si nous souhaitons le porter à 30 %, par exemple, on peut à titre d’exemple purement illustratif envisager que les entreprises conservent 15 % de leur valeur ajoutée pour de l’autofinancement et qu’une cotisation au départ de 8 % par exemple, portée par la suite à 15 %, aille à des caisses d’investissement. Une telle cotisation fiançant l’investissement sans remboursement ni taux d’intérêt permettra un apprentissage du nouveau dispositif tant par les gestionnaire (administrateurs élus par les salariés, puisqu’il s’agira d’une partie socialisée du salaire) que par ses bénéficiaires : les responsables des entreprises pourront comparer, puisqu’ils pratiqueront les deux, l’intérêt respectif d’une cotisation en pourcentage de la valeur ajoutée et d’un emprunt remboursable.
- La cotisation sociale : Les 20 % restants serviront à financer la part des consommations gratuites qui ne relèvent ni du salaire ni de l’investissement (par exemple : les dépenses d’énergie ou l’achat de petit matériel d’une école ou d’un hôpital) ; l’extension de gratuité au logement, au transport, à la culture, etc. augmentera la part du PIB qui ira à cette part socialisée du salaire.
Affecter tout le PIB (hors autofinancement) à la cotisation, et donc au salaire socialisé, sous différentes formes est un acte politique décisif. Car non seulement la production de la valeur, mais sa propriété d’usage et son affectation doivent être le fait des salariés, c'est-à-dire du peuple souverain.
L’universalisation de la qualification passe par trois dynamiques majeures :
- Attribution à chacune et chacune d’une qualification financée par une cotisation salariale et du salaire irréversible correspondant, au premier niveau pour tous à la majorité et progressant à mesure des épreuves de qualification.
- Création d’une cotisation économique ponctionnée sur la valeur ajoutée finançant les projets d’investissements sans remboursement et sans taux d’intérêt
- Création monétaire fondée sur une autre anticipation de la production économique, sur l’anticipation de la valeur découlant des nouvelles qualifications, à l’occasion de leur attribution aux nouveaux majeurs et en cours de carrière.
|
|